Biographie de David Martin

Biographie Universelle

MARTIN (DAVID), théologien protestant, né en 1639 à Revel, diocèse de Lavaur, de parents honnêtes, et qui ne négligèrent rien pour son éducation, fit son cours de rhétorique à Montauban et celui de philosophie à Nîmes, où il reçut le doctorat à l’âge de vingt ans. Il s’appliqua ensuite à la théologie, mais il ne se borna point à suivre les leçons des professeurs, et il étudia en même temps l’histoire ecclésiastique et et les langues orientales, dans lesquelles il fit de grands progrès. L’excès du travail altéra sa santé; et il relevait à peine de maladie, lorsqu’il fit nommé pasteur dans le diocèse de Castres. La sagesse avec laquelle il gouverna l’église confiée à ses soins lui mérita l’estime des membres du synode; et il reçut en 1670 une vocation pour la Caune, paroisse considérable, qu’il administre avec prudence et fermeté jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes. Ayant contrevenu à la défense qui lui avait été faite de continuer l’exercice de ses fonctions, il aurait été arrêté, s’il n’avait pas trouvé parmi les catholiques des amis qui recueillirent sa femme et ses enfants, et lui facilitèrent les moyens de s’évader. Il passa en Hollande, où plusieurs églises se disputèrent l’avantage de l’avoir pour pasteur. Le célèbre Grœvius le détermina à accepter sa vocation pour Utrecht. Les soins qu’il devait à son troupeau, ceux qu’il donnait aux jeunes postulants qui recouraient à ses lumières, et enfin la rédaction de ses ouvrages partagèrent le reste de sa vie. Il mourut à Utrecht le 9 septembre 1721, âgé de 82 ans. D. Martin était en correspondance avec plusieurs savants, entre autres Dacier, Sacy, Cuper, etc..[1]. Il avait fait une étude particulière de notre langue; il adressa des remarques à l’Académie française sur la première édition du Dictionnaire, et cette compagnie chargea son secrétaire de lui en faire des remerciements.

Notes

[1] Dans le recueil des Lettres de Cuper. Amsterdam, 1742, in-4°, on en trouve six adressées à D. Martin.

On a de lui :

1° L’Histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament, Amsterdam, 1700, 2 vol. in-fol., avec 424 planches. Cet ouvrage, connu aussi sous le nom de la Bible du Mortier, est fort recherché pour les belles estampes dont il est orné. La planche de la dernière gravure de l’Apocalypse (t. 2. p. 145) s’étant rompue pendant le tirage, on fut obligé de la reclouer pour épargner les frais d’une nouvelle planche; cet accident a donné lieu à la dénomination d’exemplaires avant ou après les clous; les amateurs préfèrent les premiers comme renfermant les meilleurs épreuves. Il en parut la même année une édition avec le texte en hollandais; elle passe pour contenir les premières épreuves des gravures; mais c’est une erreur. (Voyez le Manuel du libraire, par M. Brunet, t. 2 p. 112). L’ouvrage de Martin a été réimprimé à Genève, 3 vol. in-12, sans fig.; et Amsterdam, in-4°, avec de petites estampes.

2° La Sainte Bible, Amsterdam, 1707, 2 vol. in-fol. C’est l’ancienne traduction de Genève, dont l’éditeur a retouché le style un peu vieilli; il y a ajouté une préface générale très savante, des préfaces particulières sur chaque livre et des notes pleines d’érudition[1]. Il en parut la même année une édition in-4°, avec l’ancienne préface et de courtes notes. D. Martin avait déjà publié le Nouveau Testament, Utrecht, 1696, in-4°. - Pierre Roques, pasteur de l’Eglise française à Bâle, a publié, avec des corrections, la Sainte Bible, contenant le Vieux et le Nouveau Testament, revue sur les originaux et retouchée dans le langage, avec des parallèles et des sommaires par David Martin, Bâle, 1772, in-8°; autre édit., Avignon, in-4°; revue de nouveau avec le plus grand soin, et publiée par ordre de la société biblique, Paris, Treuttel et Wurtz, édit. stéréotype de Herhan, 1820, in-8°, 2 vol.;

Sermons sur divers textes de l’Ecriture sainte, Amsterdam, 1708, in-8°;

4° l’Excellence de la foi et de ses effets, expliquée en vingt sermons sur le chapitre 11 de l’Epître aux Hébreux, ibid., 1720, 2 vol., in-8°;

Traité de la religion naturelle, ibid., 1713, in-8°; trad. en hollandais et en anglais;

Traité de la religion révélée, Leuwarde, 1719, 2 vol. in-8°. C’est une suite de l’ouvrage précédent.

Le vrai sens de Psaume CX, opposé à l’application qu’en a faite à David l’auteur de la Dissertation insérée dans l’Histoire critique de la république des lettres (J. Masson), Amsterdam, 1715, in-8°. L’explication de Masson avait été condamnée par le synode de Breda, qui, croyant devoir user de ménagement envers l’auteur, ne l’avait point nommé. Masson, trop orgueilleux pour avouer ses torts, soutint son sentiment par un écrit particulier, dans lequel il attaqua Martin comme membre du synode; Martin lui opposa l’ouvrage qu’on vient d’indiquer, et laissa la réplique de son adversaire sans réponse.

8° Deux Dissertations critiques : la première sur le verset 7, ch. 5, de la première Epître de St-Jean : Tres sunt in cœlo; la seconde sur le passage de Josèphe touchant Jésus-Christ, Utrecht, 1717, in-8°. Ces deux pièces, dans lesquelles Martin soutient l’authenticité de ces passages, furent traduites en anglais. Il publia encore deux autres écrits pour prouver la vérité du fameux passage de St-Jean, l’un contre Th. Emlyn, ministre irlandais, déposé depuis comme socinien; et l’autre, en réponse au P. Lelong, qui prétendait que ce passage ne se trouve point dans les manuscrits dont Robert Estienne s’est servi pour l’impression du Nouveau Testament.

On peut consulter, pour plus de détails, une Notice sur D. Martin, par un petit-fils du ministre Claude, dans les Mémoires de Nicéron, t. 25, et dans le Dictionnaire de Moréri; voyez aussi le Dictionnaire de Chaufepié, le Trajectum eriditum de Burmann, et enfin le Dictionnaire de Prosper Marchand, où l’on trouve des particularités échappées aux recherches de Burmann et des autres écrivains qu’on vient de citer. W-s.

[1] Chais a publié une nouvelle édition de cette version de la Bible, avec un commentaire dans lequel il a refondu le travail de Martin.

Source : Biographie Universelle Ancienne et Moderne, XXVII. Joseph Fr. Michaud. Paris et Lepzig chez Mme C. Desplaces. pp. 125-126.