LE TERRAIN

D' ESTRÉES MONS

Le terrain d' Estrées-Mons le 17 Mai 1943

Document trouvé aux Archives militaires de Vincennes par Alexandre Pierrard


La fiche de cette photo a été établie en janvier 1944

par les services français.


I) Nature et importance: Terrain d’opĂ©ration du Nord de la France


II) Situation: Voir la carte.

CoordonnĂ©e Latitude : 49° 52 ‘ 50 ‘’ N

Mer. Greenwich Longitude 3° 01’ 30’’ E


III) Caractéristiques: Altitude : 90 m

Dimensions: E.W: 1.540 mĂštres

N.S: 1.035 mĂštres

Etat du sol: Terrain lourd par temps de pluie

Pistes d’envol: 3 pistes cimentĂ©es

-E/W : 1620 mĂštres

-NE/SW: 1575 mĂštres

NW/SE: 1575 mĂštres (en construction)


IV) Installations: Voir la photographie

Atterrissage de nuit :

Les trois pistes sont Ă©quipĂ©es avec un systĂšme visuel « Lorenz ». SystĂšme de rayons d’approche. Balisage pĂ©ri mĂ©trique lumineux.


V) Dispersions et abris: 3 zones de dispersion avec abris de nuit;

Zone Nord : 12 abris couverts Zone Nord Est : 5 abris couverts

Zone Sud; 21 abris couverts


VI) D.C.A. Les positions suivantes sont identifiées.

7 positions de D.C.A. de 2 à 4 canons légers.

Pour ne pas oublier

Mme Lorenza VANHOEGARDEN-JULIEN, est heureuse de partager avec nous ses souvenirs, extraits de son livre (Mémoires et récits Mons en Chaussée, Estrées-Mons et villages voisins) et de ses derniÚres notes.


Son mari (dit Zeph) a travaillĂ© sur ce terrain du dĂ©but Ă  la fin de celui-ci puis avec les amĂ©ricains sur la base de Laon pour terminer sur ce terrain sa carriĂšre d’électricien toujours sur ce terrain chez Bonduelle.

En avril 1917, les britanniques délimitÚrent.et occupÚrent un terrain en partie sur Mons et sur Estrées aprÚs la retraite des allemands, derriÚre la ligne Hindenburg,

A partir du 21 mars 1918 contre-offensive allemande en Picardie, ils prennent le terrain d’aviation d’avril 1918 au 19 aout 1918.

Les alliés contre-attaquent (Aout-septembre-octobre); BientÎt la déroute allemande sera complÚte. Les britanniques .reprennent le terrain le 22 septembre au 19 décembre1918.

Dans les annĂ©es 30, Une famille d’ASSEVILLERS venait Ă  bord de leur Mathis faire voler leur avion sur ce terrain.

C’est en 1936 que commencĂšrent avec l'Etat les premiĂšres nĂ©gociations pour annexer les terres qui deviendront le champ d'aviation.

Vue aérienne d' Estrées en 1939 (IGN)

Le 1er et le 2 septembre 1939, des avions français arrivés sur le terrain d'Estrées manifestent une certaine activité. Les pilotes français logent chez l'habitant à Mons. L'escadrille porte le nom de Compagnie de l'air 83/107.

Les 23 et 24 septembres 1939, à Mons, les aviateurs français ont quitté le village pour s'établir à Estrées-en-Chaussée et laisser la place à leurs camarades britanniques de la R.A.F, qui arrivent assez nombreux.


Le lundi 2 octobre 1939, 24 avions de la R.A.F - soit 2 escadrilles - arrivent Ă  l’aĂ©rodrome d'EstrĂ©es-en-ChaussĂ©e. Parmi eux il y avait des « Lysander » qui Ă©taient enchaĂźnĂ©s Ă  un piquet. Les curieux pouvaient les toucher. D'autres avions Ă©taient stationnĂ©s sur le terrain de Flamicourt.


Le 16 novembre1939, arrive à Mons un petit détachement de 29 hommes (gradés compris) du 28Úme régiment de garde sous le commandement d'un lieutenant. Ce détachement est chargé de la garde de nuit de l'aérodrome.



Le 6 dĂ©cembre 1939, Ă  11 h 05 un avion britannique le « Lysander » L 4763-00, manque son atterrissage en accrochant des arbres Ă  un mile (1,6 km) au sud-ouest de Mons et prend feu. Les deux aviateurs anglais meurent des suites de cet accident. Le pilote, L. Malcolm Phillips Sknner, gravement brĂ»lĂ©, meurt la nuit mĂȘme Ă  l’hĂŽpital. Il est enterrĂ© Ă  PĂ©ronne dans l’extension du cimetiĂšre britannique, rang G, plot 5, tombe 23. L’observateur et mitrailleur « BAC», Edward Whitehead est tuĂ© sur le coup, il est enterrĂ© Ă  cĂŽtĂ© de son pilote, rang G, plot 5, tombe 21.


Les 13 et 14 fĂ©vriers 1940, la compagnie de l'air 83/107 quitte EstrĂ©es oĂč elle Ă©tait stationnĂ©e depuis le dĂ©but de la guerre. L'hiver a Ă©tĂ© trĂšs rigoureux. Le dĂ©tachement du 28Ăšme rĂ©giment rĂ©gional cantonnĂ© Ă  Mons quitte le village dĂ©but mars. Son service est dĂ©sormais assurĂ© par des soldats anglais du Yorkshire, rĂ©giment cantonnĂ© Ă  EstrĂ©es.


Le 5 mars1940, les formations de la R.A.F. qui, depuis plus ou moins longtemps étaient stationnés à Mons, s'en vont dans l'aprÚs midi et la soirée.


