CHARTE

200115 Charte GTSMS.docx

Charte du Groupement Territorial

pour la Santé Mentale à Seraing (GTSMS)


Présentation

Le Groupement est un collectif d’acteurs soucieux de la place des personnes vulnérables dans la société et du bien-être pour chacun dans l’environnement de Seraing. Ces acteurs décident de partager et de mettre en commun leurs propres ressources.


Historique

Face à la précarisation, la violence des conditions de vie, l’individualisation et la conditionnalisation des dispositifs d’aide et de protection sociale, la population de Seraing exprime de multiples souffrances d’origine sociale. Les intervenants de première ligne ainsi que les pouvoirs locaux sont amenés à changer leurs pratiques en allant vers plus de réseau, plus de cohésion. La Coordination Sociale de Seraing (fondée en 1998), association de travailleurs du secteur psycho-médico-social, constitue un outil précieux pour le travail en réseau d’une ville qui se caractérise par la richesse de sa vie associative, mais marquée par un cloisonnement entre services et associations du territoire .

La surcharge des services sociaux de première ligne générée par les demandes d’accompagnement des personnes adultes en difficulté dans leur milieu de vie, a conduit l’Atelier “santé mentale communautaire” de la Coordination Sociale à analyser et réfléchir à la manière d'intégrer les questions de santé mentale, reléguées principalement au domaine médical, dans le contexte plus politique, économique et culturel de la société.

Avec le soutien précieux de l’équipe du Centre Franco Basaglia, l’Atelier rédige en 2009 un rapport de synthèse au départ de l’expérience des acteurs sérésiens sur les thématiques d’accompagnement des problématiques de santé mentale dans le milieu de vie, d’insertion sociale, professionnelle et culturelle et de la construction collective de l’évaluation des pratiques.

Ce rapport apporte un éclairage sur le type de problématiques rencontrées par la population : difficultés à se structurer, sorte de paralysie psychique, honte, difficultés administrative et financière, isolement, problèmes judiciaire, logement, ...

En 2012, l’atelier «santé mentale communautaire» devient le «Groupement Territorial pour la santé mentale à Seraing» et crée le Conseil Local pour la Santé Mentale à Seraing où participent les acteurs sociaux, professionnels de l’aide, du soin, de l’éducation et du contrôle, et élus locaux. Face à cette souffrance, les acteurs des champs sociaux, psychiatriques et publics n’entendent pas les mêmes choses. L’approche transversale des situations complexes peut être menée par tous. Ces deux nouvelles instances peuvent permettre le développement et la mise en valeur de la créativité des travailleurs qui expérimentent les réponses possibles sur le territoire.

Le GTSMS est actuellement reconnus par les instances publiques communales de Seraing raison pour laquelle on lui demande de participer à la poursuite de la mise en œuvre du Master Plan Social ainsi que de participer à la nouvelle organisation du Plan de Cohésion Sociale.


Fondements

L’intérêt premier du Groupement Territorial pour la Santé Mentale à Seraing est d’être au service de la population. Son objectif principal est d’accompagner les personnes qui vivent des souffrances psychiques et/ ou sociales, dans le respect et la reconnaissance de leur dimension humaine. Il s’agit de la philosophie portée par le Groupement et qui le porte à son tour.

Derrière la notion de dimension humaine, se trouve celle de la liberté. La liberté se révèle, dans ce cadre, par des possibilités pour les personnes « de s’épanouir dans des relations sociales et affectives, par des possibilités d’habiter un logement, par l’accès à une éducation, par des occasions de se former pour agir - notamment dans des activités économiques etc. La liberté progresse quand on peut faire le constat que chaque personne peut, dans son contexte quotidien, raccrocher les soins à des possibilités d’une vie pleinement humaine »

