Tara, ancienne élève du lycée, nous a parlé de ses études depuis le Pays de Galles, où elle est en train d’y faire sa 3ème année de double diplôme de droit français anglais, formation proposée par l’Université Toulouse 1 Capitole. Voici son témoignage, où elle aborde son orientation et ses études, mais aussi la vie à Toulouse et son voyage à Bangor.
N.B. : pour des raisons pratiques, cet interview a été réalisé par mail. Nous nous excusons d’avance pour la longueur des paragraphes, qui sont restés comme Tara les a écrit.
Peux-tu nous parler de tes années au lycée, tes options, tes vœux d’orientations ?
Je suis rentrée à Victor Duruy en 2015, en Seconde générale, avec comme option Section Européenne Anglais. J’ai également intégré le programme DISPO, qui m’a beaucoup apporté tant personnellement que scolairement. J’ai décidé de m’orienter ensuite vers la filière Économique et Sociale parce que c’est ce qui me correspondait le plus au niveau des domaines dans lesquels j’avais de bonnes notes, et surtout parce que les matières me plaisaient. En Terminale, j’ai choisi Sciences politiques et sociales comme spécialité.
Mes idées d’orientations ont vraiment été diverses et variées. Dès la fin de la classe de Première, j’ai décidé de tenter les concours Sciences Po. Début Terminale, je me suis inscrite à la prépa Tremplin, une préparation à distance aux concours. J’ai donc jonglé entre prépa et cours de Terminale : inutile de dire que le rythme de travail était soutenu mais très enrichissant. J’ai tenté le concours commun (Toulouse, Lyon, Lille…), celui de Paris et celui de Bordeaux. C’était une super expérience, quoique plutôt éprouvante mentalement et physiquement : je me suis épuisée avec cette prépa en ligne et je suis arrivée au Bac exténuée de mon année.
Heureusement, ayant travaillé régulièrement toute l’année, j’ai réussi à avoir mon bac mention bien. Je n’ai finalement eu aucun concours par manque de préparation, mais j’avais prévu des plans B pour mon orientation. La période Parcoursup a été vraiment stressante puisque lorsque j’étais en terminale, en 2018, c’était la première année. J’ai donc postulé à plusieurs prépas qui alliaient économie et droit, aux facs de droit, aux facs de sciences politiques, et à des parcours de double diplôme de droit bilingue. Malgré mes positions lointaines dans les listes d’attentes, au fil de l’été, j’ai été accepté dans tous mes vœux. Mi-juillet, j’ai été accepté dans le double diplôme de droit français anglais de l’Université Toulouse 1 Capitole que j’ai décidé de rejoindre.
Raconte nous tes deux années d’études à Toulouse…
Tout d’abord, sache qu’il s’agit d’une filière très convoitée. C’est un double diplôme qui se déroule en 4 ans : deux ans d’études du droit français à l’université Toulouse 1 Capitole, et deux ans dans une université d’accueil au Royaume Uni. Pour cette dernière, j’avais le choix entre trois universités : Jersey, île anglaise près de la Bretagne ; Essex, université près de Londres ; et Bangor, au Pays de Galles. Pour les deux premières universités, cela impliquait que je parte dès la première année à l’étranger, et les frais de scolarité étaient beaucoup plus élevé. J’ai donc choisi Bangor qui me permettait de partir seulement pour les 3ème et 4ème années, et pour laquelle les frais de scolarité étaient moins élevé. C’est un parcours très intéressant puisqu’il permet d’avoir une licence de droit français ET une licence de droit anglais. Être diplômé dans deux universités de pays différents est un vrai atout car il est possible de continuer ses études ou sa carrière professionnelle soit dans un pays, soit dans l’autre.
Comme je l’ai déjà dit, Parcoursup fut lancé lors de ma terminale. J’ai eu la chance de pouvoir être acceptée sur dossier et de ne pas passer par un entretien. Cependant, il n’y avait que 40 places. Aujourd’hui, la filière est plus sélective : il faut établir un dossier via Parcousup et ensuite, si le dossier a plu aux recruteurs, il faut passer un entretien oral en anglais devant des professeurs de l’université de Toulouse, mais aussi de l’université d’accueil. Ils attendent de vous que vous soyez motivés, que vous ayez un minimum de culture générale et bien évidemment que vous puissiez parler anglais. On ne vous demande pas d’être bilingue mais de savoir tenir une conversation.
