C'était un soir divers

Au commencement il y avait Roland Barthes. Ou plutôt, au commencement des relations amoureuses contemporaines, il y avait Fragments d'un discours amoureux. C’est une volonté d’interroger sur l’évolution des rapports amoureux et sexuels dans une société qui se globalise et s’accélère.

C’est une traversée hallucinée d’un Londres hyper-modern que retrace C’était un soir Divers.

Une écriture sous contrainte. Une galerie de personnages prenant chacun possession d’un chapitre du livre de Barthes et cherchant à l’interroger par leur vécu.

C'est avant tout l'histoire de gens qui veulent exister aux yeux des autres. C'est l'histoire de gens qui veulent faire semblant d'aimer pour faire comme les autres, alors qu'ils n'ont pas compris qu'ils sont naturellement extraordinaires pour exister comme ils sont. Et si le fait divers n'était qu'une excuse pour parler de ces inconnus ?

Extrait.

Scène 1, Acte I

« La scène se passe dans une chambre d'hôtel. Une femme est assise sur un lit dans une chambre d’hôtel. Le lit est défait, l'acte vient d'avoir lieu, lui est assis sur une chaise il referme son pantalon, il ne considère pas la femme. Elle fume, elle semble se remettre de l’événement. Elle se lève, va vers la fenêtre, ouvre les rideaux, elle regarde à l’extérieur.

-Hallma : Dieux que cette ville me déprime. L'homme ne semble pas l'entendre, elle se tourne vers l'homme qui continue à se rhabiller.

-Hallma : Et dire qu'on est dans un des plus beaux hôtels de la ville et ce vacarme nous prend la tête. (L'homme se lève et lui tourne le dos) J'aimais bien Last chance street avant leur idée de rénovation ; c'est tellement cosmopolite. (Il ferme sa chemise) Il paraît même que les clients du Monky Market préfèrent aller sur Memory street pour faire leurs courses au lieu de changer de trottoir toutes les deux secondes pour éviter un trou dans la chaussée.

-Boris : (il met ses chaussures) Vous avez une brosse ?

-Hallma: (surprit elle répond sèchement) Non ! … Avant j'aimais bien cette rue, avec ma mère on allait chez Midel's, on avait l'impression d’être riche pour une fois, et après on passait chez Candy kiss, on prenait toujours la même chose : deux brioches sucrées. Vous travaillez dans quoi ? (Boris est trop impliqué à brosser ses chaussures avec la manche de sa chemise) Laissez-moi deviner vous êtes un homme comme les autres, qui a une vie normale, avec un salaire suffisant pour vous vider les couilles de temps en temps. (L'homme met sa veste, Hallma se rend compte qu'il ne l'écoute pas) Et j'ai une collection de MST entre les jambes ?

-Boris : (il se retourne, il est à la fois énervé et dépassé par les propos de la femme) Madame, oui, moi aussi j'ai le cafard à chaque fois que je regarde cette foutue ville. Oui je sais que l'on est dans un des plus beaux hôtels de la ville et le plus cher aussi car c'est moi qui vous ai payé la chambre. Non je n'aime pas cette rue, car oui je suis un snob et les lieux populaires ne sont que dégoût pour moi.