Origine des manuscrits : a- Pierre de Rohan

    La bibliothèque de Rohan Soubise  s'est probablement formée en plusieurs étapes. Concernant plus particulièrement les manuscrits médiévaux, une part provient certainement du château du Verger, ancienne demeure du maréchal de Gyé, Pierre de Rohan.  Peu avant sa démolition, ordonnée en 1776 par le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, et qui dura près de 15 années, plusieurs manuscrits ont été apportés à Paris par la princesse de Rohan:

N° 604 : Heures d'Angers

PML 292 : Heures, 20 juin 1763

Národní knihovna České republiky, VI.D.25 : Heures : 20 juin 1763

Paris, BnF, Lat. 1391. Horae et preces Annae de Rohan

N° 4946. Le Livre de Doctrine de Jean de Meun : 1774

N° 6415. Guidonis Columnae : 14 février 1774

N° 6762. Chroniques de S. Denis : avril 1774

N° 6816. Chroniques de France : 21 avril 1779

N° 6837. Elégie sur la mort d'Anne de Bretagne = London, British Library, Stowe 584 : 14 février 1774

    Le prince et la princesse de Rohan-Guéméné avaient vendu le domaine du Verger à un gentilhomme campagnard, nommé Hoard de Boissimon. Ce dernier s'étant vanté publiquement d'avoir acquis la dépouille des Rohan, le cardinal de Rohan, à défaut des vendeurs, voulut se venger de cette forfanterie. Il requit et obtint le retrait lignager du Verger, en mai 1 771 ; et fit procéder immédiatement à la démolition du manoir familial.

    Vingt ans avant sa démolition, le château du Verger était en la possession d'un pair de France, Hercule-Mériadeck de Rohan, prince de Guemené et duc de Montbazon. A sa mort, arrivée au château de St-Maur (Touraine) le 21 décembre 1757, ses héritiers étaient sa veuve Mme Julie-Louise-Gabrielle de Rohan, et ses quatre enfants : Jules-Hercule de Rohan, prince de Rohan et de Guemené, duc de Montbazon, pair de France et brigadier des armées du roi, marié à Marie-Louise-Henriette-Jeanne de la Tourd'Auvergne, princesse de Bouillon ; Louis-Constantin de Rohan, capitaine de vaisseau du roi ; Louis-René Édouard, abbé de Rohan, et Ferdinand-Maximilien-Mériadeck de Rohan, chevalier de Malte.

    Le 7 avril 1758 et les trois jours suivants, le mobilier du Verger fut inventorié et estimé 28, 751 livres, 14 sols, 11 deniers.

    Les livres furent "prisé 84 livres par Me Pierre-Louis Dubé (1), imprimeur du clergé d'Anjou, demeurant ville d'Angers, paroisse St-Pierre" :

Cinquante-six vieux bouquins gothiques tant en papier qu'en parchemin, les fueuillets desquels sont partie rompus, qui par cette raison ne sont d'aucunes utillités que pour vendre à la livre. Cinquante de vélin avec estampes en peinture fine. 

Source = J. Denais, "Le mobilier des Rohan au château du Verger en 1757", dans Société impériale d'agriculture, sciences et arts d'Angers, Répertoire historique et archéologique de l'Anjou, publié par la Commission archéologique, année 1869, p. 147-154.

Pierre de Rohan et Françoise de Penhoet

    Pierre de Rohan, fils puîné de Louis de Rohan, 1er du nom, seigneur de Guémené, et de Marie de Montauban, seigneur de Gié-sur-Seine (cédé par le roi de Navarre au premier Guémené, vers 1400), du Verger, de Porhoët, etc., né à Mortiercrolles vers 1451, fut fait maréchal de France par Louis XI, le 11 octobre 1476, et se maintint en faveur et à la tête des armées de Charles VIII et de Louis XII, ainsi que de leurs conseils, jusqu’en 1504, époque où, poursuivi par la haine de la reine Anne de Bretagne et traîné de juridiction en juridiction, il fut privé de ses charges et de ses pensions. En effet, Louis XII étant tombé malade, Anne croyant sa mort prochaine, se disposa à retourner en Bretagne. Elle expédia ses bagages à Angers, dont le maréchal était gouverneur. Ce dernier les fit arrêter et en instruisit le roi, qui lui témoigna toute sa satisfaction de sa conduite. Mais la reine ne lui pardonna jamais, et pour se venger, elle fit instruire son procès par le Parlement de Toulouse. En 1475, il épouse Françoise de Penhouët, vicomtesse de Fronsac, qui lui apporte la terre seigneuriale de la Motte-Glain que devait conserver pour quelque temps les Rohan. Le maréchal de Gié perdit sa femme d’assez bonne heure (1497), et se remaria avec Marguerite d’Armagnac, fille aînée de Jacques, duc de Nemours ; il mourut lui-même à Paris, dans le palais des Tournelles, que le roi lui avait donné à vie, le 22 avril 1513. Son corps fut ensuite apporté au Verger, inhumé dans l’église de Sainte-Croix, proche de son château, au milieu du chœur, sous un magnifique mausolée où sa statue de marbre blanc le représentait au naturel avec son collier de l’ordre de saint Michel. Cette église du prieuré de Sainte-Croix-du-Verger, en Anjou, il l’avait fait bâtir peu de temps après avoir acquis, le 9 mars 1482, le vieux castel du Verger, sis en la paroisse de Seiches, résidence qui par ses soins et ses larges dépenses devint bientôt la plus imposante du pays. Il portait de gueules à neuf macles d’or posées trois, trois et trois. Sa vie a été particulièrement étudiée par M. De Maulde, Collection des docuùents inédits. Procédures du règne de Louis XII, Paris, 1886, in-4°.  