Au niveau du contenu, à l’université de Toulouse, tous les cours sont en français sauf le cours de droit anglais. L’université de Toulouse jouit d’une très bonne qualité d’enseignement avec des professeurs vraiment compétents. C’est un enseignement plutôt général pendant les deux premières années : pour donner quelques exemples, j’ai suivi des cours de droit privé, des cours de droit public, des cours d’histoire du droit et même de l’économie en deuxième année pendant un semestre. Le rythme est soutenu mais j’ai passé ma première année sans encombre. La deuxième année était plus compliquée avec des matières plus techniques comme le droit pénal ou le droit fiscal, mais en se mettant au travail, il est largement possible de passer cette deuxième année. En plus, à côté de mes cours classiques, j’ai décidé de passer un diplôme universitaire en sciences pénales et criminologie en un an. Ce n’est pas forcément ce que je veux faire plus tard mais les matières me plaisaient beaucoup : j’ai eu des cours de médecine légale, des cours de psychologie du délinquant, des cours de droit pénal des affaires, de police technique et scientifique.
J’ai vraiment apprécié faire ce diplôme pour mon avenir professionnel, mais aussi pour ma culture personnelle. L’avantage d’être à l’université est que l’on peut facilement personnaliser son parcours, pour qu’il nous ressemble, nous plaise, et qu’il soit utile pour la suite. Il faut prendre plaisir à étudier, c’est important.
Attention spoiler : la fac de droit, ce n’est pas comme dans Murder (série télévisée), on ne devient pas tous avocat ou juge. Il y a beaucoup de clichés autour de cette filière et j’avais peur de me perdre dans « le monde des grands ». L’entrée à l’université ne m’inquiétait pas forcément, ni le fait de vivre dans une grande ville, alors que l’échec, oui. J’étais bonne élève au lycée, j’avais 14/15 de moyenne générale en Première et Terminale, mais venant d’un lycée de campagne, avec peu d’expérience à l’étranger et un niveau d’anglais plus que moyen, j’étais anxieuse à l’idée de ne pas réussir. Effectivement, dans ma classe, la plupart des étudiants savaient parler anglais et avaient déjà eu des expériences à l’étranger. Pour certains, c’était même leur langue natale. Sans mentir, au début j’étais plutôt complexée et je ne savais pas trop ce que je faisais là.
Heureusement, j’ai pu rapidement m’intégrer et j’ai découvert que chacun d’entre nous, à sa manière, avait sa propre expérience, que personne n’était inférieur à personne. J’ai très vite décomplexé et commencé à profiter de ma vie étudiante.
Toulouse est vraiment une ville très agréable pour vivre. J’ai eu la chance de loger au centre-ville pendant 2 ans, tout près du Capitole. Il a été très difficile de quitter Toulouse pour partir au Pays de Galles, tant j’y ai passé de supers moments. Pour le coup, ce n’est pas un cliché, Toulouse est une ville festive quand le coronavirus n’est pas invité à la fête. Pour un Bagnérais ou une Bagnéraise, Toulouse est la ville parfaite : pas loin des Pyrénées, on y retrouve l’accent du sud et c’est une ville à taille humaine.
La face un peu moins cool de Toulouse, c’est le logement. La première année, j’ai vécu dans une « chambre de bonne » de 15 m2, tout en haut d’un vieil immeuble. J’ai pu changer l’année suivante pour un appartement plus grand dans lequel je me sentais mieux. C’est important de se sentir bien dans son appartement. La recherche de logement est à la fois excitante et stressante, mais c’est le premier pas dans la vie d’adulte alors il faut prendre son courage à deux mains.
Bagnéraise au milieu d’une grande ville, j’ai vite réussi à me l’approprier et devenir une Toulousaine experte de la Place Saint Pierre, des quais de la Daurade, de la Place Saint Georges et bien plus encore. Si tu n’as jamais pris le métro avant, il s’agira pour toi d’une nouvelle expérience supplémentaire. Rassure toi, tu vas très vite apprécier Toulouse. Les études c’est important, mais la vie sociale à côté l’est d’autant plus. Pour gagner un peu d’argent de poche, je n’ai pas hésité à m’inscrire dans une agence de baby-sitting. J’ai gardé des enfants pendant ma première année, ce qui m’a permis d’avoir une petite autonomie financière, de pouvoir me faire plaisir et profiter pleinement de ma vie toulousaine.
On pourrait presque s’arrêter là tellement c’est complet, mais ce serait faire l’impasse sur ta vie étudiante actuelle…
En effet, j’y viens. Malgré ce que l’on avait pu me dire, que le droit n’était pas fait pour moi, je suis plus que ravie d’avoir choisi cette voie. Cela me correspond parfaitement et je suis pleinement épanouie. En persévérant, me voilà maintenant au Pays de Galles. C’est avec beaucoup d’incertitudes liées à la situation sanitaire que j’ai organisé mon départ à l’étranger.