Le 6 mars 1940 le pilote Lenton se tue prĂšs de Mons en ChaussĂ©e Ă  bord d’un « Hawker-Hurricane » L 1978. Il participait avec des Lysander Ă  des exercices d’entraĂźnement, il s’écrase suite Ă  des ennuis de moteur. Il est lui aussi enterrĂ© Ă  PĂ©ronne, rang 5, plot 5, tombe 25.


Le 18 avril 1940, de nouvelles formations de la R.A.F. ont remplacé celles qui sont parties, (bombardiers « Lysander ») paraßt-il à Flamicourt. Ce sont maintenant des escadrilles de chasse « Hurricane ». Sur une maison de la rue du cimetiÚre (à coté de la poste) qui servait de bureau, on pouvait lire sur un écriteau "Squadron IV.O.".

Le 10 mai 1940, devant l'avance rapide des troupes allemandes qui avaient envahi la Hollande, la Belgique et le Grand Duché du Luxembourg, et qui marchaient sur la Somme, le village de Mons-en -Chaussée fut évacué par ordre supérieur.

Un avion anglais Hurricane MK1 du 85 squadron qui avait dĂ©collĂ© de Seclin s’écrase touchĂ© par le retour de feu du Ju 88 de la 8/LG1, le pilote Mawood est gravement blessĂ© (perte d’un Ɠil). France-crashes N° 6245. Michel Coste


Le 13 mai 1940, Comme chaque jour les avions du 4 Squadron dĂ©collent pour des missions de reconnaissance sur la Belgique et la Hollande. Le Lysander P 9063 dĂ©colle Ă  7 h 30, il est abattu en Belgique lors de son survol des rives du fleuve Gete par un avion allemand que pilotait le lieutenant Horst Baxator de la 2./JG1 Le pilote le lieutenant Peter, W. Vaughan RAF 33 493; et l’observateur Edin Mold RAF 626 134, sont enterrĂ©s Ă  Outgaarden, en Belgique.


Le 17 mai 1940. Quelques habitants n’évacuĂšrent pas et restĂšrent Ă  Mons et Ă  EstrĂ©es. Bien entendu, ceux qui avaient choisi de partir prirent des directions diffĂ©rentes et, aprĂšs bien des pĂ©rĂ©grinations, tous regagnĂšrent leur village Ă  partir du 15 juillet. Il y eut des retours jusque septembre, malgrĂ© la « zone interdite ». Mais les convois d'Ă©vacuĂ©s ont eu Ă  regretter le dĂ©cĂšs de trois personnes. La progression se faisait donc de nuit, Ă  l'aide de calendriers des postes, (faute de cartes routiĂšres) rĂ©cupĂ©rĂ©s dans les maisons abandonnĂ©es afin de pouvoir emprunter les petits chemins et essayer ainsi d’échapper aux bombardements ennemis.


Le 21 juillet 1940, les Allemands travaillent à mettre en état et à aménager à leur usage le terrain d'aviation d'Estrées et il y a à Mons de nombreux soldats de la «Luftwaffe»


Depuis le 11 juillet 1940, une formation de pionniers allemands «BB 218» venus pour les travaux du terrain d'EstrĂ©es Ă©tait cantonnĂ©e Ă  Bouvincourt. Elle a mĂȘme empiĂ©tĂ© sur Beaumetz, quelques jours aprĂšs son arrivĂ©e, quand est venue Ă  la ferme de Santin une batterie de D.C.A qui installa ses piĂšces sur la hauteur derriĂšre le «bois du Roi».

BOUVINCOURT, bosquet pour DCA et réserve d'eau

Le 8 août 1940, la batterie allemande de D.C.A cantonnée à la ferme de Santin part, abandonnant ses installations. A Mons, des soldats de l'aviation quittent aussi le village.


Le 27 octobre 1940, vers 5 heures du matin une bombe éclairante tombe sur l'aérodrome. On pense que c'est un avion de la R.A.F. qui est venu photographier le terrain; en tout cas, la fusée de la bombe est britannique.


Le 12 novembre 1940, arrivée à Beaumetz d'un détachement de travailleurs de l'aviation allemande Luftschuzraum L 33 905 avec un important matériel: wagonnets et rails.


Le 19 dĂ©cembre 1940, les journaux locaux annoncent que la circulation est interdite aux civils entre Mons et EstrĂ©es, la route traversant l'aĂ©rodrome oĂč des travaux sont en cours d'exĂ©cution. A Mons on ne connaĂźt pas cette interdiction et on passe sans difficultĂ©s.

EstrĂ©es est au centre de l'activitĂ©, mais le peu d'importance du village (77 habitants) a fait que les services allemands et les firmes venues pour l'amĂ©nagement du terrain se sont installĂ©s Ă  Mons, village beaucoup plus grand et oĂč les commoditĂ©s de la vie, surtout d'une vie de groupe, sont plus faciles. Aussi, les maisons sont plus belles et plus confortables, et ont Ă©tĂ© jugĂ©es par les occupants plus convenables Ă  l'installation des bureaux et des logements. MĂȘme Ă  EstrĂ©es certaines maisons furent rĂ©quisitionnĂ©es et des bĂątiments servirent au dĂ©pĂŽt des matĂ©riaux qui attendaient leur utilisation.


Le 11 mai 1941, à Mons, importants mouvements dans la population militaire. Beaucoup de soldats quittent le village. Pendant tout l'hiver des travaux importants ont été exécutés à l'aérodrome et sont encore en cours; de nombreuses baraques y sont construites et de solides pistes de départ ont été faites.


Le 13 mai 1941, le groupe peu important de soldats de l'aviation allemande qui était stationné à Beaumetz depuis novembre 1940 quitte le hameau.


Les 4 et 5 octobre 1941, les travaux importants Ă  EstrĂ©es et Ă  Mons, ainsi que ceux effectuĂ©s Ă  Bouvincourt, oĂč un groupe de baraquements pouvait abriter au moins un millier d'hommes, amĂšnent dans la rĂ©gion un grand nombre d'ouvriers venant d'ailleurs.