Œuvrer à la liberté de la population Sérésienne entraîne la nécessité de travailler autour de la question de l’hospitalité. « L’hospitalité commande de créer des espaces de liaison sociales, de développer un agir ensemble, des communs institutionnalisants, qui revendiquent la pluralité humaine. »

« Cette attention, cette prise en compte d’autrui ne doit pas être l’apanage des seuls professionnels. […] Les qualifications sont certes un gage de professionnalité mais elles ne constituent pas une garantie de la qualité d’écoute et d’attention. Si le travailleur joue un rôle de passeur entre des mondes différents, de joint dans les déchirures de la société, la rencontre et la relation humaine sont inhérentes à tout être humain. Le local offre ainsi une prise idéale pour opérer des gestes d’hospitalité. Pour porter attention à ce qui s’organise, s’institutionnalise, pour donner des formes thématiques et contextuelles à ce qui circule sans cesse éparpillé dans les communs. Il devient possible de définir un agir sur les conditions de la vie quotidienne en matière de logement, de vie associative dans les quartiers, d’aménagement territorial, de sécurité publique, de services du réconfort. Le local devient un lieu propice pour penser, mettre en œuvre et évaluer des politiques du soulagement qui prennent en compte ce qui se trame, se façonne et se différencie de façon singulière dans des communs »

Là se trouve le fondement philosophique de la réponse aux besoins de la population que propose le Groupement Territorial pour la Santé Mentale à Seraing. Ce dernier œuvre dans le but de connaître les personnes qui évoluent sur le territoire Sérésien. Mieux connaître la population de manière individuelle et singulière, permet d’adapter une offre de service, et de pouvoir mobiliser les réseaux sociaux des personnes lorsqu’elles se trouvent en situation dite, de crise.

Au-delà de la volonté affichée de réadapter l’offre de service aux besoins issus des problématiques rencontrées sur le territoire, se dégage un réel souhait de favoriser le (re)développement des solidarités dans les quartiers de Seraing.

La démarche du GTSMS s’inscrit, également, dans la continuité de l’approche de la santé publique que représentent les soins de santé primaires. Dans les grandes lignes, les soins de santé primaires promeuvent un système de santé centré sur l’individu, avec pour perspective le droit de chacun au meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre. Ce système renforce au maximum l’équité et la solidarité et répond, plus adéquatement, semble-t-il aux besoins des populations.

Le rétablissement

A travers ses actions le GTSMS tente également de diffuser la logique du rétablissement tel que défini par W. Anthony : « Un processus profondément personnel et singulier de transformation de ses attitudes, de ses valeurs, de ses sentiments, de ses buts, de ses compétences et de ses rôles. C’est une façon de vivre une vie satisfaisante, prometteuse et utile, en dépit des limites causées par la maladie. Le rétablissement implique l’élaboration d’un nouveau sens et d’un nouveau but à sa vie en même temps que l’on dépasse les effets catastrophiques de la maladie mentale. »

Donc, à la différence de la notion médicale de guérison ou de rémission qui désignent des modalités évolutives, la notion de rétablissement caractérise le devenir de la personne. On ne cherchera donc pas à « sortir de la maladie » au sens où la maladie aura disparu mais que la personne puisse se dégager d’une identité psychiatrique pour recouvrer une vie active et sociale, en dépit d’éventuelles difficultés résiduelles.

« Par rétablissement, on entend également une restitution, ou réappropriation du pouvoir de choisir, de décider et d’agir, qui est précisément ce que recouvre la notion de capacitation [ou empowerment], dont nombre d’auteurs soutiennent le lien étroit avec le rétablissement. C’est bien de “questions de pouvoir” qu’il s’agit, donc de questions politiques, qui en soulèvent une série d’autres : Quoi ou qui a privé cette personne de ce pouvoir ? Certes sa maladie. Mais qu’en est-il des institutions ? Comment soutenir la personne dans sa démarche de réappropriation du pouvoir de choisir, de décider et d’agir ?

