Le bégaiement est une affaire sérieuse, lisez la suite....


Le bégaiement est un trouble neurologique.

Son apparition, lors du développement global de l’enfant (marche, langage, motricité, propreté, etc…), est le plus souvent constatée vers l’âge de 2.6 ans à 3,2 ans.

Les statistiques indiquent que l’âge de 3 ans révolu, le trouble doit être étudié avec soin et qu’il est essentiel de ne pas différer la réponse thérapeutique.

L’aspect génétique du trouble semble avéré dans 84% des cas (2018).

Il implique des réseaux cérébraux en construction (faisceau arqué, myélinisation, homéostase des aires en développement, etc…).

Cette construction réagit à un ensemble de facteurs :

hérédité, génétique et épigénétique, stimulations environnementales, caractères, comportements et réponses physiologiques propres à l’enfant.

Ce trouble de l’exécution des automatismes de la parole doit être temporaire (persistance de 6 mois, dans la plupart des cas) et sans séquelles.

Pour 20% des cas, le bégaiement va perdurer, nécessitant un suivi spécialisé réalisé par un orthophoniste expérimenté et au fait de la recherche.

Cette première phase du bégaiement s’appelle bégaiement neurologique développemental. C'est un trouble (apparition variable), neurologique (connections neuronales en déploiement) développemental (associé à une évolution et un usage croissant de structures neuronales en voie de maturité).

Sa durée, les six mois passés, peut atteindre 2 ans, et connaître encore une résolution positive. Cependant, le risque de persistance étant alors élevé, cela entraînera un suivi adapté.

Il est donc recommandé de consulter le plus tôt possible, sans écouter les avis attentistes.

Passé l’âge de 6 ans, le bégaiement est qualifié de bégaiement persistant. C'est alors un trouble (apparition variable), neurologique (connections neuronales en déploiement), persistant (associé à une évolution stabilisée mais amoindrie de structures neuronales très sollicitées mais restées immatures et sensibles aux stimuli externes et aux ressources cognitives exigeantes).

Cette persistance peut s’étendre jusqu’à l’adolescence ou l’âge adulte.

A chaque âge, son mode d’intervention.

Le bégaiement peut causer des souffrances psychologiques, notamment à l’adolescence ou à l’âge adulte, mais ces souffrances psychologiques ne le provoquent pas.

Il est important de comprendre que l’intervention la plus favorable se situe dans la petite enfance.

Le suivi développé auprès de l'enfant jusqu'à son âge de raison, voire au-delà, selon divers éléments, consiste en une thérapie directe, efficace si rigoureuse et quand la situation est prise à temps. Pendant ce travail thérapeutique, fort agréable pour le parent qui le conduit, les causes du bégaiement se modifieront (cause endogène, puis résultant d'effets exogènes -cf infra-).

Qu'entendons-nous quand l'enfant bégaie?

1) des "blocages", lors de la prise de parole spontanée ou intempestive, la plupart du temps.

2) des "répétitions" triples, souvent avec effort, de mots simples ou monosyllabiques.

Ces répétitions s'exercent parfois sur la première lettre du mot.

3) des "allongements" ou "prolongations" de voyelles ou consonnes sifflantes (mais ne pas croire que ce sont ces lettres qui provoquent le bégaiement).

Ces trois types de disfluences peuvent varier de très discrètes à très fortes, certaines pouvant être impressionnantes par leur intensité. Cette variabilité n'est pas un critère de gravité, à l'inverse de l'antériorité du trouble (plus le bégaiement est ancien, plus long sera le chemin, en quelque sorte).

Les disfluences bègues, Initialement d'origine ENDOGENE, car liées à la construction et à l'usage intensif des structures neuronales impliquées dans l'exécution des mouvements de la parole, seront associées puis remplacées par des disfluences résultant d'effets EXOGENES, échos instantanés des évènements immédiats de la vie de l'enfant et du déploiement de ses capacités cognitives nombreuses et variées.

Ces distinctions récusent l'aspect psycho-affectif comme déclencheur dans la genèse du bégaiement. Il sera donc exceptionnel de remettre en cause les fonctionnements familiaux (thérapie indirecte inefficace) et les équilibres déployés en leurs seins.

