J'interviens régulièrement sur la culture amazighe au profit d'un public varié (professionnels, étudiants, etc.) pour les initier et les sensibiliser à la langue et à la culture amazighes. Je commence souvent la formation en suscitant la curiosité du public par une vidéo qui montre les transformations contemporaines de la production culturelle amazighe (danse urbaine, film ou autre). J'explique ensuite l’origine de la graphie tifinagh qu’on retrouve à la fois sous forme de gravure rupestre et dans des inscriptions bilingues libyco-punique en Afrique du Nord (en l’illustrant par la stèle trouvé en 2023 dans la région de Chaouia) ainsi que chez les Touaregs qui l’ont préservé jusqu’à aujourd’hui.
Après avoir donné une idée de l’importance de la connaissance de la langue amazighe pour comprendre le sens des toponymes, je présente sur une carte la distribution des principales variantes amazighes parlées en Afrique du Nord. Je donne ensuite des exemples dans les parlers amazighes du Rif et du Sous pour illustrer les différences et les similitudes qu’on peut retrouver en terme phonétique et lexical ainsi que le rôle que peuvent jouer l’école, les médias et la production littéraire dans l’intercompréhension entre les différents parlers.
Une deuxième partie de la séance est souvent consacrée aux institutions qui jouent un rôle important en milieux amazighs en expliquant le rôle joué par le droit communautaire (ôrf / azrf), les greniers collectifs (igoudar), les souks et foires (inmouggarn) ainsi que les zawaya et les saints locaux.
Nous abordons aussi la production matérielle à travers l’exemple de l’architecture amazighe en insistant sur la fonction sociale et symbolique qu’elle joue à la fois quand elle est le produit de l’ascension d’un chef local (les Kasbahs des imgharn et caïds) ou le fruit du génie collectif (les villages communautaires denses avec des remparts ou les igoudar).
J'ai également réalisé plusieurs formations en lien avec la sociologie de la culture. Je suis par exemple intervenu sur « Introduction à la notion de culture » au profit de professionnels des domaines culturels et artistiques dans le cadre du programme Taqafiat de formation dans les métiers du management des secteurs culturels et créatifs (formation réalisé les samedi 11 mars 2023 à Agadir, 1 avril à Casablanca, 13 mai 2023 à Marrakech et 23 septembre à Rabat). J'ai également réalisé le mardi 25 juillet 2023 une intervention en distanciel (Teams) sur le thème de l'introduction à l'économie de la culture dans le cadre du programme Kawaliss d'incubation dédié aux secteurs culturels et créatifs marocains développé par la Fondation Hiba.
La séance de formation est organisée de façon interactive de façon à ce que les participant.e.s se présentent et décrivent leur parcours/cheminement. Nous essayons de définir ensuite la culture à partir de leurs connaissances et de certains éléments communs dans leurs récits de vie. Il s’agit ensuite de présenter brièvement l’étymologie du terme « culture » dans le contexte d’émergence des sciences sociales en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Nous expliquons les concepts importants tels que : « pattern of culture », acculturation et habitus ainsi que la différence entre culture dominante et culture dominée. La deuxième partie est consacrée à l’impact du choc colonial et de la modernité sur le développement des musiques amazighes urbaines (Tirruysa, style d'Amarg fusion, chanteurs et groupes rifains). La dernière partie porte sur la présentation des caractéristiques des industries culturelles et créatives ainsi que des modèles économiques sous-jacent, leur rapport aux numériques et à l’espace public. La dernière partie est consacrée à la présentation de deux cas qui montrent le potentiel économique du patrimoine culturel (Tango-Buenos Aires et Taskiwin-Haut-Atlas).
J’assure depuis 2019 le cours de Social Network Analysis pour les étudiant.e.s du Master de sociologie de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ain Chock de Casablanca. Ce cours a pour objectif de former les étudiant.e.s aux enquêtes mobilisant les techniques d’analyse de réseaux tout en les initiant aux concepts et aux enjeux théoriques soulevés par la SNA. Pour cela, les étudiant.e.s travaillent principalement sur les données qu'iels collectent par eux-mêmes ce qui leur permet de saisir l'importance de l'enquête ethnographique pour comprendre les interdépendances entre acteurs (amitié, conseil, conflit, solidarité, etc.) et d'avoir une bonne maîtrise des outils fondamentaux d'analyse de réseaux . Il s'agit, entre autres, de : 1- produire une représentation des interactions sous forme graphique illustrant la structure du réseau, 2- prendre en compte les attributs des acteurs et 3- réaliser des mesures de densité du réseau et de centralité des acteurs (le logiciel PAJEK est principalement utilisé pour ce cours).
