Jacques
Gaillot,
Evêque de Partenia

1935-2023

De 1957 à 1959, il part faire son service militaire en Algérie. Il y est confronté à la violence de la guerre. C'est à partir de cette expérience qu'il s'intéressera à la non-violence. Ce séjour algérien fut aussi l'occasion de découvrir le monde musulman et d'établir de solides liens d'amitié avec les Algériens. 


Prêtre


De 1960 à 1962, il est envoyé à Rome pour suivre des études de théologie et y passer sa licence. En mars 1961, il est ordonné prêtre à Langres.


De 1962 à 1964, il est envoyé à Paris à l'Institut supérieur de Liturgie tout en enseignant au Grand Séminaire de Chalons en Champagne.


De 1965 à 1972, il est professeur au Séminaire Régional de Reims. Il anime de nombreuses sessions pour mettre en œuvre les orientations du Concile Vatican II.


En 1973, il est nommé en paroisse à St Dizier, sa ville natale, tout en devenant coresponsable de l'Institut de formation des éducateurs du clergé à Paris (IFEC).


En 1977, il est nommé vicaire général du diocèse de Langres.


En 1981, il est élu administrateur du diocèse pendant la vacance du siège épiscopal.


Évêque

Mai 1982, Jacques est nommé évêque d'Evreux.
Homme de terrain, il est souvent intervenu dans les événements de l'actualité.

• En 1983, il apporte son appui public à un jeune objecteur de conscience poursuivi devant le tribunal d'Evreux.

• En octobre 1983, lors de l'assemblée annuelle de l'épiscopat, il est l'un des deux évêques qui votent contre le texte de l'épiscopat sur la dissuasion nucléaire.

 • En 1985, il prend position pour le soulèvement palestinien des territoires occupés et rencontre Yasser Arafat à Tunis. Il est invité à l'ONU à l'occasion d'une session extraordinaire sur le désarmement.

• En juillet 1987, il part en Afrique du Sud pour rencontrer un jeune militant anti-apartheid d'Evreux condamné à quatre ans de prison par le régime de Pretoria. Pour faire ce voyage, il doit renoncer à accompagner le pèlerinage diocésain à Lourdes. Ce qui suscite des critiques.

• Juin 1988, il prend le risque d'accueillir un prêtre canadien en détresse au passé pédophile. Il reconnaîtra son erreur.

• Novembre 1988, il intervient dans le cadre de l’huis-clos de l'assemblée plénière à Lourdes pour proposer l'ordination d’hommes mariés.

• Octobre 1989, il participe à un voyage en Polynésie française organisé par le Mouvement de la paix pour demander l'arrêt des essais nucléaires français.

• Le 12 décembre 1989, il participe à la cérémonie du transfert des cendres de l'abbé Grégoire au Panthéon. Il est le seul évêque français à avoir fait ce geste.

• En 1991, il dit son opposition à la guerre du Golfe en faisant paraître un livre «Lettre ouverte à ceux qui prêchent la guerre et la font faire aux autres». Il condamne le blocus contre l'Irak.

Dans son diocèse, Jacques Gaillot lança un synode qui dura trois années.

Il écrivit une douzaine de livres. L'un d'eux, «Coup de gueule contre l'exclusion», ne passera pas inaperçu. L'auteur critique sévèrement les lois sur l'immigration du ministre de l'Intérieur de l'époque. Ce livre jouera un rôle dans sa destitution.

Dans toutes ses interventions, Jacques Gaillot a la conviction que les médias, quels qu'ils soient, constituent le lieu privilégié de la communication dans le monde moderne. Il a une parole libre qui ne craint pas de dire «je», d'être simple et clair.

Sa fidélité à l'Evangile s'exprime par quelques traits majeurs:

 le souci des pauvres et des marginaux, 

le refus de toute complaisance, 

l'attachement au droit, à la justice et à la paix, 

la conviction que Jésus appartient à l'humanité et non aux seuls chrétiens, 

l'évidence que les brebis hors bergerie, valent qu'on laisse les autres au bercail pour aller les chercher. 