L’organisation de ce genre de voyage signifie préparer une nouvelle vie dans un autre pays. Il faut penser à absolument tous les détails : banque, assurance, logement, adaptateur de prises électriques, papiers d’identité... Il faut tout anticiper afin que le départ se passe au mieux. C’est très stressant, surtout dans le contexte actuel (Tara est au Royaume-Uni depuis septembre). Je suis partie avec beaucoup d’appréhension, mais aussi de l’excitation. Comme pour mon arrivée à Toulouse, je me suis très vite adaptée et appropriée la ville. En plus de ça, ma fac ressemble à Poudlard (voir photo à la fin). Au final, Bangor, c’est un peu le Bagnères du Pays de Galles.
Je suis les cours à distance mais aussi quelques fois en présentiel, l’ambiance n’est donc pas vraiment la même qu’en temps normal. Ici en revanche, tous les cours sont en anglais, même pour les matières assez générales. Au niveau de la langue, je me suis améliorée mais, malheureusement, les interactions sociales restent limitées. Je n’ai donc pas pu goûter à la vie étudiante galloise, ni rencontrer beaucoup de personnes.
Heureusement, comme toute ma classe est ici, on fait pas mal de choses avec mes amis de Toulouse, ce qui nous permet de vivre un semblant de vie étudiante. On a visité les alentours et je peux vous assurer que le Pays de Galles est magnifique. Je me plais tellement ici que j’envisage de rester au Royaume-Uni pour la poursuite de ma carrière professionnelle. Avoir l’opportunité de vivre dans un pays étranger et d’y étudier est une expérience formidable, il ne faut pas hésiter à saisir de telles opportunités.
Tu imagines déjà ta carrière professionnelle, quels sont les débouchés de ta formation ?
Les débouchés sont vraiment divers et variés, il est possible de faire beaucoup de choses après un tel diplôme. Par exemple, on peut envisager la magistrature en France ou au Royaume Uni. On peut aussi se présenter au barreau pour être avocat, toujours dans l’un des deux pays. Il est également possible de travailler dans des organisations internationales. Toutes les carrières juridiques nous sont ouvertes et ce diplôme nous démarque vraiment. En ce qui me concerne, je ne sais pas pour le moment vers quel domaine me diriger. J’hésite entre deux voies complètement différentes : le droit des affaires ou la lutte contre le terrorisme. Je peux prétendre aux deux parcours mais je peine à me décider.
Si tu devais donner des conseils à un/e lycéen/ne de Bagnères, quels seraient-ils ?
Peu importe la filière vers laquelle tu veux te diriger, crois en toi. Ce n’est pas parce que tu viens de Bagnères-de-Bigorre que tu ne seras pas à ta place dans une grande ville. Loin de ta famille, tu verras que la culture dans laquelle tu as baigné sera ta force. Ton accent intriguera mais fera rêver ceux qui n’ont pas eu la chance de grandir dans les Pyrénées. Surtout, n’aie pas peur de t’éloigner de tes montagnes, elles resteront dans ton cœur partout où tu iras.
Dans les études supérieures, il faut oser, pas trop se poser de questions et avancer. Si tu ne te sens pas bien dans une filière, alors quitte la et essaie autre chose. Il ne faut pas s’arrêter sur un échec, ne pas forcément écouter quand on te dit que telles ou telles choses ne sont pas faites pour toi, parce que peut-être qu’au contraire elles le sont. Je n’ai aucun regret sur mon orientation, j’ai échoué à trois concours et pourtant, j’ai réussi ailleurs et je suis épanouie.
J’ai emprunté une citation de Marcel Proust pendant mon année de Terminale et elle ne m’a jamais lâché : « il n’y a pas d’échecs définitifs, ni de réussites faciles ». Pour moi, il n’y a pas plus vrai. Et surtout, pour avoir un parcours réussi, il faut aimer ce que l’on fait. Oui, tu auras envie d’arrêter à chaque fois que tu réviseras pendant des semaines pour des partiels, mais si tu aimes réellement ce que tu fais, tu t’accrocheras.
J’espère que ce témoignage pourra t’aider ou te rassurer. Bonne rentrée dans le monde du supérieur !
A.R.
10/12/20
Information supplémentaire :
Si tu as des questions à poser à Tara, que ce soit sur son parcours, ses études ou son voyage, n’hésite pas à lui écrire à l’adresse mail suivante : taracazalas@gmail.com. Elle se fera un plaisir de répondre à tes questions.
La Fac de Bangor. Effectivement, il y a un petit air de Poudlard !