J'ai connu personnellement le professeur Newton da Costa - après en avoir beaucoup entendu parler - lors d'un congrès à San Sebastian (Université du Pays Basque) en septembre 1990, organisé par le groupe de Ulises Moulines sur "les structures dans les théories mathématiques". C'était un congrès magnifique, avec la présence, en plus de Newton da Costa, de René Thom, de Solomon Feferman, de Ulises Moulines, Jesús Mosterín, Javier Echeverría, Flum, et beaucoup d'autres philosophes et logiciens aujourd'hui célèbres. Newton était venu écouter ma présentation sur les expansions des structures satisfaisant certaines conditions axiomatiques dites "de Beth", et il m'a impressionné par ce qu'il m'a dit à la fin de mon exposé, alors que j'était très déçu de ce que je venais d'exposer; en effet; il m'a raconté une anecdote qui était arrivait à Pasteur, où le célèbre chimiste français défendant sa recherche contre des sceptiques déclarait littéralement: "il ne faut jamais laisser mourir un nouveau né". Depuis lors, je me suis répété ce mot à chaque fois que, venant d'inventer quelque chose ou bien d'ouvrir un nouveau champ dans quelque domaine qu'il soit, je m'apprête à le laisser tomber, soit parce que le public ne suit pas, soit tout simplement par manque d'enthousiasme, par lassitude ou par dégoût. Dans ces circonstances je me rappelle de Newton et je me dis "Il ne faut pas laisser mourir un nouveau né". Et je le dis aussi à mes étudiants dans des circonstances semblables. Il n'y a pas en effet de raison à un nouveau né, mais il ne faut pour aucune raison au monde le laisser mourir. Voilà ce que m'a laissé en 1990 le cher Newton da Costa, et aujourd'hui, lors de son 90 anniversaire c'est par cette anecdote hors champ mathématique et cependant si pleine de sens philosophique, heuristique et ontologique, que je veux le saluer en lui souhaitant le meilleur anniversaire.