Signature de Pierre de Rohan. Paris, Bibliothèque nationale de France, Fr. 20486, f. 16. Gallica

    Devise de Pierre de Rohan : Dieu gard de mal le Pèlerin

    Le 21 janvier 1475 fut fait à la tour Neuve le traité de mariage entre Pierre de Rohan seigneur de Gié et Françoise de Penhoet fille unique et seule héritière de Guillaume de Penhoet, vicomte de Fronsac. Ce mariage fut consenti par Pierre de Penhoet, archidiacre de Ploecastel, oncle et curateur de ladite demoiselle, Olivier de Coetmen, François Angier, seigneur du Plessis Angier et de Montrelais, Louis de la Forêt, François de Lesquelen, Jean de Lesquelen, Gilles du Mas et François de Coeaux, parents et amis de Françoise de Penhoet (Dom Morice, Preuves, III)

Feue noble et puissante dame ... natifve du pays et duché de Bretaigne en son vivant femme de Monsieur .... seigneur du Verger prèz Angers décéda de ce monde en l'autre le vendredy dix neuvième jour de may l'an 1497 et le lundy ensuivant fut ensépulturée en l'église du prieuré dudit lieu du château du Verger 

Veuë et perspectiue du chasteau du Verger en Aniou, demeure ordinaire des princes de Rohan-Guemené (1657)

Pierre de Rohan

Françoise de Penhoet

Manuscrits de Pierre de Rohan

Chantilly, Musée Condé 347 (731)

L'Arbre des Batailles, d'Honoré Bouvet. "Les cérémonies et ordonnances qui appartiennent à gage de bataille".

Au f. 197, note du XVIe s. , déchirée et inachevée : "Ce presant livre est ... de soubziné ... Blaye sur la mer ... entre les mains d'Oudet // d'Aydit* par Monsr le marchal de Gié lieutenant pour le roy en ceste partie, le ..."

* Odet d'Aydie "le jeune" (1455-1534), devenu par son mariage en 1483 Odet d'Aydie de Ribérac, vicomte d'Espeluche et de Turenne, seigneur de Ribérac du chef de sa femme Anne de Pons, fille de Guy de Pons, seigneur de Ribérac et de Bergerac, vicomte de Turenne était chevalier de Lescun,  sénéchal de Carcassonne de 1480 à 1487.

Catalogue Chantilly, I, 1900, p. 285-286.

Manuscrits datés, I, 1959, p. 27.

Note

(1) Imprimeur-libraire ; imprimeur de monseigneur l'évêque et de l'université ; imprimeur du clergé d'Anjou (1755). Né en 1712, Fils d'un marchand enjoliveur de chapeaux d'Angers ; en apprentissage d'imprimeur à La Flèche en 1731-1732. Cousin de l'imprimeur angevin Olivier II Avril, dont il épouse la fille en mai 1735. Succède à la veuve d'Olivier Avril ; établi officiellement imprimeur par arrêt du Conseil en fév. 1745, il commence à publier sous son nom dès avant 1738. Capitaine d'une compagnie de la milice bourgeoise d'Angers. Dit âgé de 52 ans lors de l'enquête de 1764 et de 64 ans à son décès (déc. 1776)

[ autorités SUDOC ]

20 juin 1490 : Institutio couventus viridarii facta fuit 20 mensis junii 1490 Fr Petrus Blondel primus prior fol 232 (BnF, BM 73D, extrait des archives du couvent de Sainte Croix du Verger)

Biblio 

Pierre de Rohan et le " domaine de Saint-Jacques " à L'hôtellerie-de-Flée (Mayenne, c. Segré)