Les explications de l'orthophoniste sont alors primordiales et rassurantes quant à la fin de l'histoire.

Conseil pratique:

Compte-tenu du caractère aléatoire des manifestations du bégaiement, enregistrer l'enfant quand il bégaie est important. Ceci aidera le médecin généraliste et le pédiatre dans leurs décisions pour prescrire plus rapidement le bilan orthophonique.

Remarques:

La spontanéité de l'enfant est maximale dans son foyer, avec ses propres parents. C'est dans cet environnement privilégié que le bégaiement s'y exprime le plus, sans pour autant que la famille crée le bégaiement, donc inutile de se sentir coupable.

Les autres milieux conversationnels ( grands-parents, enseignants, tiers bienveillant, médecin, etc...) induisent une réduction d'office de cette spontanéité (adaptation sociale, temps restreint de parole, rituel de prise de parole, etc.) et diminuent donc la probabilité de bégayer.

Il ne faut donc pas se fier aux propos attentistes des uns et des autres, mais suivre son intuition de parents, les mieux à même à connaître bien leur enfant. A l'inverse, si ces milieux conversationnels décrivent des moments de bégaiement, la consultation devient alors urgente.

Des adultes de bonne volonté, dans les structures de collectivité (écoles, crèches), percevant le bégaiement de l'enfant, proposent alors de l'aider. Cela est formellement déconseillé et nuisible, car favorisant la prise de conscience d'un "défaut", petite graine semée de la culpabilité si souvent embarrassante à l'âge de raison et au-delà. Il faut donc en informer de suite l'orthophoniste.

La fatigue, l'excitation et l'énervement compliqueront la fluence de l'enfant, au même titre qu'ils modifieront l'ensemble de ses comportements (obéissance, respect des règles, etc.) parmi lesquels se trouve...le bégaiement. Ce ne sont donc pas des éléments déterminants dans la pérennité de ce trouble neurologique développemental.

Par ailleurs, il est utile d'avoir à l'esprit le descriptif suivant:

  • le cerveau construit de multiples automatismes, d'une grande sophistication, permettant l'exécution de procédures de haut niveau. Cela nécessite des ressources énergétiques de première importance. L'automatisme de l'exécution des mouvements de la parole est lui aussi exigeant en ressources. Il arrive alors qu'une priorisation des ressources se fasse, de manière automatique, délestant cette construction des automatismes au profit d'autres. Il y a alors bégaiement.

  • quant ce schéma est repéré, il est interprété alors comme une évolution positive, et non comme une rechute.

  • en effet, lors des premières manifestations du bégaiement neurologique développemental, les parents remarquent en permanence la persistance du trouble, quelque soient les états émotionnels, intellectuels, psycho-sociaux, affectifs de l'enfant, ce qui ne manque pas de déstabiliser leurs analyses et leurs interprétations du phénomène en constitution.


Progression attendue pendant un suivi de type LIDCOMBE Program:

Ce très efficace programme, que j'utilise depuis 2010/2011, s'articule autour de différentes phases. Celles-ci fonctionnent d'autant mieux que le protocole est suivi à la lettre, sans dérives ni aménagements annexes. L'entretien initial fixera ce cadre et permettra une évolution positive et durable. L'investissement parental est essentiel, puisqu'il s'agit d'une thérapie comportementale et cognitive, l'enfant intégrant une culture propre à sa fluence normale puis à ses dysfluences sur lesquelles il est invité à agir, grâce au comportement descriptif du parent. Peu à peu s'esquisse puis se confirme une tendance nette de la baisse des dysfluences.

A bientôt pour de nouvelles informations...

De nouvelles informations? En voici, et de fameuses!!!

Afin de mieux suivre les enfants, de 2 à 12 ans, je dispose maintenant d'un nouvel outil thérapeutique, créé depuis quelques années par l'équipe du Lidcombe program, et en phase finale d'élaboration.

Cet outil est sollicité en cas de réponse partielle au Lidcombe, ou en cas d'âge de l'enfant au-delà de ses 6 ans. C'est une bonne nouvelle, car ainsi, la réponse thérapeutique s'étoffe et concourt à diminuer l'impact du bégaiement. De nombreuses familles en profitent déjà et les retours sont excellents.