En 1995, Jacques Gaillot est convoqué à Rome. Le couperet tombe :
«Demain vendredi 13 janvier à midi, vous ne serez plus évêque d'Evreux. Si vous signez votre démission, vous serez évêque émérite d'Evreux. Si vous ne signez pas, vous serez évêque transféré».
 

Refusant de signer, Jacques Gaillot devint évêque de Partenia, un évêché situé sur les hauts plateaux de Sétif en Algérie, là où il fit son service militaire. Disparu au Ve siècle, le diocèse de Partenia devient le symbole de tous ceux qui, dans la société comme dans l'Eglise, ont le sentiment de ne pas exister.
La décision de Rome provoqua une vague d'incompréhension en France comme à l'étranger et laissa des blessures d'injustice qui ont marqué les chrétiens comme les non-chrétiens.

 

Évêque des pauvres

 

Quittant l'évêché d'Evreux, Jacques Gaillot logea une année dans le célèbre squat de la rue du Dragon à Paris, au milieu des familles de sans-papiers. Faisant partie d'associations qui défendent les droits des sans-papiers et des mal-logés, il devient l'évêque des pauvres, souvent appelé hors de France pour la défense des prisonniers politiques et celle des droits humains.

 

En 1995 publication de «Je prends la liberté» chez Flammarion.

 

En 1996 publication de «Ce que je crois» chez Grasset et Desclée de Brouwer.

 

En 1996 lancement du web-site Partenia. Très vite, ce site sera animé depuis Zurich et se développera en 7 langues avec un forum, des carnets de route, des interventions sur l'actualité.

 

En 1998, Jacques Gaillot est accueilli à la communauté des Spiritains de Paris participant à leur vie de prière et à la célébration de l'eucharistie.

 

En mai 2000, à l'occasion de l'année du Jubilé, le Président de la Conférence des évêques de France prend l'initiative de l'inviter à Lyon pour une rencontre œcuménique avec les évêques. Il lui adresse une lettre qui sera rendue publique: «Il importe que les catholiques et, plus largement peut-être, l'opinion publique sachent que la communion qui nous lie comme des frères est réelle, même si elle est vécue de façon particulière». Il termine sa lettre en précisant : «Tu restes bien notre frère dans l'épiscopat». Cette embellie n'aura pas de suite dans les faits.

 

En 2003, parution d' «Un catéchisme au goût de liberté» avec la collaboration d'Alice Gombault et Pierre de Locht.

 

Juin 2003, après la rafle des résistants iraniens et de leur présidente Myriam Radjavi, à Auvers-sur-Oise, il se rend aussitôt sur les lieux de leur arrestation pour les défendre.

 

En 2004, il est invité à Cuba au colloque international sur les  cinq cubains injustement incarcérés aux Etats-Unis.

 En 2009, Jacques Gaillot fait partie d'une délégation qui se rend en Tunisie, dans le bassin minier de Gafsa, à Redeyef, en solidarité avec les travailleurs emprisonnés.

 

En 2009, il participe avec trois cents personnes  à la grande marche de la paix qui doit se faire dans la bande de Gaza. Bloqués au Caire pendant toute une semaine, sur les trottoirs de l'ambassade de France, ils manifesteront ainsi leur solidarité avec le peuple de Gaza.

 

En 2010, publication de «Avance et tu seras libre» chez Payot. Entretiens avec Elizabeth Coquart et Philippe Huet.

 

En 2010, «Une vie de combat» chez Jean-Claude Gawsewitch.

 

En 2011, «La Bible à livre ouvert» avec la participation d'Alice Gombault et de Claude Bernard.

 

En 2011, «Quand on aime, il ne fait jamais nuit» chez Mordicus

 

En 2011, réédition du «Chemin de Croix» chez l'Harmattan

 

Trois rassemblements porteurs d'espoir et de fraternité:
• les dix ans de Partenia à la Bourse du travail en 2005
• les 75 ans de Jacques Gaillot au théâtre de l'Europe en 2010
• les 20 ans de Partenia à la mairie du Ve arrondissement en 2015.