dettey(saône-et-loire)

DETTEY

(Saône-et-Loire)

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- Cartes IGN 2826 est Toulon-sur-Arroux (et en bordure, 2825 est Autun)

Accès :

    • depuis Étant-sur-Arroux (14,5 km) prendre la D944 direction Toulon-sur-Arroux. Au bout de 10 km, tourner à gauche pour prendre le chemin rural portant la direction « Dettey », étroit mais très carrossable et particulièrement agréable pour rouler lentement. On peut aussi venir d’Etang par Mesvres, la Chapelle-sous-Uchon, Uchon, la Tagnière : c’est un véritable circuit touristique un peu plus long.

    • Depuis Luzy (21 km), prendre la D228, direction Chabonnat (qui devient en Saône-et-Loire la D47) et à Charbonnat prendre le chemin rural portant l’indication « Dettey ». Il traverse la D994 et rejoint le chemin précédemment décrit au lieu-dit « Chanteloup ».

La commune s’élève, depuis la vallée de l’Arroux, jusqu’à un plateau sommital granitique formant la bordure du massif d’Uchon. C’est là que se trouve le bourg.

Son église se dresse au milieu du village, sur une longue place à l’emplacement de l’ancien cimetière. Petite église romane de la seconde moitié du XIe siècle, placée sous le vocable de Saint Martin, elle se compose d’une nef de plan rectangulaire, sans aucun décor extérieur, d’une travée un peu plus étroite sous le clocher, fermée par une petite abside semi circulaire.

L’ancienneté de la nef se reconnaît aux ouvertures étroites, en forme de meurtrières, ébrasées à l’intérieur ; les ouvertures plus larges ont été percées ultérieurement pour améliorer la luminosité de l’édifice. La travée de chœur, voûtée d’arêtes, s’ouvre sur la nef et sur l’abside par deux arcs plein cintre. L’abside en cul de four est ornée d’arcatures aveugles en plein cintre séparées par des colonnettes surmontées de chapiteaux. Extérieurement, le clocher massif, de plan quadrangulaire, est éclairé sur deux faces par des baies géminées et sur deux faces par de simples baies. Il est surmonté d’un toit à quatre pans, couvert d’ardoises, comme la nef. L’abside est couverte de tuiles canal, et bordée d’une corniche à modillons dont certains sont sculptés.

Le mobilier comporte des pièces intéressantes :

- un groupe sculpté, en bois polychrome, représentant Saint Martin à cheval partageant son manteau avec un mendiant, œuvre du XVIe siècle.

- Saint Hubert, en bois polychrome, vêtu d’un habit de chasseur et portant la corne de chasse, avec un petit chien à ses pieds, XVIIe siècle (ISMH)

On peut voir également une Vierge avec l’Enfant, XVIIIe siècle.

Autour de l’église, le bourg est composé de maisons assez typiques de l’habitat rural villageois du XVIIIe siècle, maisons trapues, appareillées en granit, comme l’ancien presbytère, l’auberge, le gîte rural.

Dettey est également célèbre par son chaos. A 500 mètres à vol d’oiseau au nord-ouest du bourg, en prenant le chemin qui sort du bourg côté ouest, puis celui qui part vers le nord en direction de Saint-Nizier-sur-Arroux, on rencontre, à deux cents mètres à droite et en contrebas, un amas de roches granitiques. C’est la « Pierre croule », masse ayant environ quinze mètres de tour et deux à trois mètres de hauteur. Elle repose par deux pivots sur un socle de 15 m de long, 3,50 m de large et 90 cm de haut. Elle était censée « crouler » dans les temps anciens, c'est-à-dire qu’on pouvait lui imprimer un léger balancement par simple pression manuelle. C’est la légende commune à bon nombre de ces rochers. Les pierres qui croulent ou qui virent ne sont pas rares en France, mais cette curieuse faculté a généralement disparu, comme à Dettey.