Le 1er fĂ©vrier 1942, dĂ©part des firmes Ă©trangĂšres qui travaillaient au terrain d'aviation d'EstrĂ©es. L'aĂ©rodrome est maintenant opĂ©rationnel. Des travaux considĂ©rables y ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s: pistes solides, hangars, citernes Ă  essence Ă©normes, abris bĂ©tonnĂ©s. A EstrĂ©es, de nombreuses baraques ont Ă©tĂ© construites un peu partout. A droite, Ă  l'entrĂ©e du village, de la route venant de Mons, la tour de contrĂŽle s’élĂšve au milieu d'une plantation de jeunes arbres, ainsi qu’un atelier de rĂ©paration d'avions. Une importante baraque protĂ©gĂ©e avec soin par d'avant-murs en maçonnerie, qui semble ĂȘtre le siĂšge des services aĂ©riens du terrain, a aussi Ă©tĂ© Ă©difiĂ©e. A Mons, au milieu du village, deux Ă©normes baraques sont encore construites; l'une en face de l'Ă©glise, « le Gauleitung » pour les services administratifs, l'autre sur le chemin de Mons Ă  St Chren pour servir de cuisine et de rĂ©fectoire. Un dĂ©pĂŽt de matĂ©riel Ă©tabli entre le village et le cimetiĂšre est maintenu. A cet endroit Ă©galement une piscine fut crĂ©Ă©e. Dans l'Ă©cole et la mairie se trouve l'infirmerie. Il y a aussi vers Devise, des casernes en briques. Entre Mons, EstrĂ©es et Bouvincourt, une importante construction en briques, en forme de fer Ă  cheval, comprenant trois bĂątiments, a Ă©tĂ© Ă©difiĂ©e, destinĂ©e sans doute au commandement de l'aĂ©rodrome car avec une belle et importante entrĂ©e sous voĂ»te, elle possĂšde une magnifique salle qui pourrait servir de salle d'honneur pour rĂ©ceptions. De ce groupe Ă  la route de Mons Ă  EstrĂ©es, un bois a Ă©tĂ© plantĂ© qui contient des baraques dont l'une plus importante et plus belle que les autres, avec des parties en briques. Tout cela forme un ensemble; partout l'eau, l'Ă©lectricitĂ© et, dans les constructions importantes, le chauffage central.


A Bouvincourt, le camp de baraques est Ă  son tour Ă©quipĂ© d’eau, d’électricitĂ© et de chauffage. Un poste de TSF a Ă©tĂ© Ă©tabli dĂ©s le dĂ©but de l'occupation de l'aĂ©rodrome par les Allemands Ă  cotĂ© d'un petit bois prĂšs de Bouvincourt et un peu plus tard un autre Ă  St Chren qui a Ă©tĂ© abandonnĂ© par la suite. Naturellement, les emplacements de batteries de DCA ont Ă©tĂ© prĂ©vus et prĂ©parĂ©s. Il y en a vers Monchy; un autre prĂšs du chemin de Santin Ă  Mons et un autre en maçonnerie sur le chemin de Santin Ă  EstrĂ©es. Le terrain militaire s'Ă©tend de l'entrĂ©e de Mons vers Pont-les-Brie jusqu’à quelques centaines de mĂštres de la sortie d'EstrĂ©es vers Poeuilly englobant ainsi les deux villages. Il est dĂ©limitĂ© sur la route par des bornes en ciment formant des chicanes prĂšs desquelles se tiennent des sentinelles.


Le 17 mars 1943, des avions arrivent à l'aérodrome, le terrain est rapidement mis en service. Les jours qui suivent, trois batteries de DCA s'installent pour sa défense. L'essence nécessaire aux appareils arrive à la gare de Cartigny par wagons-citernes que «Nanie» la petite locomotive de la "Société Vermandoise des sucreries" mÚne par la voie de raccordement jusque dans la cour de la rùperie. Là, déposés sur des plates-formes spéciales, ils sont transportés par la route jusque l'aérodrome.

"Nanie" Locotracteur avec tender, chaudiÚre verticale, surnommée "la bouteille à encre" pour sa forme

Constructeur: Fives-Lille Cail; type 020T.Date de construction: 1907. Masse 18 t

Longueur 4.46m, vitesse: 20km/h

(Elle tirait deux wagons Ă  la fois.)

Le 10 avril 1943, avions et aviateurs quittent l'aérodrome. Les avions étaient de gros appareils de transport.


Le 15 avril 1943, départ de la DCA, une des trois batteries revient au bout de quelques jours.


Le 23 mai 1943, les faisceaux forts nombreux, construits avec de gros poteaux sont placĂ©s sur le terrain pour y rendre impossible ou tout au moins fort dangereux toute tentative d’atterrissage.


Le 12 juin 1943, débarquement à Cartigny de quelques centaines de soldats allemands d'aviation qui gagnent l'aérodrome. Le lendemain en arrive encore à Cartigny une centaine. Ils rejoignent leurs camarades


Le 30 juin 1943 un millier de soldats de la «Luftwaffe» venant d'EstrĂ©es traversent Cartigny, musique en tĂȘte, pour embarquer en gare.


Le 19 septembre 1943, on enlÚve les faisceaux de gros poteaux du terrain pour que les avions puissent atterrir sans difficultés.


Janvier 1944, arrive en gare de Cartigny du charbon pour les troupes en service de Mons et EstrĂ©es et des munitions qui sont d'abord transportĂ©es dans les baraques de Bouvincourt. Quelques jours aprĂšs, elles sont enlevĂ©s et emmenĂ©es, comme celles qui arrivent encore, au «Bois de Bias» oĂč un dĂ©pĂŽt important de munitions est Ă©tabli. L'accĂšs au bois est interdit aux civils qui ne sont pas employĂ©s au dĂ©pĂŽt.


