Biographie



Théodore Charles Balké est né le 29 avril 1875 à Faulquemont dans le département de la Moselle, (Falkenberg entre 1871-1918). 

Il est le fils de Marguerite Gry et de Charles Auguste Balké militaire, qui décède peu de temps après sa naissance et c'est seule que sa mère l'élève.
Placé à l'internat du collège de Colmar, le jeune Théo qui jusqu'alors ne parle que le français doit apprendre la langue allemande.


Tout juste sorti de l'école Normale de Colmar, le jeune instituteur de langue allemande et organiste, est en âge d'être appelé sous les drapeaux du Kaiser. 

Il se soustrait à ses obligations et fuit, traverse le Rhin à la nage pour se rendre en France. 

Un temps élève de Bonnevay et de Gustave Surand, il parcourt ensuite les routes de France, de Suisse et d'Italie jusqu'à Florence où il y étudie les techniques de la peinture pendant 4 ans .


Autoportrait - 1939 - fusain -  
Musée-Galerie Carnot, Villeneuve-sur-Yonne.

Souk de Tunis - 1912 - huile sur toile - collection privée.


En 1899 il s'embarque pour la Tunisie, s'installe au 9 de la rue Sidi-Zahmoul à Tunis, ouvre un atelier et « travaille comme un mulet » selon sa propre expression, pour vivre de sa peinture. 

Inscrit à l'Institut de Carthage , il exposera au Salon Tunisien en 1911 et 1912 où il présente entre autres le souk de Tunis, des vues du belvédère et de Sidi Bou Saïd.



En 1914 à 39 ans, considéré comme déserteur par les autorités allemandes, il s'engage comme simple soldat de deuxième classe dans la Légion Étrangère au 4ème régiment de Zouaves, pour venir combattre en France qu'il considère comme sa patrie. 

Il participe aux affrontements d'Ypres (il consacrera d'ailleurs une huile sur panneau au bombardement des halles d'Ypres), de la Cote 304, sur les hauteurs du Mort-Homme, à Verdun, etc...


En 1916, lors d'une permission à Aix-les-Bains, il rencontre celle qui deviendra sa muse jusqu'à la fin de sa vie : Annette Chevassus-Gravier née le 3 mai 1882 à Paris et dont le mari possède des terres et un château au Val Saint-Étienne près de Véron, dans le département de l'Yonne. Elle pose pour Théo et devient sa marraine de guerre.




En 1917, nommé officier de liaison, il se rend à Salonique avec le corps expéditionnaire de l'armée du Général Sarrail. Salonique, porte de l'empire Byzantin et marchepied de la Montagne Sacrée de l'Athos.  Il se rendra de dans cette dernière missionné par les armées pour documentations artistiques, de décembre 1917 à mars 1918. 

Il réalisera par la suite grâce à cette documentation, une série de 52 aquarelles et de nombreuses toiles.


Le peintre Balké (1916)

Le monastère Iviron Ali Agra - Mont Athos - 1919 -aquarelle
Dépôt Michèle Sutter, Musée-Galerie Carnot, Villeneuve-sur-Yonne 


Promu au grade de Sous-Lieutenant du 4ème régiment d'infanterie coloniale le 18 Avril 1920, il est affecté au régiment d'infanterie coloniale du Maroc (Journal officiel du 7 oct 1924) enfin il est démobilisé après avoir été affecté au G.Q.G de l'armée d'Orient. Balké est décoré de la Croix d'engagé Volontaire, de la Croix de Guerre avec citation et de la Médaille de Salonique.

De retour à la vie civile, il épouse le 18 décembre 1920 à Paris sa muse Annette (tout juste divorcée, le 12 mars de la même année). Ils résident un temps à Paris dans le 14ème arrondissement.

En janvier 1920, six des aquarelles de la série du Mont Athos sont exposées chez Mrs Heffer & Son 19, Sydney street à Cambridge en Grande-Bretagne.

En 1920 et 1921, Théodore Balké expose au Salon de la Société des artistes Français.

En 1922, Annette et Théodore s'installent définitivement dans l'Yonne. D'abord à Fontaine, un hameau de Saint-Valérien, puis à Sens en 1927 dans son atelier 2 bis rue de la Bertauche et enfin en 1929, à Villeneuve-sur-Yonne, en premier au 10 de la rue Carnot puis au 4 faubourg Saint-Savinien (avenue Charles de Gaulle aujourd’hui) où il demeurera jusqu’à sa mort.

Le 29 avril 1925 par décret du Président de la République Gaston Doumergue, Théodore Charles Balké est naturalisé français en raison de son engagement pour la nation.

Extrait du catalogue du Salon 1920.

Portrait d'Annette - 1917 - huile sur toile - collection privée.

Balké devant son magasin, 10 rue Carnot, à Villeneuve-sur-Yonne.

Figure légendaire de Villeneuve-sur-Yonne et quelque peu originale, il se promène avec sa chéchia sur la tête et sa blouse blanche flottant au vent

On le trouve affairé à peindre la ville et ses alentours, ou avec ses amis Émile Peynot (1850-1932) célèbre sculpteur natif de la ville, Georges Bolnat (1888-1943) l'archéologue ou du Chanoine Horson (1846-1939) auteur d'une « Notice historique et description de Villeneuve-sur-Yonne ».  

Mélomane, sur son piano il composera des mélodies pour accompagner les poèmes d'Émile Peynot revenu terminer ses jours à Villeneuve. 


En 1929, à Paris lors de l'exposition annuelle de la Société Nationale des Beaux-Arts, dont il est devenu sociétaire et qui accueille Kees Van Dongen, Théodore Charles Balké expose une de ses toiles dans un des salons.

En 1934, il est admis comme sociétaire de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne.

En 1935, à la Xème Exposition des Beaux-Arts du Gâtinais à Montargis, département du Loiret, il présente pas moins de seize œuvres.

En 1939, à 64 ans, il s'engage de nouveau au moment des hostilités. Lieutenant de réserve, il est affecté au dépôt de munition d'Auxerre dans l'Yonne puis à Marseille où il sera démobilisé.


La Tour Bonneville de Villeneuve sur Yonne - 1930-
huile sur toile - collection privée.

La tour Bonneville sous la neige - sans date -  aquarelle sur papier grainé
Don Raoul Foin,  Musée-Galerie Carnot, Villeneuve-sur-Yonne 




Tout au long de ces années, il aura été qualifié « d'artiste laborieux plein de conscience »1, « citoyen invétéré et d'artiste du terroir, de merveilleux coloriste »2 ou encore de « propagandiste du tourisme du département de l'Yonne »3

Il meurt à Villeneuve-sur-Yonne, le 11 janvier 1951, des suites d'une phlébite.

    




1 - La Tunisie Illustrée - Novembre 1912 

2 - Le Bourguignon  - Mars 1933 

3 - Le Bourguignon  - Juillet 1930



Biographie rédigée par Mme M. Sutter petite nièce de l’artiste  et mise à jour en 2024 avec le concours M. Ch. Bougeault .