"Spitfire" IX # MK 324 Squadron 453 RAAF Ligescourt

Le Sgt R.E Yarra -à gauche- (pilote du Spitfire MK 324) décédé en mission le 14 Avril 1944 photographié avec son frère le F/Lt Jack Yarra décédé en mission le 10 Décembre 1942. Ils appartenaient tous les deux au 453 Squadron de la RAAF

Spitfire avec bombe en attente de fixation

Photo de Peter Arnold

Spitfire avec la bombe embarquée

Photo de Peter Arnold

La recherche et la découverte du Spitfire Mk IX, MK324


Le Vendredi 14 avril 1944 les "Spitfire" IX des Squadrons 602 et 453 de la RAF attaquaient en piqué le Ski-Site de lancement de V-1 de Ligescourt dès 12h58, protégés par les “Spitfire IX" du Squadron 132. Le célèbre as français aux 33 victoires de la RAF, Pierre Clostermann, volant parmi les avions du Squadron 602, participait à la première attaque, les avions du Squadron 453 attaquant en second. Au cours de ce Dive bombing, de cette attaque en piqué de 2400 à 1200 mètres d'altitude, le "Spitfire" IX # MK 324 du F/Lt RE Yarra du Squadron 453 de la Royal Australian Air Force (intégrée à la RAF) fut atteint par les obus de la DCA lègère type 20 mm ou 37 mm et se désintégra dans les airs avant de s”écraser sur le sol. Le F/Lt Yarra perdit la vie dans cette tragique attaque et fut inhumé par les militaires allemands dans le cimetière d'AbbevilIe. Un ami de Pierre Ben, Philippe Leconte, originaire de ce village de Ligescourt, lui avait raconté qu'il se souvenait d'un avion qui s`étalt écrasé. sur le territoire de son village alors qu'il n'était encore âgé que de 9 ans. Sur la demande de Pierre, Philippe Leconte se rendit à Ligescourt pour retrouver un témoin. Ce dernier se nommait Paul Wallon. Les parents de celui-ci cultivaient à cette époque cette parcelle où l' avion s`était écrasé.


Le 27 mars 2010, Pierre Ben et Ghislain Lobel, prenaient contact avec Paul Wallon qui leur indiqua le lieu du crash. L'information était très précise car le site de l'impact de l'avion fut localisé avec certitude. Une deuxième reconnaissance effectuée par Pierre Ben, Ghislain Lobel et leurs amis eut lieu le 3 avril et après avoir creusé a la bêche à environ 80 cm de profondeur, ces derniers trouvèrent quelques fragments d”aluminium, un morceau de plexiglass, la façade de l'ampèremètre et surtout une boucle de ceinture de harnais.


Ce matin du Samedi 25 septembre 2010, nous sommes ainsi allés, comme prévu, chercher après les restes de ce chasseur anglais tombé juste au Nord de la base de lancement de V-1 de Ligescourt, au Nord de Crécy-en-Ponthieu se trouvant dans le bois de Saint-Saulve. Sur place se trouvaient ce matin : Pierre Ben, Ghislain Lobel, Albert Berthet, Alain Boutté, son fils, Nelly et son chien Albane, Amadée de Francqueville, Jean-Jacques Brard, Jacky Faudé, François Spalleti, voisin photographe de Guy Troché et son épouse (Guy n'étant pas venu parce que cette recherche était trop matinale), Philippe Leconte, Jean-Michel Goyat spécialiste des Messerschmitt... Jackie Ducellier et moi-même Jean-Pierre Ducellier. Temps menaçant et très froid avec du vent venant de la mer. La fouille sera cependant de brève durée... Après avoir creusé à environ 1,50 mètre de profondeur, plus rien ne sera trouvé. Au départ quelques pièces :des fragments d'hélice en bois seront découverts. Le fait de trouver ainsi tout de suite ces fragments de l'hélice était en effet un mauvais présage. Peu après furent cependant trouvées trois pièces intéressantes puisqu'elles comportaient des numéros :


- Une pièce de tuyauterie et deux autres dont le numéro commençait par le chiffre 3.

Toutes les pièces de la cellule des "Spitfire" commencent par le chiffre 3. Nous étions donc bien sur la zone de crash d'un “Spitfire” l

- Les deux autres pièces seront identifiées par Steve Vizard via Jean-Michel Goyat. Steve est le PDG et propriétaire de l'usine sur l'île de Wight où est actuellement reconstruit le “Spitfire BS 410” de Piotr Kuryllowicz ainsi que le EN 179 et le EN 570. Elles correspondent au support de lampe sous le fuselage et à la bague qui se situe autour du compas de navigation. K.


* Résumé du rapport de Jean Pierre Ducellier selon les renseignements fournis par Pierre Ben et son équipe.

En place pour la recherche

Début d' excavation

Travail de précision......

Compas standard RAF

Pièce du compas (indiqué par la flèche sur la photo ci-contre)

Identification de la pièce de ID light par Steve Vizard

Pièces retrouvées de l' ID Light

Emplacement ID Light sur le Spitfire

Renfort alu avec le marquage CB

Renfort en alu

Marquage CB = Castle Bromwich

Pièce alu avant restauration

Pièce alu recto après restauration par Albert Berthet

Pièce alu verso après restauration par Albert Berthet

Robinet

N° série Tuyauterie du robinet commençant par un 3 = cellule Spitfire

Tuyauterie en alu

Règlage extérieur de la luminosité de la ciné mitrailleuse

Règlage extérieur de la luminosité de la ciné mitrailleuse

Capsule anéroïde (fonctionnement de l' altimètre, de l' anémomètre et compresseur d'air)

La pression fait varier la forme de la capsule qui est reliée à l' aiguille de l' altimètre (idem pour l' anémomètre)

Capsule anéroïde vue de dessus

Ampère-mètre et plexiglas

Fusible

Eclats de pare-brise du Spitfire

Fragment d' hélice (verso) côté intérieur

Fragment d' hélice avec toile (recto)

Boucle de harnais

Les évènements du Vendredi 14 Avril 1944*


Extraits de “La guerre aérienne dans le Nord de la France"


Vendredi 14 avril 1944 :


Trente deuxième et trente troisième attaques. Programmées. Effectives


«RAMROD 735» :


ll sera exactement 12h58 lorsque dans le ciel de LIGESCOURT, le premier chasseur bombardier va plonger encore une fois vers le bois de St-Saulve.


