A Messieurs les Ministres du Saint Evangile réunis en Synode à Agen 1844

Les pasteurs des églises réformées du Lot et Garonne à M. Lachazette, desservant de Laparade. Agen 1841.

Décision du Jury.

Appelés à émettre notre opinion, comme juges officieux, sur la traduction de David Martin, aux passages inculpés par M. Lachazette, après avoir entendu, pesé avec soin les raisons alléguées de part et d'autre, et examiné les textes se rattachant aux difficultés soulevées, nous avons formulé la décision suivante:

Attendu

1° Que les mots εφ ολην την γην (Luc 23.44) sont interprétés par divers auteurs dans le sens correspondant à ceux-ci par toute la terre, et aussi le sens restreint de εφ ολην την γην γαραν par tous le pays;

2° Que le passage τη μεμνηστευμενη αυτω γυναικι (Luc 2:5) est traduit dans la vulgate par le mot desponsata, et dans David Martin par ceux-ci: la femme qui lui était fiancée et que ces interprétations n'offrent de différence que celle d'un mot employé seul à une périphrase équivalent;

3° Que l'adverbe εφαπαξ (Hébr. 10:10) rendu dans la vulgate par semel, est traduit par une seule fois dans Sacy et M. de Genoude, comme dans la version protestante;

4° Que le verbe χειροτονεω (Act. 14:23) signifie élire par suffrages; qu'il a évidemment ce sens dans plusieurs textes, notamment 2 Cor. 8:19 et qu'il est ainsi rendu par Erasme au passage en discussion et cim suffragiis creassent; qu'au surplus les auteurs sacrés emploient toujours les mots επιτιθημι τας χειρας quand il s'agit uniquement du cérémoniel, l'imposition des mains.

Par ces motifs les soussignés, jugeant au seul point de vue grammatical, sommes unanimement d'avis que le sens donné par David Martin aux différents textes cités est suffisamment autorisé par l'usage, et que dès lors, il ne saurait y avoir dans les traductions qui nous ont été soumises aucune espèce de falsification. Le Lien, T. I. S. 340.


Source : Die protestantische Kirche Frankreichs von 1787 bis 1846 (L'église protestante de la France de 1787 à 1846). Par Johann Karl Ludwig Gieseler. 1848 Breitkopf und Härtel. p. 355.