Butterfield_M


J.G. (2017-12-10) Document d’André E. Bouchard pris sur: http://cadrans-solaires.scg.ulaval.ca/v08-08-04/cadraniers/butterfield.html


Les cadrans BUTTERFIELD


Prenons un cadran BUTTERFIELD et remarquons la signature sur les deux cadrans ci-dessous.

Signature de Butterfield,

Cadran Magnétique,

(Musée Stewart, à Montréal)

Signature de Butterfield,

Cadran magnétique,

(Musée des beaux-arts de Montréal)

Quelles sont les caractéristiques d'un Butterfield?

Cadran de poche, en forme d'octogone allongé avec petite boussole et style triangulaire rabattant; pour l'usage, le style est redressé dans un plan vertical et son inclinaison réglée selon la latitude du lieu,

l'index, très caractéristique, soutient le style et marque son obliquité à la fois: entre 40° et 60°,

il y a 3, 4 ou 5 tables d'heures concentriques suivant le pourtour, pour différents degrés de latitude,

les chiffres sont arabes ou romains en alternance,

au centre on peut voir une petite surface de feuillages en voluptés (enroulés en spirale),

le style monté sur charnière est orné d'un feuillage et d'un oiseau ciselés; de l'autre côté du style,

l'élévation indiquée varie de 40 à 60 degrés,

c'est le bec de l'oiseau qui indique l'élévation retenue,

une boussole, encastrée et vitrée, offre un pourtour cannelé,

et le dessous du corps et de la boussole portent les données (les latitudes) de villes.

Ces deux cadrans ont des signatures tellement différentes qu'on peut se demander s'il s'agit du même auteur.

Voici la reproduction d'un tableau montrant l'évolution des caractères d'imprimerie, depuis la mise au point, vers 1540, d'une série de caractères romains par Garamont suivie, 150 ans plus tard, d'une nouvelle série créée par Grandjean, puis modifiée par Alexandre et Luce.

Ces tables sont utiles pour voir l'évolution des lettres et des chiffres, et pour dater un document; par exemple, la forme du " S ". En minuscule, cette lettre a deux formes possibles, le s court et le S long qui ressemble à un " f ", jusqu'au début de XIXe siècle. De même, les cadrans utilisent des chiffres arabes: prenons le " 8 ", avec tête aplatie ou tête arrondie! Les symboles visuels, utilisés sur un cadran, peuvent aussi servir à situer l'époque d'un cadran non daté et présenté sans signature.

Pour voir un exemple de l'utilisation contemporaine de ces tables, je vous invite à consulter le livre fascinant de Denis VAUGEOIS, LA FIN DES ALLIANCES FRANCO-INDIENNES, Enquête sur un sauf-conduit de 1760 devenu un traité en 1990, Boréal/Les Éditions du Septentrion, 1995, p.128-0129.


Finalement, il faut aussi utiliser des ressources complémentaires, comme l'ouvrage suivant:

PEARSALL, Ronald, COLLECTING & RESTORING SCIENTIFIC INSTRUMENTS , Newton Abbot, David & Charles, 1974, 278 pages, afin de découvrir d'autres subtilités des cadrans.


Pour illustrer mon propos, et à titre d'exemple final, voici un vrai cadran, mais un FAUX Butterfield.


Regardons bien l'image du cadran, il est signé: " BUTERFIEL AParis ", avec seulement un "T" mais sans "D" à la fin du nom.

Le nom du faussaire de ce cadran ne nous est pas connu; et on ignore tout de la date de fabrication. Mais la signature suspecte permet de dater le cadran quelque part entre la fin du XVIIe siècle et 1724, l'année de la mort de Michael BUTTERFIELD, installé à Paris en 1677. Selon la Justice française, l'utilisation sans autorisation du nom de Butterfield, du temps de son vivant, aurait été une contrefaçon frauduleuse, punissable de la peine de mort... Les disciples avaient intérêt à signer leur nom, et non celui du maître...sur leurs cadrans! Pour en savoir plus sur ce cadran, il faudrait aller voir le numéro de Septembre 1988, in American Collector's Journal, un texte d'Edmund A. Fortier, intitulé A Little Brass, et reproduit dans Compendium, Vol 2 No 3, Sept. 1995, pp. 10-011, la revue trimestrielle de la North American Sundial Society.