Le 2 mars 1944, dans l'aprĂšs midi, la ville de St Quentin est violemment bombardĂ©e par l'aviation alliĂ©e. Ce sont vingt-trois «B 26 Marauder» des cinquante et un avions du 322 Bomber Group ayant participĂ© au survol de la rĂ©gion, qui ont larguĂ© chacun leurs 8 bombes de 500 livres G.P formant un total de 184 bombes de 500 livres sur le centre ferroviaire de Saint Quentin au lieu de celui de Tergnier, se trompant ainsi d’objectif. Les escadrilles passent au sud de l'aĂ©rodrome en suivant la vallĂ©e de l'Omignon et reviennent par le mĂȘme chemin environ une demi-heure aprĂšs leur premier passage Tous les avions seront de retour Ă  leur base pour 18 h 25. L'escorte de chasse a perdu deux «Typhoon Ib» Squadron I au cours de cette opĂ©ration. Aucun bombardier n'a Ă©tĂ© endommagĂ© au cours du raid. L'attaque a eu lieu Ă  16 h 59 d'une altitude de 3 450 mĂštres.

Malheureusement, de nombreux civils ont été victimes de ce bombardement. Dans le ProgrÚs de la Somme des 5 et 6 mars 1944, paraßt un article intitulé :

La France sous les bombes anglo-amĂ©ricaines. Saint Quentin a subi une violente attaque. Des bombardiers anglo-amĂ©ricains accompagnĂ©s de chasseurs ont jetĂ© leurs bombes sur diffĂ©rents quartiers de Saint Quentin. Aux derniĂšres nouvelles, 65 cadavres ont Ă©tĂ© retirĂ©s des dĂ©combres. Au total prĂ©s de 300 maisons sont dĂ©truites et de nombreuses autres endommagĂ©es et inhabitables Les obsĂšques des victimes auront lieu lundi Ă  10 heures, en prĂ©sence des autoritĂ©s rĂ©gionales, dĂ©partementales et locales et l'absoute sera donnĂ©e par S.E. Monseigneur Mennechet, ÉvĂȘque de Soissons, Laon et Saint Quentin.


Extraits des 19 livres du Dr J.P. DUCELLIER sur

LA GUERRE AERIENNE DANS LE NORD DE LA FRANCE

Edition PAILLART Abbeville


Le 6 avril 1944, arrivent à Cartigny des unités de DCA légÚres qui, le lendemain, gagnent Estrées pour la défense de l'aérodrome.


Le 14 avril 1944, la DCA, fixée sur le train arrivant de Péronne passe à Cartigny vers 10 h 00 et ouvre, dÚs la sortie de Doingt, un feu violent. Elle tire encore en gare de Cartigny et jusqu'aprÚs Marquaix. Elle en veut par erreur à deux petits avions d'Estrées qui, depuis plusieurs jours, volent ensemble autour du terrain. Ce sont des petits appareils qui semblent voler lourdement comme des bourdons (?).


Le 2 mai 1944, à 7 h du soir, des avions britanniques attaquent de nouveau, mitraillant le terrain et lançant des bombes pendant que la DCA fait rage sur les assaillants. Cette attaque décide les habitants du village jusque là hésitants, à le quitter, car l'une des bombes a atteint une maison. Tous partent, dans les quelques jours qui suivent, dans les villages voisins.


Le 24 mai 1944, vers 7 h 15 du soir, il passe dans le ciel de Cartigny un groupe de 70 à 80 bombardiers alliés. Soit par les chasseurs d'escorte, soit par une formation indépendante, l'aérodrome est attaqué. Un avion y est brûlé au sol. La DCA réagit avec violence comme elle le fait toujours en pareil cas et abat un des chasseurs qui tombe prés de Vraignes, le pilote est tué. Il est enterré par les Allemands au cimetiÚre de Mons. C'était un Américain Joseph JENKINS, les restes exhumés en octobre 1945 sont transportés dans un des cimetiÚres militaires américains à Colville sur mer. .rang 17, plot 13, tombe 33.

6 juin 1944, un «Messerschmitt» Bf 109 Wnr 163 831 du 1/JG5 10 blanc, piloté par Uffz.J.Gelbert est abattu à Manancourt 10 km Nord de Péronne le pilote est blessé.


Mi-juin 1944, construction de 2 pistes de 1500m et des voies de circulations et de dispersions sur l’aĂ©rodrome, ceci Ă  fin de fortifier la rĂ©gion en cas d’une Ă©ventuelle invasion alliĂ©e par le Pas de Calais. La Jagdgeschwader 5 (JG5) ou escadrille de chasse 5 est sur l’aĂ©rodrome avec des bombardiers Messerschmitt BF 109G. Leurs missions: attaquer les formations de bombardiers de l’USAAF 8 Air Force avec avions B 26 et P 47 qui bombardent l’Allemagne et l’Autriche, mais ces intercepteurs BF 109 Ă©taient coincĂ©s au sol par les bombardements et attaques des P 47.


Le 21 juin 1944, le terrain est bombardé dans la soirée. Il y tombe de nombreuses bombes et la grande baraque soigneusement protégée qui semble le siÚge de commandement est atteinte et en partie brûlée.


Le 22 juin 1944, vers 15 h, lors d'un bombardement du quartier de la Chapelette à Péronne par des avions qui opÚrent en piqué, la DCA atteint un des assaillants qui, dans ses évolutions a pénétré dans son champ de tir. Il n'est cependant pas abattu et réussit à s'éloigner avec un seul moteur.


