Les 5 minutes de Sophie Sffar

Comment réagiriez-vous si en rentrant à votre appartement vous découvriez que quelqu’un l’occupe à votre place ? Et comment réagiriez-vous si cette personne était votre double mais en mieux ? Voici la découverte que fit Sophie Sffar un soir en rentrant chez elle.

En suivant Sophie Sffar nous embarquons dans une quête sur nos idoles et notre manière de nous représenter face au monde. Une définition de soi à travers le regard des autres. Une quête de soit dans un frigo trop grand.


Extrait.

Scène 1.

Je n’ai jamais aimé l’été.

La seule chose que j’aime à cette période c’est de me lever tôt et ouvrir les volets alors que la rue n’est pas encore habitée. Il y a une odeur ; l’odeur du monde qui n’a pas encore commencé.

La nuit en été je ne dors pas. J’ai trop chaud. Je transpire. Le draps qui collent à la peau. Je ne peux pas dormir sans draps. Je sors de mon lit. Je marche dans l’appartement sans allumer la lumière. Je vais jusqu’à la cuisine. Le frigo. J’ouvre la porte. Je ne touche pas à la crème au chocolat. Je laisse la porte ouverte, et je m’assois en regardant le supermarché miniature.

Il faisait chaud. Je n’avais pas envie que la soirée se finisse ; que la nuit passe ; que le jour se lève et que le monde commence, encore. Encore. Encore. Encore. En plus on est dimanche soir.

Le téléphone sonne sur le thème de Pin colada Song.

Ma lionne ? …. Comment tu vas ? … Je viens juste de rentrer ! … Il est 18h32 ! Et là-bas, il est quelle heure ? … Il fait quel temps ? Chaud, humide à t’en coller le débardeur ? … Non ici ma pauvre il pleut, hier soir il a fait très chaud …. Je suis si prévisible que ça ? … ça devient une sorte de rituel ! Heureusement que mes voisins ne me voient pas, ils me prendraient pour une folle ! (Je me mets à rire comme une poufiasse).

Je ne parlais plus. Enfin je ne pouvais plus parler.

Monson parlait dans le vide. Je ne pouvais plus l’entendre.

Mon regard était figé. Fixé sur le loquet de la porte.

Il n’était plus là ! Tout va très … trop vite dans ma tête.

La porte avait été forcée. Je n’avais pas fait attention en rentrant. J’étais sûrement dans mes pensées. Le loquet de la porte n’était plus là ! Ils étaient entrés. La porte avait été forcée. Ils ont pris quoi ? Tout ! Rien !

Je n’ai rien.

Le loquet de la porte n’était plus là !

La porte avait été forcée.

Quand je suis rentrée je pensais (au pluriel). Je pense trop. Je n’ai pas fait attention que la porte … le loquet … n’était plus …