"la beauté est partout"

Nof, de son vrai nom Nicole Obuszak Faurie est née en 1948 dans cette lorraine accueillant les émigrés polonais et italiens, a grandi dans ces cités ouvrières où l'amitié perdure encore.

Passionnée depuis l'enfance par le dessin, Nof décide à un certain âge ou un âge certain, de s'initier à la peinture. Technique, pratique, perspective avec des maîtres d’œuvres seront nécessaires, mais pas satisfaisantes. Elle se découvre une passion pour Odilon Redon. (Elle fera les reproductions d'une quinzaine d’œuvres très rapidement, mue par une sorte de frénésie). Marc Chagall lui procure aussi du rêve.

Puis, dans l'atelier de Nathalie Portejoie, elle apprend à "lâcher prise", à se laisser aller, à se défouler. Ce fût laborieux mais la découverte du plaisir de peindre et de créer en fût la récompense.

Son regard et ses mains se dirigent enfin vers un univers qu'elle recherchait.

Elle habite actuellement en gironde au bord de l'océan, où la présence de l'eau est pour elle, essentielle.

Présence qui lui permet d'être une contemplative et heureuse de l'être.

Démarche artistique

On a tous vu dans le ciel des nuages à forme de personnage, d’animal, d’ange… les scientifiques appellent ça : la paréidolie (phénomène psychologique qui consiste à identifier une forme familière dans un nuage, de la fumée ou une tache). Cette notion permet de résumer ce qui caractérise mon travail.

Je laisse venir à moi mes personnages, ils sont nombreux.

Je vois progressivement, ceux qui, à mes yeux, sauront le mieux faire vibrer mon tableau. Je prends soin de la façon qu’ils ont de se regarder et de nous regarder, car un seul regard leur suffira pour communiquer.

J’aime créer des personnages hirsutes, tordus, représentant une société, et qui malgré leurs difformités ne se plaignent pas, s’acceptent. Ils sont poètes, rêveurs et m’émeuvent.

Si je devais tenter d’expliquer ma démarche, je dirais que je laisse s’exprimer, ce qui n’a pas la parole, c’est à dire cette matière inerte qu’est la peinture, à travers ces personnages… en leur laissant également une chance d’apparaître ou pas. En ne partant pas d’une feuille blanche, « en utilisant la paréidolie » … je renforce l’idée que ces personnages ne sont pas nés de moi mais arrivent vers moi. Je les travaille ensuite pour les rendre expressifs, dans un faux opportunisme.

J’aime travailler sur le papier carton. Je commence par installer le décor, je pose des couleurs avec acrylique,colle et encre.

Depuis un certain temps, le petit format m’intéresse beaucoup. Il incite le regard de chacun à venir plus près afin d’explorer le tableau, voir tous les infimes détails et aller plus loin en imaginant sa propre histoire, en se laissant aller à ses émotions, en personnifiant ces êtres , en leur recréant une vie parallèle à la nôtre…

Pour conclure je voudrais dire que j’ai commencé à peindre «sur le tard…», un besoin de rêve, d’évasion, pas de marque du temps ni du lieu. Avec le recul il semble se dégager de toutes mes œuvres, une exploration spirituelle et multi-technique d’un monde imaginaire, aimable. Peut-être tout ce petit monde m’appelle dans le sien…

à propos de quelques travaux

Voir ce tiroir de trieur de lettres d’imprimerie sans plus d’utilité m’a interrogée. Combien de visages se sont penchés sur lui… Les personnes travaillant dans cette imprimerie se sont parlé, ont passé de longues journées ensemble, se sont raconté des anecdotes, des rêves, des projets, des espoirs… Mon imagination les a faits revivre.

Je prépare ici mon tableau avec des couleurs vives ou ton sur ton, simplement par esthétisme. Ensuite mes personnages arrivent tous les uns après les autres. Je donne une forme, une expression, un mouvement, une histoire, à ces taches claires obscures, tantôt noires et blanches, tantôt colorées. Les personnages se regardent, se parlent, se posent des questions sur nous qui les observons. Autant de questions que nous nous posons aussi sur eux … Je laisse respirer la scène quelques temps et je joue avec l’ombre qui tombe sur le tableau. De nouveaux personnages essayent de s’immiscer …. Qui sont-ils pour cette jeune femme ….?

L’inspiration de cette œuvre m’est venue dans une salle de bains dans un hôtel parisien. Sur les murs carrelés, des taches grises, noires en impression sur fond blanc façon marbre, d’inspiration moderne, laissaient apparaître d’étranges créatures que j’étais ravie de retrouver à chaque regard. De retour dans mon atelier, il me fallut aussitôt retrouver cet état d’esprit enchanteur en imaginant une œuvre pouvant le faire. Une fois ma base acrylique, colle, encre plus ou moins appuyée, il ne me restait plus qu’à y poser les personnages. Alors, j’ai travaillé la composition par le dessin et avec un fort contrôle du contraste. Et les voici, faisant leur vie dans ce tableau. Impossible de titrer cette œuvre… Chacun y va de sa propre légende.

J’aime donner une vie à mes personnages, leur donner un corps, une forme singulière, souvent « monstrueuse » mais toujours aimable… Cette œuvre, série de neuf petits formats, en est, me semble-t-il, une bonne illustration. Ces personnages sont aux portes de notre monde. Ils vivent leur vie à côté de la nôtre. Ils ne nous ressemblent pas dirons-nous. Sommes-nous prêts à les accueillir, à les comprendre, à les accepter ?