A trente mètres de la « Pierre Croule » s’élève le monument capital de la région, le « Bonnet du Diable ». Il s’agit d’une masse rocheuse à plusieurs assises : sur un grand soubassement presque cubique de 5 m de côté est posé un second rocher qui affecte, vu d’en bas, la silhouette d’un buste colossal coiffé d’un chapeau, la face tournée vers le village. Ce « bonnet » est strié de rainures profondes et parallèles, évoquant les traces de griffes gigantesques. On trouve la même association d’une « pierre qui croule », voisine de « griffes du diable », à moins d’une dizaine de kilomètres, dans le même massif granitique, à la limite des communes de la Tagnière et d’Uchon.

Le « bonnet » et les « griffes » du diable de Dettey ont leur légende : dans des temps très anciens, un maître maçon avait traité avec le seigneur de la région la construction du pont de Toulon-sur-Arroux, à un prix très intéressant, mais dans des délais très brefs. Il se rendit vite compte qu’il ne pourrait pas parvenir à honorer ses engagements. C’est alors que Satan vint lui offrir son aide. Il s’engagea à terminer le travail au jour fixé, avant le chant du coq. En paiement, il réclamait simplement la fille du maçon en mariage. Sitôt le marché conclu, le maçon fut rongé de remords, d’autant que sa pauvre fille pleurait jour et nuit. Cependant, le travail avançait rapidement. Chaque nuit, le diable et ses aides infernaux détachaient des blocs de granit de la montagne et les apportaient sur les rives de l’Arroux. Enfin, arriva la veille du jour fixé pour terme. Il ne manquait que la clef de voûte de la dernière arche. La pierre qui s’adapterait juste à cette place se trouvait à Uchon. Le diable s’y dirigea dès la tombée du jour. Il détacha de la masse le morceau désiré, le saisit entre ses griffes et se disposa à prendre son essor pour Toulon. Pendant ce temps, la fille du maçon, stimulée par la peur, ne restait pas inactive. Elle avait eu l’ingéniosité de s’emparer du coq de la basse-cour et elle s’arrangea pour le faire chanter avant l’heure fatidique. A son chant, le diable, fou de rage, laissa tomber la pierre. Il se trouvait au dessus de Dettey. La pierre conserva la trace de ses griffes. Le maçon put rendre le travail terminé et conserva sa fille.

Cette légende du diable constructeur de pont n’est pas exceptionnelle. Elle se retrouve presque dans les mêmes termes, dans maintes régions de France. Elle doit donc avoir partout une origine commune, à rechercher sans doute dans les épisodes de la difficile christianisation des campagnes et de la lutte contre le paganisme. Il faut remarquer qu’à Dettey se trouvait une fontaine Saint-Martin, ce Saint Martin qui chassait les « idoles » des campagnes gauloises, et qui, de plus, était le patron de la paroisse.

En continuant à descendre la route de Saint-Nizier-sur-Arroux, après avoir dépassé la « Pierre Croule » et le « Bonnet du diable », on rencontre un lieu dit « Les Bonneaux ». On voit sur la gauche du chemin, dans un pré, une vieille fontaine en pierre, avec bassin et tête sculptée. Elle nous rappelle qu’au XVe siècle, le hameau se nommait « Bonnes Eaux ». Sans doute, à cette époque, la fontaine devait-elle avoir une grande réputation dans les environs.

Au terme de la commune, juste avant d’arriver à la D944, Dettey est limité vers le nord-ouest par l’ancienne voie romaine d’Autun à Toulon-sur-Arroux. Près de la D47, elle forme la digue de l’ancien étang de Parpanat. Au milieu de cet étang se dresse une motte circulaire d’environ quarante mètres de diamètre et cinq mètres de hauteur. Cette motte servait de base à une forteresse occupée jusqu’au XIVe siècle.

Le château de Valveron, à 1 km 500 au sud-ouest du bourg, est bâti au fond d’un vallon très isolé. Certains éléments de la construction, les tours cylindriques, rappellent la fin du Moyen Age, mais l’ensemble a été très remanié et restauré à la fin du XIXe siècle.

© Roland Niaux, 09 février 1994

Publication électronique : 2006-2007