LES NGOMBE DOKO
CAS DE LA CHEFFERIE DES BOBALA
1. GENERALITES SUR LES SYSTEMES PATRILINEAIRE ET MATRILINEAIRE CHEZ LES NGOMBE ET LES NGOMBE DOKO
1.1. Adoption du système patrilinéaire par les Ngombe
C'est vers le 15ème siècle que certaines régions, situées le long du fleuve Congo, dans la province de l'équateur, avaient découvert le système patrilinéaire, et la plupart des peuples ont adopté cette innovation y compris, plus tard, les Ngombe. Mais cette innovation était considérée comme une menace pour les régions voisines à la fin du règne d'un Chef. En effet, le Chef, qu'on appelait "KUMU" chez le Ngombe, pour assurer la sécurité et la pérennisation de son pouvoir, avait comme stratégie, pendant son règne, "épouser plusieurs femmes originaires de plusieurs villages environnants ou nouer des ALLIANCES" avec les Chefs desdits villages. Après sa mort, la lutte pour la succession au pouvoir s'intensifiait et opposait ses frères survivants, ses enfants et ses neveux paternels dans sa maison fondatrice à la capitale du village. En outre, la mauvaise gestion des ambitions et les fortes tensions ou rancœurs créées par des différents prétendants lors de la succession, avaient souvent pour conséquence, l'exil des vaincus aux villages de leurs mères. Ces derniers, soutenus par les villages de leurs oncles maternels, y retournaient généralement pour conquérir le pouvoir par la force, au cœur du village du défunt Chef, entrainant désolation et insécurité dans la région.
1.2. Opposition au système patrilinéaire par les NGOMBE DOKO BONDONGO et adoption du système matrilinéaire
Cependant, un peuple de la rive nord du fleuve Congo, plus tard connu sous le nom de Doko, s'opposa à cette innovation, après avoir observé des fortes tensions ou hostilités pendant la gestion de la succession ainsi que la destruction et l'insécurité dans la région, générées par des guerres entre les enfants d'une même famille avec l'implication des villages de leurs mères.
Cet ainsi que, sous l'autorité du leader résistant "KUMU", les DOKO vont adopter le "système Noko" (Oncle). Avec ce système, ils vont instaurer l'endogamie au sein de leurs villages et autoriser de se marier plus en interne (au sein de la tribu DOKO).Au fur et à mesure que la population augmentait et les villages grandissaient en ville, l'autorité et le prestige du résistant KUMU, devenu rassembleur, augmentèrent simultanément. On va lui attribuer le soutien surnaturel, ensuite, le premier village où se trouve sa maison fondatrice va acquérir peu à peu la plupart des attributs de la royauté sacrée. Les harems (ou les maisons des femmes du Chef)vont également grandir, car le Chef se mariait aussi pour attirer des partisans et disposer directement d'un plus grand nombre des maisons dans sa propre ville afin de se défendre contre la pression exercée par les villages patrilinéaires environnants, dont les nouvelles méthodes de guerre avaient évolué.
C'est ainsi qu'après la mort d'un grand "KUMU" DOKO, la succession à ce poste ne pouvait plus être laissée au hasard, sa gestion devint si cruciale en vue de sauvegarder le bien-être et la sécurité de la ville et de ses régions environnantes. Mais vu le nombre important des harems(ou maisons des femmes du Chef), il y avait maintenant beaucoup des frères survivants, des enfants et des neveux paternels du défunt Chef, candidats à la succession. Dans une telle situation, les frères, enfants ou neveux de la même mère avait généralement tendance à regrouper leurs forces et à être soutenus par la maison de leur mère. Les luttes de succession ne se font plus dans la maison fondatrice dans la capitale de la ville, comme chez les villages patrilinéaires environnants, mais elles sont devenues des luttes entre les maisons secondaires dans la ville impliquant les membres des familles maternelles. A cet effet, le candidat leader d'une maison secondaire dans une ville ne pouvait prétendre à grand chose, contrairement à celui de la maison fondatrice qui non seulement gouverne mais aussi a un droit au territoire et compte plusieurs héros (grands chefs Doko) devenus les esprits de la nature et protecteur de la terre. La maison fondatrice étant occupée par les frères survivants et des neveux maternels du défunt Chef, les Doko vont adopter la succession matrilinéaire en limitant la succession à la progéniture d’une femme, un moyen évident d’éliminer les tensions entre les petites maisons et de canaliser les luttes de succession. ainsi, la maison fondatrice devient une dynastie.
Les DOKO vont également réorganiser les termes de parenté . Les mariées devraient s’installer dans les différentes maisons de leurs maris, membres d'une famille maternelle disséminées dans la ville.
1.3. Naissance de Chefferie et expansion du système matrilinéaire
Avec le temps, les villages transformés en ville, sous l'autorité et le prestige des grands KUMU, vont conduire à la naissance d'une chefferie territoriale. En effet, lors de l'arrivée des premiers européens pour organiser la territoriale, ils transformèrent les villages, ou du moins certains villages en chefferies. Toutefois, dès les années 1880, certaines entités contenant plusieurs grands villages n'étaient liées que par des liens d'alliance et non par une dynastie commune comme chez les Doko Bondongo. Au XIXe siècle, la lignée Doko Bondongo régnait déjà sur le pays. À son tour, le système matrilinéaire lui-même s'est étendu et a été adopté par les peuples Ngiri et ceux vivant au sud de la courbe du fleuve Congo dans la vallée de Lopori.
2. CAS DE LA CHEFFERIE DES BOBALA
2.1. Origine et lignes de migration
Les BOBALA viennent de la MONGALA ou ils vivaient, dit la légende, en compagnie des BOBILA et POPOLO ceux-ci constituant les branches ainées des DOKO BONDONGO.
Soit, par suite des dissensions intérieures, soit à cause des développement, les POPOLO et les BOBALA quittèrent leur ainé BOBILA et virent s'installer auprès de la MOTIMA. Par après, les BOBALA quittèrent les POPOLO, suivirent à rebours le cours de la Mombo (rivière du territoire de Likimi) et s'installèrent à nouveau. Ils durent par la suite quitter la MOMBO pour combattre à nouveau vers la MOTIMA, le MONGWANDI leur faisant la guerre. Les premiers européens venus dans la région, trouvèrent le groupement BOBALA près de la MOTIMA, rive droite, à l'hauteur de la route actuelle LISALA-MONVEDA.
Les travaux de la culture de l'hévéa au Congo et ses duretés furent passer la MOTIMA aux BOBALA qui, fuyant le poste de MONVEDA, cherchèrent refuges vers LISALA. Ils virent s'installer près de la source de NIALU. Leur situation ayant été réglée par l'Administration du Territoire, ayant été admis à fournir des vivres et exemptés desdits travaux. Ils s'éloignèrent à nouveau de la NIALU pour regagner la rive gauche de la MOTIMA, région qu'ils occupent encore à l'heure actuelle.