Le procédé de tirage à la gomme bichromatée est basé sur la propriété que possède le bichromate de potassium de rendre insoluble la gomme arabique après exposition à la lumière. La gomme arabique est la résine d'un arbre de la famille des acacias. On la mélange avec du bichromate de potassium et l'on ajoute au mélange un pigment qui est généralement du charbon, un pigment de peinture ou de l'aquarelle. Le mélange est étendu au pinceau sur un papier d'art. Après séchage, il est exposé au travers d'un négatif, au format de l'image, à un rayonnement ultraviolet. Le papier est ensuite plongé dans l'eau. Les parties transparentes du négatif ont laissé passer les rayons ultraviolets qui vont rendre la gélatine insoluble. Elle va donc conserver le pigment qui fera les valeurs sombres de l'image. Les parties opaques du négatif protègent la couche de gélatine du rayonnement. La gélatine se dissoudra dans l'eau en entraînant le pigment. Cela révèlera les valeurs claires de l'image en laissant voir le papier. À la fin du XIXᵉ siècle, ce procédé sera utilisé par les artistes du mouvement pictorialiste. Cette technique est exigeante, lente et capricieuse, mais elle génère des images inaltérables et chacune est unique dans ses nuances.

Pour cette série, j'ai remplacé les pigments classiques par de la poudre minérale. Je collecte des pierres ou de la terre sur les lieux de la prise de vue. Je concasse et je broie les minéraux jusqu'à obtenir une poudre impalpable. C'est cette poudre qui fera la couleur des images. Par ce procédé, je crée un lien tangible entre le réel et sa photographie.