Le 25 juin 1944, Ă  12 h 31(Rapport SAV 492), EstrĂ©es et Mons devaient ĂȘtre pris comme objectifs en dernier recours, ils seront copieusement bombardĂ©s par des escadrilles alliĂ©es qui passent Ă  trĂšs grande hauteur (7 620m). Les bombes tombent nombreuses dans les deux villages. Il n’y a pas de victimes civiles. Les bombes sont tombĂ©es prĂ©s de l'Ă©glise dans le quartier tenu par les services allemands. A la suite de ce bombardement les occupants, bien qu'ils n'aient pas eu de victimes Ă  dĂ©plorer, s'installent dans des endroits moins dangereux .A signaler, un rapport des R.G selon lequel une dizaine de bombes explosives de moyen calibre, sont tombĂ©es aux abords de la commune de Vraignes-en-Vermandois (N-E de l'aĂ©rodrome). Plusieurs maisons sont endommagĂ©es. Pas de victimes. Cette mission de douze «B24 LibĂ©rator» du 492 groupe de la 8Ăšme Air.Force des U.S.A, devait bombarder la centrale Ă©lectrique de Roye mais ils ne parviendront pas Ă  identifier leur cible; donc Ă  12 h 31, altitude 7 620 m, largage visuel de 517 bombes de 100 livres GP et 20 bombes de 240 livres GP vers l'aĂ©rodrome d'EstrĂ©es-Mons. Rapport I.R SA 2179. RĂ©sultat estimĂ© "good".

Une concentration d'environ cent-vingt impacts est observée, blanchissant la zone N-E des hangars, la région du dispersal, la zone d'atterrissage et l'extrémité Nord de la piste N6 E / S-O

La seconde concentration d'environ cinquante-cinq impacts est observée sur le centre de la zone d'atterrissage S-O de la région du dispersal N-E. Il est à noter qu'aucun avion n'était visible au moment de l'attaque. Des impacts sont visibles sur l'aérodrome et ses dépendances, notamment des hangars et abris sont touchés. Environs cent impacts sont visibles sur la zone d'atterrissage avec deux impacts sur l'extrémité Nord de la piste NE/SO. Le bombardement précédent avait eu lieu le 14 juin 1944. Apres chaque bombardement les hommes, chevaux et tombereaux des villages voisins étaient réquisitionnés pour reboucher les trous de craies et cailloux, beaucoup de pelles et brouettes disparaissaient au fond de ses trous.


Le 14 juillet 1944, dans la soirĂ©e, vers 19 h, bombardement Ă  haute altitude de l'aĂ©rodrome; des bombes tombent sur le hameau de Flez, l’une d'entre elles tue dans leur maison l'Ă©pouse et les deux fillettes de M. HonorĂ© LEFEVRE et un garçon de 7 ans AndrĂ© RIGAUX qui avait cru trouver Ă  cet endroit loin de la base la sĂ©curitĂ©.

L’objectif Ă©tait l’aĂ©rodrome Mons prĂ©s de PĂ©ronne. Au total 64 B 24 formant 5 Squadron de 12 appareils suivant un B 24 FFF bombardaient en aveugle la rĂ©gion de 20 h 06 Ă  20 h 10 d’une altitude de bombardement de 6 600m Ă  6 900m, ciel couvert de 7 Ă  10/10, largage par 39 B 24 vers l’aĂ©rodrome de Mons

18 bombes de 500 livres GP par 3 B 24 du 486e BG

720 bombes de 250 livres G.P. par 12 B 24 du 486e BG + 24 B24 du 487e BG,

La gendarmerie signale: «Le 14 juillet 1944 vers 20 h 30, 225 bombes explosives ont Ă©tĂ© lancĂ©es vers la commune de Monchy-Lagache par plusieurs vagues de forteresse. Des bombes sont tombĂ©es Ă  2 000 ou 3 000m du terrain d’aviation sur le hameau de Flez

4 personnes ont été tuées dont 3 enfants et une femme.

3 maisons ont été détruites.

Les obsĂšques des victimes auront lieu le 16 juillet au matin Ă  9 heures.

Madame Lefevre, 36 ans et ses 2 enfants

Rigaux André 6 ans.

Il n’y a pas d’objectif militaire Ă  Flez, mais un terrain d’aviation utilisĂ© par les autoritĂ©s militaires allemandes Ă  2 km de lĂ .»

A la suite des bombardements beaucoup d'hommes sont requis dans les villages voisins pour remettre en Ă©tat le terrain. Il y a naturellement peu d'empressement pour ce travail dangereux.


Le 17 Juillet 1944,

Attaque d’un pont ferroviaire sur PĂ©ronne: 13 B24. Quartier de la Chapelette.

38 B 17 du 303e BG de la 8Ăšme Air Force, vol en 3 Squadron de 13.12..13

Bombardement visuel. 10 h 29. Largage de 22 bombes de 2000 GP par 11 B 17 Ă  7 470 m

Largage vers un autre pont de 2 x 2000GP par 1 B 17

10 h 30. Largage de 23x 2000GP par 12 B17 Ă  7 260 m

10 h 31 Largage de 24x 2000GP par 12 B17 Ă  7 770 m

1 B 17 endommagé légÚrement par la Flack.

Résultat: Good mais finalement aucun dégùt au pont.

Le rapport de gendarmerie: «Apres ce bombardement on déplore 2 morts et 19 blessés, parmi ces 19 blessés, 6 le sont légÚrement et 13 gravement, 4 blessés semblent dans état désespéré»

AttaquĂ© d’un pont ferroviaire Ă  Ham par 34 bombardiers «B 17», forteresses du 306 Bomber Group sur le pont ferroviaire de Ham (Pithon), entre 10 h 30 et 10 h 45.

A 10 h 34, le premier groupe de onze «B 17» volant à 7 500mÚtres a largué soixante-trois bombes de 1 000 livres GP.

A 10 h 35, altitude de 7 200 mÚtres les douze « B 17 » du Low Squadron larguent 70 bombes de 1 000 livres GP également.

A 10 h 36 les onze «B 17» du High Squadron, altitude de 8 200 mÚtres larguent aussi 70 bombes de 1 000 livres GP.

