Pour certains d’entre nous, il vient un jour où la conscience d’exister ne se nourrit plus l’écoulement du temps mais au contraire de sa suspension.
Extérieurement, le corps arrête sa course, seul l’espace qui l’entoure le définit encore, l’essence s’exhale alors de la substance, le fond apparaît enfin à la surface de la forme. Intérieurement, tout est silence et paix.
Cet ouvrage s’efforce de dévoiler, au vœu de plusieurs qui le pressent, le message d’un homme qui, tout entier tendu vers cet état de grâce, nous invite à respecter notre univers corporel en dépassant notre pesanteur physique par la seule puissance de notre esprit.
Ensemble, nous allons découvrir comment son œuvre, bien plus qu’un magnifique support coloré de la méditation, nous offre à travers le cheminement d’une vie étonnante, les modèles de transformation symbolique d’un monde hors de toute contingence terrestre.
Tout commence en 1954 au bord de la mer Caspienne : l’enfant, sans mémoire encore, invente une myriade de cerfs-volants qu’il déroule à l’infini.
Là, où dans son rêve éveillé, l’horizon n’est plus, les signes d’une intimité naissante avec l’au-delà de la terre et du ciel se font déjà pressentir.
Très vite, Reza Yahyaei devine que l’Éternité ne peut être qu’une conquête intérieure. Il remplace aussitôt l’art ludique de son enfance par un art plus magistral et plus intériorisé, celui de la peinture et de la sculpture.
Ses débuts chez un grand maître de la miniature perse l’astreignent à une discipline sévère qui l’éloigne de son instinct créatif. Et malgré toute l’admiration qu’il voue à cet art, sa forte et indomptable personnalité l’entraine vers d’autres expressions moins conventionnelles.
C’est avec la fièvre qui caractérise sa quête de l’absolu dans l’être, qu’il étudie pendant trois ans dans son « atelier corridor » tout ce qui s’offre à lui. Jusqu’à ce que son geste devienne le fidèle serviteur de son esprit et que …. la poutre maîtresse des lieux brûle bel et bien au feu de sa lampe à pétrole.
Et comme rien ne peut décidément le retenir, il s’adonne à vingt ans à un singulier et long voyage d’Orient en Occident, au terme duquel il découvre à Florence sa première véritable illumination artistique : l’art de la Renaissance Italienne.
En attendant la pleine maturation de son art, il s’en imprégnera, quitte à rejeter plus tard, hors de lui, influences et emprunts.
Mais quelle que soit sa démarche, tout son être le pousse vers des interrogations métaphysiques, tandis que sa passion immodérée du corps et de l’espace l’emporte dans le vaste tourbillon du profane comme du sacré. D’où ces infatigables études de nus féminins aux formes parfois offertes et toujours généreusement amplifiées qui, dans leur mouvement organique, semblent humblement disposées au dialogue.
Avec elles, Reza Yahyaei nous conduit à l’insolite frontière du charnel et du mystique.
Aussi troublante est l’aisance d’expression qui lui permet de passer tour à tour de la plastique puissante des masses énormes exécutées dans le marbre de Carrare, et de ses autres expériences en sculpture, à la virtuosité technique purement picturale de toiles parfois monumentales où, par un long travail de matière, les corps, générant leur propre lumière, paraissent sourdre du support.
Quand on sait l’incroyable diversité dont cette main est capable, on ne s’étonne pas de trouver la même maîtrise dans de sensuels pastels réalisés sur cuir bouilli, dans le jeu linéaire et elliptique des encres, ou bien encore dans le langage plus immédiat de l’aquarelle.
Ce n’est donc pas un hasard si l’Académie des Beaux-arts de Florence le choisit, dans sa vingt-cinquième année, pour y enseigner les techniques artistiques et que, quatre ans plus tard, la Faculté des Beaux-arts de Jondishapour le nomme directeur-adjoint et responsable des projets de recherche de son centre artistique.
Ma vie résumée en quelques dates , mais je poursuis toujours mes chimères et expose encore et toujours ...