Texte de
Jeanine Rivais :
Si, si, les sculptures de SYLVIANE TONDINE sont toutes figuratives, et toutes
humanoïdes ! Seulement, aucune n'est réaliste ! Toutes sont stylisées !
Et en terre blanche, ce qui rend encore plus étroite la concordance avec
l'environnement, et vu le poli du matériau, crée avec elles une intimité, un plaisir à
suivre leurs replis chauds et soyeux, poser le regard sur leurs rondeurs...
Chacun sait que styliser une œuvre, c'est la représenter en régularisant,
simplifiant ses formes, en la réduisant à ses caractères les plus typiques ou en
lui donnant une configuration schématique, conventionnelle, à des fins
décoratives, esthétiques…
C'est faire ressortir les lignes principales en estompant les détails.
Donner à cette œuvre une expression concise, une portée universelle
en se limitant aux traits essentiels, en évitant la subjectivité, le lyrisme.
Dégager en somme les valeurs primordiales.
C'est bien ce que fait Sylviane Tondine
pour ses sculptures dont chacune semble être une ébauche, une épure.
Cette artiste sait que travailler la terre, c'est tenter d'en découvrir l'esprit,
qu'il lui faut apprivoiser le matériau et non le blesser
et que plus elle "sentira" la forme que porte la terre
plus il lui sera facile d'en tirer la forme qu'elle porte en elle-même
Elle sait donc à merveille générer l'ovalité d'une tête,
poursuivre sans interruption sur le cou qui va s'élargissant vers la poitrine,
continue en s'assurant que les hanches et les fesses plantureuses
vont se prolonger par les membres inférieurs.
Tout cela sans aucun trait de visage, aucun pli du corps,
aucune pliure de membres, seulement des lignes. Un contour.
Elle a compris depuis longtemps que le volume ne façonne pas seulement l'œuvre,
qu'il lui faut aussi l'espace vide.
Qu'il y a une interaction incontournable entre un volume
et l'espace qu'il dessine autour de lui.
Parfois, pourtant, Sylviane Tondine quitte ses sculptures ainsi lovées pour
leur conférer une attitude "debout".
Elles se dressent alors, avec leur silhouette fluide et la représentation nette
la tête légèrement penchée vers l'avant, les bras étant également tendus.
Parce que toutes les caractéristiques originelles sont conservées,
tout se passe comme si chaque œuvre s'était soudain dépliée.
L'artiste sait que lovées ou verticales, son travail est étroitement lié
au rapport de l'ombre et de la lumière.
Il lui faut sculpter l'ombre en même temps qu'elle joue de ses pleins,
concrétiser l'harmonie entre les formes découpées et les espaces qui les
entourent.
C'est en assumant cette démarche, que Sylviane Tondine a créé des
œuvres sensuelles, que la main a envie de caresser.
Car le visiteur est forcément touché par leur beauté,
leur mélange de sensibilité, d'apparente spontanéité, leur intemporalité,
donc leur universalité.
Texte de
Jeanine Rivais