Cette visée du rétablissement implique donc des transformations dans le mode d’accompagnement.

La priorité n’est plus de contenir la maladie, mais de soutenir un projet, en veillant à optimiser le recours aux ressources de la personne et à respecter la singularité de sa démarche. En ce sens, ce type de pratique est guidé prioritairement par des valeurs – en particulier de respect et de promotion de l’autodétermination –, plus que par des critères d’efficacité. Ces valeurs impliquent une assez profonde redéfinition des rapports entre “accompagnants” et “accompagnés”, sur un mode de partenariat. »


Le groupement a donc pour but d’accompagner le rétablissement des personnes en grande fragilité psychique et/ou sociale dans leurs singularités en transformant les modes d’interventions des professionnels qui en font partie et en favorisant l’engagement des citoyens en tant qu’acteurs légitimes et centraux de ce processus. Il a aussi pour but de modifier l’environnement sérésien pour y faire émerger une véritable hospitalité, portée par l’ensemble de sa population et de ses institutions, à destination de l’ensemble de la population du territoire.


Finalités

  • Favoriser un mieux-être des personnes souffrant de détresse psychologique ou de précarité sociale. Le GTSMS s’engage à analyser les besoins et les manques perçus sur notre territoire en matière d’accompagnement en milieu de vie.

  • Favoriser la création de liens entre les intervenants sur le territoire Sérésien, et une meilleure connaissance des ressources disponibles sur le territoire. Le groupement a un rôle de soutien des travailleurs, en termes de savoir, de savoir-être et de savoir-faire.

  • Le Groupement élabore et soutien des méthodologies de mise en œuvre des politiques locales de santé mentale pour la population du territoire. L’objectif est de mobiliser des ressources individuelles, collectives et communautaires sur ce même territoire.

  • Dans ce sens, nous rejoignons l’optique de la promotion de la santé mentale en tentant de veiller à ce que les personnes atteintes d’une souffrance mentale aient la force, le choix, et le contrôle sur leur vie et leur santé mentale, et à ce que leur communauté ait la force et la capacité pour appuyer l’habilitation et le rétablissement. Accroître les ressources c’est donc d’une certaine manière accroître le contrôle sur les déterminants de la santé, tout en acceptant la subjectivité de la santé et le fait qu’elle puisse être le fruit d’une construction communautaire.

  • Favoriser l’information et la formation continuée des travailleurs par le partage et la transmission d’outils et d’articles intéressants, notamment grâce aux moyens technologique et lors de la tenue des réunions du Groupement.

  • La dynamique du Groupement repose sur un partenariat institutionnel qui crée ses propres outils.

  • Préparer les conseils locaux en santé mentale, et interpeller le politique afin, d’organiser ces derniers. Le but de ces rencontres étant de proposer des pistes d’adaptation des politiques locales. Sont invités à prendre part aux conseils locaux en santé mentale tous les membres du Groupement, les pouvoirs publics locaux, les citoyens, et tout autre intervenant intéressé par la question de la santé mentale sur le territoire Sérésien.

  • Afin d’établir des ponts entre les différents secteurs, organiser le cas échéant des réunions de collaboration avec des service de santé mentale, des hôpitaux psychiatriques de services sociaux en vue de proposer une gestion concertée des problématiques rencontrées sur le territoire.


Partenariats

  • Les institutions qui s’engagent dans l’action du Groupement sont d’accord sur ce fait et s’engagent à soutenir l’existence et le développement du Groupement et de ses projets.

  • Chaque partenaire s’assure d’être au clair avec son institution, ses mandats, missions, et les espaces de liberté qui lui permettront de travailler en réseau.

  • Les partenaires s’engagent à faire preuve d’originalité et de créativité quant à la mobilisation de ressources institutionnelles existantes permettant de prendre en compte les personnes dans leur globalité et leur singularité.

  • Chaque partenaire s’engage à partager les outils dont il dispose pour la coordination.