Cent quatre-vingt quinze bombes de 1 000 livres GP viennent donc d'ĂȘtre dĂ©versĂ©es sur le pont d’Ham. Les impacts sont nombreux sur la voie ferrĂ©e et le pont semble avoir Ă©tĂ© dĂ©placĂ© sur ses ancrages cĂŽtĂ© sud. La Flack, qui a ouvert le feu pendant le survol de notre rĂ©gion n'aura endommagĂ© que lĂ©gĂšrement un seul «B 17».

Le rapport de Gendarmerie prĂ©cise que «tuant le jeune RenĂ© Bordier, 17ans et blessant griĂšvement Roger Brunel 17ans et Lazare Viroux, 36 ans tous deux de Ham. Deux blessĂ©s lĂ©gers sont Ă©galement Ă  dĂ©plorer: LĂ©on Josse de Ham 22 ans et Lucien Lobjois 56 ans d’Estoully»


Le 27 juillet 1944, vers 16 h 30, la DCA, installée sur deux trains stationnés entre Buire et Brusle, prend part par intermittence à un combat contre des avions alliés, quand ces derniers pénÚtrent dans son champ de tir. Ce combat dure une vingtaine de minutes.


Le 13 aout 1944, Ă  8 h 30, 12 bombes ont Ă©tĂ© lancĂ©es sur la gare de PĂ©ronne-Flamicourt, un wagon de poudre a explosĂ©, 6 wagons vides ont Ă©tĂ© incendiĂ©s. Avec l’explosion la plupart des habitations de PĂ©ronne et du hameau de Flamicourt ont subi des dĂ©gĂąts (toitures endommagĂ©es, portes et fenĂȘtres arrachĂ©es, vitres brisĂ©es). Il n’y a pas eu de victime.

Le 16 aoĂ»t 1944, un groupe de soldats de la Luftwaffe loge Ă  Cartigny dans la ferme Saguier et dans la rĂąperie et Ă  l'Ă©cole de filles oĂč sont cantonnĂ©s les hommes. Ce dĂ©tachement, dit-on, ne doit rester Ă  Cartigny qu'une quinzaine de jours. Ils sont lĂ  pour travailler Ă  l'usine d'EstrĂ©es pour rĂ©parer les avions. Les hommes partent par groupes dans la journĂ©e et reviennent le soir.


Le 17 aout 1944, Un FW 190 Wnr 680 157 du 5 de la JG 26 se crashe au décollage de Manancourt


Le 18 août 1944, nouvelle attaque par l'aviation alliée.



Dans la nuit du 26 au 27 août 1944 de nombreux convois, tanks, canons, camions passent sur la grande route et se dirigent vers l'Est (Allemagne). Ce mouvement s'interrompt à peine dans la journée du 27 août.


Le 28 aoĂ»t 1944, vers midi, l’aĂ©rodrome est fortement bombardĂ© par l'aviation alliĂ©e qui attaque en piquĂ©. Quelques bombes sont lancĂ©es aussi sur la ferme de NobĂ©court oĂč les avions allemands qui ont quittĂ© depuis quelque temps l'aĂ©rodrome d'EstrĂ©es suite aux bombardements dont il est l'objet, ont Ă©tabli un terrain auxiliaire d'atterrissage et de dĂ©part.

Toutes les nuits vers 2 heures du matin, les avions allemands passent Ă  trĂšs faible altitude pour atterrir Ă  NobĂ©court ou prĂšs de St-Quentin. Un terrain de fortune est installĂ© Ă  Sailly Ă  la ferme du Gouvernement le long de la forĂȘt d’Arrouaise, les rĂ©sistants de Moislains trĂšs actifs ont creusĂ©s des petites rigoles recouvertes de gazon sur le terrain, de nombreux avions ont Ă©taient endommagĂ©s, les allemands menacent de reprĂ©sailles aux habitants de Sailly. Pour le bien ĂȘtre des soldats ils avaient construit deux piscines, une Ă  Brie et l’autre Ă  Bouvincourt en Vermandois.

Objets récupérés sur l' aérodrome

Bouchon de réservoir auxiliaire

d' avion allemand ref :33 55.4gj N. 11 et

R - 05613-38

Entonnoir allemand

DĂ©tail entonnoir

Empennage de bombe allemande: diamĂštre 465 mm, hauteur 750 mm, collection Raymond SOTIERE

Fin de l'occupation allemande

Nuit du 29 et 30 aoĂ»t 1944. Dans la nuit, les Allemands dĂ©truisent l'aĂ©rodrome d'EstrĂ©es-en-ChaussĂ©e. L'opĂ©ration, annoncĂ©e dans la journĂ©e du 29, commence vers 11 h 30 par la destruction du dĂ©pĂŽt de munitions du «Bois de Bias», quatre ou cinq explosions d'une extrĂȘme violence. Les explosions se succĂšdent ensuite sans arrĂȘt, moins fortes mais puissantes encore cependant. Les Ă©lĂ©ments de l'aĂ©rodrome sautent les uns aprĂšs les autres.

Le 30 août 1944, le groupe de soldats allemands cantonné à Cartigny est parti dans la nuit. Les avions ont quitté les abords de Nobécourt avant le commencement des destructions. Celles-ci continuent sur l'aérodrome. Vers 13 h se produisent deux violentes explosions: Ce sont des munitions entreposées dans une sorte de ravin sur le chemin de terre qui va de Mons en Chaussée vers Santin, au lieu-dit: «El'su Jamart» (le saule de Jamart), cavée encore existante et plus usitée que jamais.

Le soir, l'aérodrome est en feu, hangars et constructions diverses brûlent sur toute son étendue.