Aujourd’hui 32 «Spitfire» IX de la R.A.F. ont été requis pour cette attaque :


12 «Spitfire» IX du Squadron 602. Chasseurs bombardiers , “

12 «Spitfire›› IX du Squadron 453. Chasseurs bombardiers.

12 «Spitfire» IX du Squadron 132. Chasseurs d'escorte.


Les avions, après avoir pénétré en France dans la région de BERCK-sur-MER, sont arrivés au-dessus de LIGESCOURT.


Les «Spitfire» IX du Squadron 602 vont attaquer en premier. À bord de cette formation se trouve le célèbre Aspirant Pierre Clostermann («Spitfire›› IX # MJ 305). Cet aviateur est un jeune Français engagé volontaire dans la R.A.F. britannique et qui terminera le conflit avec un palmarès de 33 victoires homologuées.



12h58. Basculant sur l'aile, le premier «Spitfire» IX # Ml-I 709 du Squadron 602 piloté par le S/Ldr R.A. Sutherland DFC plonge vers les installations militaires allemandes du noball XI-A-40. Immédiatement un second (F/O EJ. Dumbrell) puis un troisième chasseur bombardier (Cap. P.G.J.Aubertin - Français) vont imiter la manoeuvre. L'attaque s'effectuera, comme d`habitude, de 2 400 à 1 200 mètres d'altitude : Explosions, nuages de fumée, tirs saccadés de positions de DCA légère.


Les 12 «Spitfire» IX du Squadron 602 terminent leur travail. Ils ont tous plongé vers le Site de V-l....

Déjà les chasseurs bombardiers du Squadron 453 prennent le relais. Exactement de la même manière.

Bascule sur l'aile, plongeon vers le sol d'où depuis quelques instants montent maintenant des obus traçants à la rencontre des assaillants… Spectacle irréel que ces «Dive bombing» où les bombes se décrochent en sifflant du ventre des chasseurs bombardiers, juste avant que ces derniers ne redressent, les pilotes étant alors a la limite de l'évanouissement ! Les «Spitfire» IX du Squadron 453. les uns derrière les autres, se succèdent ainsi dans leur plongeon vers le sol... lorsque soudain une énorme gerbe de feu jaillit dans le ciel. L'un des chasseurs bombardiers vient de se désintégrer projetant au loin une multitude de débris...le «Spitfire» # MK 324 ( F U 0 Y ) vient de terminer sa carrière au-dessus de la région de LIGESCOURT. Les obus allemands viennent de toucher de plein fouet le «Spitfire» IX du P/O R.E.Yarra qui sous les impacts de ces derniers, s'est désintégré dans le ciel de ce petit village de la Somme. Le pilote n'a rien pu faire. Les derniers «Spitfire» IX du Squadron 453 gênés par la déflagration et par la précision du tir de la DCA allemande, largueront néanmoins leurs bombes mais très certainement de façon beaucoup moins précise.

L'enfer se termine enfin pour les pilotes de la R.A.F. qui maintenant s'éloignent de LIGESCOURT.

22 bombes de 500 livres MC viennent encore d'être déversées vers les installations militaires allemandes du bois de St-Saulve.

2 bombes ne se sont pas décrochées du ventre de 2 «Spitfire» IX du Squadron 602. Il sera considéré que la majorité des bombes des avions de ce Squadron 602 sont tombées dans la région de l'objectif. Résultat estimé «good››.La majorité des bombes des avions du Squadron 453 sont tombées trop court. Résultat estimé «poor».

Quant au malheureux pilote du Squadron 453 _ le P/0 R.E. Yarra de nationalité australienne, il n'a, bien sûr, pas survécu à la tragédie. Son corps ramassé par les militaires allemands sera inhumé dans le cimetière d'ABBEVILLE. Il était âgé de 21 ans.

Son frère, le F/Lt Jack Yarra DFM, engagé lui aussi de la R.A.A.F., avait déja trouvé la mort au mois de décembre 1942 dans ce même Squadron 453.


Pendant l'attaque en piqué du SKI-SITE de V-1, 8 «Spitfire» IX du Squadron 132,chasseurs d'escorte, assuraient la protection haute des chasseurs bombardiers au-dessus de LIGESCOURT et de ses environs.

Signalons encore que au cours de ce raid, 2 avions avaient dû faire demi-tour prématurément pour ennuis mécaniques. Signalons aussi qu'un très beau récit de cette attaque du 14 avril 1944 de la base de V-1 de LIGESCOURT peut également être trouvée dans «Le grand cirque» écrit par Pierre Clostermann lui-même où ce dernier effectue la narration de son aventure au-dessus du bois de St-Saulve.


En cliquant sur ce lien, vous accéderez au blog de Mark Beckwith (en Anglais) qui raconte l'histoire des frères Yarra)



*Extrait du livre de Jean Pierre Ducellier“La guerre aérienne dans le Nord de la France", selon enquête réalisée par l'auteur au Public Record Office de Kew/Londres