Cabinet de curiosités

Photographie argentique, scan, collodion humide sur verre, ichtyocolle citratée

Petit garçon de 10-11 ans, j’amuse beaucoup la dame qui accueille le public du musée de Nîmes. Dès que j’en ai l’occasion, j’accroche mon vélo rouge à la grille du musée et je vais rendre visite à Monsieur Jantet, le conservateur. J’ai toujours une trouvaille à lui montrer : un fossile, une pierre, un coquillage que je collectionne assidûment depuis toujours. Je connais les vitrines par cœur : celles d’ethnologie d’Afrique du Nord qui voisine avec la collection d’oiseaux naturalisés qui elle-même jouxte celle des traditions populaires avec ses pierres de foudre et un fœtus de mouton à deux têtes qui me fascine. Au milieu des allées, les grands mammifères paradent. En 1993, bénéficiaire d’une bourse du Ministère des Affaires Étrangères, je suis en résidence au Musée d’histoire naturelle de Vienne, en Autriche. À la demande du musée, je réalise un livre et une exposition. Le musée, à contre-courant des usages, a achevé de restaurer les vitrines du XIXᵉ siècle, à l’identique, mais avec des matériaux modernes pour conserver l’âme du lieu et la scénographie de l’époque. Pendant un mois, j’explore les collections et les immenses réserves. C’est l’époque où je commence un projet personnel sur les formes muséographiques anciennes qui me conduira à photographier tous les musées qui veulent bien m’en donner l’autorisation, en France, Belgique, Espagne, Inde...





Au XVIIᵉ siècle, les premiers cabinets de curiosité sont des lieux où l’on collectionne des objets rares, étranges ou intrigants : animaux naturalisés, fossiles, herbiers, associant le plaisir esthétique à la volonté de connaissance. 

Le musée contemporain y ajoutera la rationalité et la rigueur scientifique.


Collodion humide sur verre.

Crâne de poisson, madrépores et oursins


Proposer une approche poétique de la méthodologie expérimentale :  observer, nommer, décrire, classer, comparer, révéler, qui fonde le socle des sciences du vivant.


Je voudrais inventer une leçon de choses, poétique et méditative. J’aimerais surprendre et émerveiller par des photographies réalisées avec des procédés rares et anciens. 

Je pratique les procédés des premiers temps de la photographie comme le photogramme et le collodion humide sur plaques de verre (ambrotypes). J’utilise aussi le cyanotype, le papier salé, la gomme bichromatée. 

Je souhaiterais expérimenter le daguerréotype, détourner la radiographie et la photogrammétrie, mixer les technologies anciennes et contemporaines, pour créer tout un monde visuel propre à l’émerveillement, à la méditation et à la contemplation de la nature.  

Je voudrais recréer l'esprit du cabinet de curiosité et sa capacité à stupéfier par l’étrangeté et la poésie qu’il génère.

Collodion humide sur verre à partir de squelettes de feuilles.

Fossile de linoptéris (?), fougère du Carbonifère, -35 à  -30 millions d'années trouvé sur les terrils du Nord.

Fossiles de fougères trouvés sur les terrils du Nord. Tirage à l'ichtyocolle citratée, à la poudre de schiste rouge et noir du terril sur papier Montval.