Abri toujours visible Ă  Bouvincourt

L' ARRIVÉE DES AMÉRICAINS


Le 5 septembre 1944 dans la soirĂ©e, des soldats amĂ©ricains du 862eme bataillon du gĂ©nie de l’aviation occupent l'aĂ©rodrome pour le remettre en Ă©tat d'utilisation. Les hangars ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©s, les citernes Ă  essence dĂ©truites, l'usine et l'atelier de rĂ©parations ont sautĂ© ainsi que le transformateur Ă©lectrique et le central technique, mais les baraques qui se trouvent dans ou Ă  proximitĂ© des trois villages n'ont pas Ă©tĂ© comprises dans les destructions et existent encore. Les casernes ne sont qu'en partie incendiĂ©es, mais les pistes sont intactes, l'aĂ©rodrome est bouleversĂ© mais aprĂšs dĂ©blaiement il peut encore servir. Les habitants d' EstrĂ©es rĂ©intĂšgrent leurs maisons. Le village a beaucoup souffert.


Le 12 septembre 1944, L’aĂ©rodrome est dĂ©clarĂ© aĂ©rodrome de prĂ©paration opĂ©rationnelle des unitĂ©s de combat de la 9e Force aĂ©rienne.

Photos prises par Lloyd Newton du 428 Squadron

« A 72 Peronne Airfield »


Les 2 pistes sont opérationnelles: La 04/22 de 5 250 x 164 feet (1 500m x 50m )et la 09/27 de 5400 x 164 feet (2 500m x 45m).

Des avions américains P 38 arrivent nombreux à l'aérodrome qui est devenu « U.S. Air strips A 72.»


Ce sont les Lightning P38 avion Ă  deux queues du Fighter Group 474 des squadrons 428, 429,430


Le groupe de combattants (Avion de chasse) est arrivĂ© Ă  Mons le 12 septembre, venant de St Marceau base A 43 dans la Sarthe, les allemands reculent si vite, le groupe fait un bond de 325 km pour ĂȘtre proche du front, le 2 octobre il part pour la rĂ©gion de Namur sur la base A78.


Les aviateurs logent dans des petites tentes dites « marabout » numérotées et dressées le long des chemins autour des pistes. Le dépÎt d'essence est établi dans la propriété de l'ancien chùteau de Bias. L'accÚs à l'aérodrome est libre. Le dimanche il y a beaucoup de monde.

Photo prise par Lloyd Newton du 428 Squadron

Un P38 Lightning du Fighter Group 474

des squadrons 428, 429,430


Le 2 octobre et les jours suivants, les escadrilles de Lightning quittent l'aérodrome emmenant leurs munitions du bois de Bias vers la base A 78 en Belgique. Jusqu'au 5 octobre. Il n'y a plus de soldats américains.



Le 6 octobre 1944 et surtout le samedi 7 et le dimanche 8 de nouvelles escadrilles américaines viennent occuper le terrain qui connaßt alors une grande activité. Les appareils forts nombreux sont des bombardiers légers du type Maraudeur B 26 du 397 th bombardment .Group

Tente type Marabout

Le 397th bomb group (Colonel Richard T. Comer) de la Ninth Air Force (9Úme armée de l'air) comprenant les escadrilles 596, 597 , 598 et 599 et les services nécessaire à la bonne marche de la formation arrivent à Estrées. Ils se composent ainsi :

304th Service Group, Team B et 6 Air Service Squad, campés à Estrées,

46 Bomb Disposal Squad (artificiers) Ă  Mons,

42 Mobile Réclamation and repair Squad du 1st Area Avanced Air Force (réparation) à Estrées.

137th C.A.M. Eng. Cie B (génie) à Mons.

Military Police Dt A 1175 M.P. Cie Ă  Mons.

Service incendie 2147 Engrav. Fire Fightin Platoon

L'infirmerie Dispensary.

Le Pathfinder Squadron est installé lui à Monchy.

Le colonel est Ă  Mons avec l 'Etat major du groupe.

Ils y resteront jusqu’au 25 avril 1945

La troupe de combat «Combat Crew» est logĂ©e dans les baraques Ă  Bouvincourt. Naturellement il y a de la DCA, installĂ©e en divers endroits dans et prĂ©s de l'aĂ©rodrome oĂč cette masse d'hommes entraĂźne une activitĂ© considĂ©rable.


Les bombes sont entreposées dans le bois de Bias à l'ancien dépÎt allemand et dans le bois aprÚs : le carrefour Bouriat.


Les amĂ©ricains ont aussi crĂ©Ă© une infrastructure routiĂšre, des quais de dĂ©chargement pour les fournitures, les munitions, l’essence, un rĂ©seau d’eau potable et un rĂ©seau Ă©lectrique pour l’éclairage et les communications.


Au service spirituel il y a eu un prĂȘtre catholique (Father George STEPHAN) qui a aidĂ© le pĂšre Josiah G CHATAM mais Ă©galement pour les protestants le RĂ©vĂ©rend Clarence R CONFORT.


Quartier de la troupe de combat

Le personnel féminin est également présent sur la base A72

En dĂ©cembre 1944, Les formations de bombardiers stationnĂ©s Ă  EstrĂ©es participent intensĂ©ment aux attaques (rĂ©gion de Bastogne) et Ă©prouvent assez de pertes. La journĂ©e du 23 dĂ©cembre est pour elles particuliĂšrement mauvaise car 13 de ses appareils ne reviennent pas. La fĂȘte de NoĂ«l est attristĂ©e. Le matin un avion explose au dĂ©collage avec son chargement de bombes mais ne fait pas de victimes; dans la soirĂ©e un autre brĂ»le.

Un Ă©quipage pose devant son bombardier

Janvier 1945, fut un mois neigeux, plusieurs appareils furent dĂ©tournĂ©s vers d’autres bases.

Il y eut plusieurs pertes, dont le B 26 tombé à Tincourt-Boucly. .


