TRAIN SOUTERRAIN 

Coordination et projet éditorial : Elio Scintu


L’histoire de la revue Train Souterrain a commencé il y a deux ans, pendant lesquels nous avons réalisé 14 numéros, à une moyenne de 75 exemplaires pour chaque numéro, pour un nombre de pages qui est passé de 50 à 125 pages. La revue est imprimée sur papier de bonne qualité, souvent papier recyclé, et elle est distribuée gratuitement dans des lieux de culture ou à travers la toile de collaborateurs de la revue.

Pourquoi gratuite ?

La revue est faite d'un collage de citations et extraits, quelques rares textes écrits par la rédaction, le tout choisi pour parler d'un nouveau monde, meilleur que celui dans lequel nous sommes nés, et des expériences et réflexions d'individus qui travaillent à ce nouveau monde. Ces individus sont de tout genre : militants, artistes, chercheurs, professionnels, amateurs, etc. Souvent ces individus partent d'une position d'oppression ou de discrimination, ont des origines métisses, des expériences transversales, et c'est grâce à leur regard plein de besoin, urgence et refus que des perspectives nouvelles s'ouvrent. Il ne s'agit pas d'alimenter une position d'opposition, souvent nos reportages mettent en lumière des initiatives de création, qu'il s'agisse de création par la matière comme dans l’artisanat, ou sociale comme pour des lieux ou temps de rencontres, ou d’ analyses qui deviennent découvertes. Mais cela sans jamais oublier les motivations qui poussent les individus à ces initiatives.
La revue elle-même demande à être une expérience transversale, un lieu de rencontre pour contributeurs et lecteurs, une base dans laquelle pouvoir expérimenter de nouvelles façons de se retrouver, et de communiquer sur soi-même et sur le monde. C'est dans ce sens que la gratuité est importante, elle est pour beaucoup de lecteurs une découverte qui ne demande pas d'engagement. Nous vivons tellement dans un système dans lequel tout est régi par un échange entre temps et argent, qu'on a du mal a se mettre dans un autre ordre d'idées, même si c'est pour un projet qui prendre seulement une petite partie de notre temps.

Pour le moment cela est possible, l'association La Lanterne peut financier la revue grâce aux cotisations d’adhésion et de soutien. Ne pas se restreindre dans un petit rapport de défraiement de la part des lecteurs peut laisser la place à quelque chose de beaucoup plus grand et intéressant à découvrir, la possibilité de percevoir quelque chose d'inattendu, c’est-à-dire prendre conscience, et non percevoir un payement, encaisser. Il s'agit aussi de souligner le point de non-retour auquel nous somme arrivés, et le besoin impératif d’agir différemment maintenant et tout de suite.

Pourquoi éditer nous-mêmes en impression manuelle ?

À partir du numéro 15 nous allons imprimer nous-mêmes la revue. Ce choix provient du besoin de quitter le monde de l'impression dans lequel la revue a passé ses deux premières années. C’était un compromis, avec des imprimeurs installés sur internet, avec des tentacules dans toute l'Europe, qui proposent des prix très abordables grâce au déséquilibre du prix de la main d’œuvre entre un pays et l'autre, selon des jeux de production et consommation auxquels nous n'aimons pas participer. L'alternative pouvait être un produit réalisé localement, peut-être même vert et écoresponsable, mais à un coût de production qui nous aurait obligé à rentrer dans un rapport commercial qui ne convient pas à notre projet initial. Donc, pour un faible coût gérable par nos petites finances, nous avons décidé d'investir dans la location d'un duplicopieur Riso, de le combiner à notre expérience avec la sérigraphie, la reliure à la main, et de faire nous-mêmes. Cela présente des contraintes : plus de temps de fabrication, peut-être moins d'exemplaires réalisées, mais une complète liberté d'initiative et une expérience vécue en toute autonomie. C'est un pas dans l'inconnu, mais aussi peut- être vers cette prise de conscience évoquée plus haut !