Qui est Marine Mariposa, cette étrangère mythique, cette entité désincarnée, cette pure abstraction fluctuant dans le vide? N'ayant ni nom de famille, ni visage identifiable, ni présence officielle dans le monde, par quoi la reconnaît-on? Réponse: c'est à vous de vous reconnaître en elle.
« Bref, elle est née de la mort, cette pauvre Marine Mariposa. Ayant vu le jour dans la nuit de l’âme, elle représente deux façons de mourir, soit en me noyant au fond de l’océan ou en brûlant mes ailes dans le feu. Tous deux bleus comme mon cœur, la mer et le Morpho menelaus se rencontrent dans la lumière au bout du tunnel qui leur donne leur couleur, mais l’une me tire vers le gouffre alors que l’autre flotte dans les airs et m’élève jusqu’aux plus hauts cieux. Et moi, je ris aux éclats, je danse au rythme des saisons et je saute de joie, je virevolte et je gambade dans le pré de l’Asphodèle, embrassant la transformation survenant à travers la mort intérieure. Je meurs gaiement en vivant, à chaque instant où je respire, comme si tout en moi célébrait le Día de los Muertos, comme si mes os craquaient en jouant la chanson de coffin dance, comme si mon corps était une stèle funéraire au sein du Cimitirul Vesel. Ne reste que l’autre question qui tue: après le Calvaire, le Christ quittera-t-Il le lieu du crâne pour ressusciter? Et puis : existe-t-il une vie après la mort pour celle qui est morte avant de vivre, qui ne sait vivre qu’en mourant? Mon navire échoué retrouvera-t-il le chemin vers le bon port, remontant chargé de trésors? Le phénix renaîtra-t-il de ses cendres? Sortirai-je du cocon, de ma bulle, de ma coquille d’œuf, ou vivrai-je dans le nid familial pour garder ma zone de confort? »