Le 5 avril 1945. Le B26 Marauder 42-96152 Y2M

UnitĂ© : 397 th BG/596 th B15/ 9 th Air Force, s â€˜Ă©crase et brule Ă  7km SE. de PĂ©ronne. lors d’un vol d’entrainement 3 aviateurs sont morts. Rapport MACR 15919


Le 19 avril 1945 Le B26 Marauder 43 344509 F

UnitĂ© : 357 th BG/597/BS/ 9th Air Force s’écrase au dĂ©collage, l’avion est dĂ©truit, le pilote Elmer FRANK est enterrĂ© Ă  Epinal au cimetiĂšre amĂ©ricain tombe B 26.43


Les 23 au 26 avril 1945. Les AmĂ©ricains quittent l'aĂ©rodrome oĂč ils sont remplacĂ©s par quelques soldats de l'aviation française.


Le 21 mai 1945, les Américains reviennent, c'est le 397 Sq avec ses B26 «Marauder» qui est de retour. Les Français s'installent à Bouvincourt.

Le 11 dĂ©cembre 1945 les AmĂ©ricains quittent EstrĂ©es et les environs ne laissant qu'une dizaine d'hommes (A 72 Holding Party) qui gardent l'aĂ©rodrome en empĂȘchant les soldats français de s'y installer.

Le 12 mars 1946, les amĂ©ricains quittent l’aĂ©rodrome qui est dĂ©laissĂ©.

Le 25 avril 1946, L’aĂ©rodrome est remis au commandement aĂ©rien du service technique et est devenu un dĂ©pĂŽt de l’armĂ©e de l’air amĂ©ricaine et une aire de stockage de beaucoup d’appareils excĂ©dentaires avant de les rĂ©expĂ©dier par bateaux aux Etats-Unis. Ils enterrent des tonnes de matĂ©riels divers et outillages, carcasses d’avions etc.

30 juin 1946, le terrain est remis au MinistĂšre de l’Air français. Mais la France n’a pas les moyens de reconstruire le terrain, il sera laissĂ© Ă  l’abandon et les terres louĂ©es aux agriculteurs.

En mars 1950 il est trĂšs facile de circuler sur les pistes pour se rendre dans les champs.


La remise en culture des terres de l'aérodrome en 1949-1950


DĂ©bordant sur le terroir des communes voisines, le terrain d'aviation avec ses pistes bĂ©tonnĂ©es de plusieurs kilomĂštres de long ne sera pas dĂ©moli, sans doute pour des raisons stratĂ©giques, il a Ă©tĂ© peu Ă  peu grignotĂ© par les cultivateurs qui ont remis en culture les parcelles qui pouvaient l'ĂȘtre et qui leur appartenaient. Les bĂątiments furent vendus aprĂšs la LibĂ©ration. (A Doingt, la salle des prisonniers et quelques baraquements furent achetĂ©s et montĂ©s pour faire des habitations toujours debout en 2 000, mais bien modifiĂ©s notamment dans la rue HĂ©ricourt).

La plupart des édifices étaient assis sur des fondations robustes. Le terrain fut divisé en plusieurs lots. Un bulldozer donna en quelques instants un aperçu édifiant du travail qu'il pouvait faire en une journée. D'un poids de 17 tonnes, avec une lame de 4,20m, il remontait des masses imposantes de béton et nivelait dans une journée 1 200 m3 de terre.

En 1950, il est trĂšs facile de circuler sur les pistes pour se rendre dans les champs.

En 1952, une entreprise de Paris (Ballot) est venue remettre les pistes restantes aux normes exigĂ©es en raison de la menace de la guerre froide avec l’Union SoviĂ©tique, la base de PĂ©ronne est offerte Ă  l’United States Air Force pour dĂ©montrer Ă  l’OTAN l’engagement de la France. Il a Ă©tait dĂ©cidĂ© d’utiliser la base en cas d’urgence et de sauvegarde

En 1954 crĂ©ation d’une piste avec le minimum d’installation pour toutes les forces aĂ©riennes de l’OTAN pour disperser les forces aĂ©riennes en cas de guerre totale conventionnelle ou nuclĂ©aire.

Elle sera connue sous le nom de St Quentin-Estrées Base Aérienne. Seule la piste a été terminée et peut encore aujourd'hui recevoir de gros porteurs et des avions de chasse. Beaucoup de Dongitois y ont travaillé.

Estrées Mars 1963 IGN

L'usine Bonduelle

Depuis, le terrain est utilisĂ© pour des baptĂȘmes de l'air, il y a une Ă©cole de pilotage et une Ă©cole de parachutisme renommĂ©e mondiale.

Les 8 et 9 septembre 1990, la Patrouille de France et ses huit Alphajet ont fait un bref passage. La manifestation qui s'annonçait grandiose avec des avions anciens et modernes, des hĂ©licoptĂšres, mongolfiĂšres, parachutistes avait du ĂȘtre annulĂ©e la veille au soir Ă  cause d'une fĂȘte de la terre qui se dĂ©roulait Ă  l'autre bout du village et dans l'axe de la piste.



A cette époque l'aéro-club de Péronne disposait pour l'école de:

-un CESSNA FA 150, 2 places

-un MORANE SAULNIER type rallye 880 B, 3/4 places

et pour les déplacements et voyages

-un MORANE SAULNIER type Rallye 893 E, 4 places

Actuellement l’approche est diffĂ©rente, l’usine Bonduelle qui borde l’aĂ©rodrome a construit une tour rĂ©frigĂ©rante de + de 30 m de haut et prĂ©voit la construction d’une usine Ă  Ă©nergie renouvelable pour la production de vapeur afin de dĂ©velopper les lĂ©gumes cuits Ă  la vapeur dont le gout est incomparable.

La carte de l'aérodrome en 2012


Mémoire de Doingt-Flamicourt André Bauduin

le 26/10/2012


Mis en ligne par Somme Aviation

le 4 Octobre 2017