J'avais auparavant donné plusieurs formations en analyse de réseaux sociaux en France (en 2014 : pour des chercheurs du CIRAD à Montpellier ; pour des enseignants-chercheurs à la faculté de droit et de sciences politiques d’Aix-Marseille-Université ; en 2013 : à l'école doctorale de Sciences Po Paris ; en 2011-2012 : pour les étudiants de l'Université Paris-Dauphine.
j’ai assuré des cours en anthropologie axé sur les aspects méthodologiques (l'enseignement a principalement été assuré en langue amazighe). Ces cours était destinés aux étudiant.e.s des filières amazighes de la la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Fès-Sais en 2017 (licence) et 2018 (master) puis aux étudiant.e.s de la licence en études amazighes à la la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ain Chock de Casablanca en 2019, 2020 et 2022 (licence).
Le cours commence par une description du contexte de l’apparition de l’anthropologie et de la sociologie à partir du 19ème siècle pour ensuite pouvoir proposer une définition de l’anthropologie qui la distingue des autres sciences sociales. J’enchaîne ensuite par une présentation des différentes étapes qu’a connues la recherche en anthropologie et sociologie au Maroc en insistant sur les développements de l’anthropologie coloniale et des différentes thèses défendues par ses principaux penseurs. Des séances sont consacrées aux quatre principaux axes de recherche en anthropologie que sont l’anthropologie de la parenté, l’anthropologie des rites et des faits religieux, l’anthropologie économique et l’anthropologie politique. Chacun de ces axes est argumenté par des exemples pratiques provenant du contexte des travaux de recherche menés en milieu amazigh. Tout au long du cours je donne une importance particulière à l’explicitation de la méthodologie de recherche et des techniques concrètes de réalisation d’enquêtes de terrain. Un exercice est, par exemple, donné aux étudiant.e.s pour effectuer un entretien long sur le parcours d’une personne pour voir la façon avec laquelle les étudiant.e.s mènent leurs entretiens et comment ils les transcrivent. D’autres séances sont consacrées à présenter et discuter des textes classiques qui explicitent les ficelles du métier (Becker, 2022) de chercheur en sciences humaines et sociales, c’est-à-dire comment il mène concrètement sa recherche de terrain. Les dernières séances sont consacrées à la sociologie de la musique en présentant les différentes enquêtes menées dans le cadre de la préparation du livre Expressions musicales amazighes en mutation, publié par l’IRCAM.
J'ai assuré en 2017 un cours de sociologie économique pour les étudiants de Licence 2 à l’EGE de Rabat et en 2011 un enseignement intitulé « Marchés, organisations et institutions » à l'Université Paris Ouest Nanterre au profit des étudiants de Licence 3 des parcours bi-disciplinaires sociologie-économie et histoire-économie. Voici les principaux éléments de ce cours :
La sociologie économique étudie les faits économiques en mobilisant des approches théoriques et des méthodes issues de l’analyse sociologique (Smelser et Swedberg, 1994 ; Steiner, 1999 ; Steiner et Vatin, 2009).
Nous pouvons considérer les pères fondateurs de la sociologie tels que Marx, Weber et Simmel comme les premiers socio-économistes car ils se sont principalement intéressés à la fondation du capitalisme et aux phénomènes marchands. Les sociologues ont, par la suite, abandonné ces questionnements au profit des économistes. Les années 1970 ont vu l’émergence aux Etats-Unis du courant de la New Economic Sociology qui remet en cause la vision asociale et a-culturelle de la vie économique adoptée par les économistes mainstream.
Le cours comprend une présentation de la sociologie économique, de son objet et de ses méthodes (Granovetter, 1992 ; Swedberg, 1997). Pour initier les étudiants à l’utilité des approches de sociologie économique dans le contexte marocain nous abordons quelques travaux portant sur le Maroc notamment les recherches sur les souks (Troin, 2012), la dépendance monétaire et la pénétration coloniale (Ennaji, 1996) ainsi que l’évolution du capitalisme marocain (Catusse, 2008 ; Saadi, 1989).
Nous nous intéressons, par la suite, à la socio-économie des pères fondateurs notamment l’étude de Karl Marx sur le Capital ainsi que l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme chez Max Weber.
Les parties suivantes sont consacrées aux perspectives théoriques contemporaines, notamment aux théories de la firme et de l’agence où l’on aborde l’arbitrage Marché/Hiérarchie (Williamson, 2005 ; Coase, 1937). Puis nous étudions les espaces marchands en adoptant une perspective en termes de dispositifs (Callon, 1986), de captation (Cochoy, 2004) ou de rapports de pouvoir (Fligstein, 1996 ; Godechot, 2006). Enfin, nous présentons aux étudiants une méthodologie d’étude sociologique des faits économiques en utilisant l’analyse des réseaux (Oubenal, 2015).