Contour
je cours je dois courir le plus vite possible de toutes mes forces sur une piste ovale au début j’ai dix tours à couvrir et à chaque tour tu tends vers moi ta main mais au bout de dix tours il y en a cinq cents et au bout de cinq cents il y en a vingt mille ton geste est de moins en moins net mon point de côté de plus en plus fort le médecin me dit de m’appliquer à bien respirer de me concentrer sur la distance et sur rien d’autre il m’encourage me dit qu’il ne me reste plus que huit cent mille trois cent seize tours le poignard que j’ai fiché dans le foie me fait plus mal à chaque inspiration de cette main que tu ne me tends plus glisse lentement une poupée de tissu aux couleurs passées à l’œil arraché et trouée par l’usure
Ce poème a été publié dans la revue Le Cafard Hérétique (Vitré, France) n°14 en septembre 2020