Benoît, 18 ans, est en première année de droit parcours sciences politiques à l’Institut Catholique de Toulouse. Il a accepté de nous parler de sa formation, mais également du droit en général, et donne des conseils à toutes personnes qui seraient intéressées par ce domaine.
Dis-nous brièvement ce que tu faisais au lycée et comment tu es rentré à l’ICT.
J’étais en terminale ES spécialité sciences politiques à Victor Duruy. Je me suis tourné vers l’Institut Catholique de Toulouse (qui n’a de catholique que le nom ! On peut y rentrer sans être croyant, ou en ayant n’importe quelle religion) car je m’intéressais au droit mais que je ne voulais pas me retrouver en fac. J’avais besoin d’un accompagnement un peu strict. Pour intégrer l’Institut, le plus important est la lettre de motivation. Bien sûr les notes et le dossier comptent, mais ce sont les appréciations et la motivation qui jouent en notre faveur, ou non. Contrairement à la « fac classique », ce n’est pas l’algorithme de Parcoursup qui lit nos lettres, mais directement les professeurs ou l’administration. Pour ma part, il s’agissait de mon premier vœu. Si je n’avais pas été accepté, je me serais tourné vers des études d’histoire ou de communication.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ta formation ?
En droit « général », on est plus de 150 élèves en première année. On suit des cours « classiques » de droit constitutionnel, de droit civil, de sciences politiques et d’anglais (Pas de LV2). Ces cours magistraux sont accompagnés de travaux dirigés hebdomadaires, mais ce sont des professeurs plus jeunes qui se chargent de nous lors de ces évaluations. On doit par exemple étudier des documents et répondre à des questions, mais on peut aussi avoir des dissertations. En étant dans le parcours sciences politiques, j’ai quatre cours supplémentaires : political and social history (histoire en anglais), de la culture générale en anglais (je viens par exemple de terminer un exposé sur l’assassinat de JFK), des cours sur la constitution américaine (en français), et des problèmes économiques (aussi en français). On est 45 à avoir choisi ce parcours, mais on est divisé par groupe.
Dans le mien, on est 16 alors qu’on aurait été 30 ou 40 en fac. C’est pratique lors des visios (dues au contexte sanitaire), tout le monde peut prendre la parole. Et tout le monde doit prendre la parole. On a l’obligation d’allumer notre caméra pour ne pas être noté absent, et même notre tenue vestimentaire est surveillé. Interdit par exemple de suivre les cours en pyjama ! Mais on est très bien accompagné et soutenu. En comparaison avec des amis qui sont en fac et se sentent seuls, on reçoit un mail de notre administratrice tous les jours, qui prend de nos nouvelles. Et trois fois par semaine, un message d’encouragement pour continuer à travailler malgré le contexte sanitaire.
Qu’est-ce que cela représente comme charge de travail ?
Le premier soir, quand je suis rentré, j’ai travaillé jusqu’à une heure du matin ! Alors qu’au lycée, je rentrais, je posais mon sac, et je pouvais aller jouer. Là j’ai cours le mercredi jusqu’à 20h (même à distance !) et le samedi matin. Mais c’est surtout les trois premières semaines qui sont difficiles, car on doit préparer un examen appelé « L’unité de transition ». Par contre, on est loin des clichés sur le droit : à aucun moment on ne doit apprendre le code civil par cœur, on nous apprend plutôt à avoir un raisonnement juridique. Et quand on me disait que le droit c’est la « poubelle des étudiants », les élèves qui étaient là « par hasard » en septembre sont parti au bout de deux semaines.
Qu’est-ce que vous pouvez faire à côté des cours ?
Avec le confinement, on n’a pas pu s’inscrire dans les associations ou les clubs sportifs. Mais en temps normal, on peut faire plein de choses. Il y a des clubs de foot, de rugby, de musique...On peut également participer aux activités proposées dans les autres campus de Toulouse, mais on peut aussi créer des associations. Avec des amis, on aurait voulu créer un club du terroir pour valoriser la gastronomie régionale. J’aurais aussi voulu intégrer un groupe humanitaire qui apporte son aide dans la ville, mais permet aussi de partir à l’étranger en été par exemple. Quand on rentre à l’Institut, on est parrainé par un étudiant en deuxième année. Cela permet de mieux s’intégrer, et puis il y a une bonne ambiance entre tous les élèves. Mon appréhension du début d’année s’est vite envolée.
Tu viens de nous parler de séjour à l’étranger, avez-vous des possibilités de stages ou autres à l’ICT ?
Sur les trois ans de formation, on a 200 heures de stages à faire. L’idéal est de les répartir tout au long de notre licence. Je voudrais faire un stage par an dans des lieux différents : un commissariat de police, puis un cabinet d’avocat, et enfin quelque chose de plus « politique ».
Qu’est-ce que tu envisages après ta licence ?
C’est encore un peu flou. Il y a des masters proposés à l’Institut, mais je ne sais pas exactement ce que je veux faire. Le problème en droit, c’est qu’on peut par exemple adorer le droit public et détester le droit privé durant une semaine, et ce sera le contraire la semaine suivante. Mais sinon en début d’année, notre professeur de droit administratif nous a dit que si on n’aimait pas sa matière, c’était normal. Mais si on l’appréciait, on était « taré ». Je suis donc l’un des rares « tarés » à trouver ce cours passionnant !
Tu voulais donner des conseils pour le droit de manière générale…
Oui, et c’est très important. Si vous voulez rentrer en droit, sachez qu’il faut aimer l’Histoire, être ouvert d’esprit (on parle de toutes les religions à l’ICT), et surtout aimer apprendre. La culture générale est très importante, c’est pourquoi je recommande à tous les intéressés de se préparer durant l’été. Je pensais par exemple que j’avais une bonne culture G, mais il y a une certaine différence entre le lycée et le supérieur. Donc il faut reprendre les fondamentaux et enrichir ses connaissances pendant la période estivale. Suivez les actualités, installez France Info et le Monde sur votre téléphone, et activez les notifications. Les professeurs nous encouragent à regarder notre portable si une nouvelle vient de tomber, même si on est en cours, pour le partager à l’ensemble de la classe.
Abonnez-vous sur Instagram ou sur Youtube à HugoDécrypte, c’est un conseil personnel. Vous pouvez aussi regarder des films historiques, mais pas de série Netflix sur le droit : la législation et les procès américains ou britanniques sont très différents par rapport à la France. Pour finir, familiarisez-vous avec le personnage de Robinson Crusoé : que ce soit le livre de Daniel Defoe, Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier, ou même le film de Robert Zemeckis Seul au monde, on étudie beaucoup ce personnage en droit.
A.R.
03/12/2020
Informations supplémentaires :
Si tu es intéressé par l’Institut Catholique de Toulouse ou le droit, si tu as la moindre question à poser à Benoît, il a gentiment accepté de laisser son adresse mail. Tu pourras ainsi le contacter et il tentera de te répondre dès qu’il le pourra : ben.sempastous65@gmail.com
Il nous a précisé qu’il y a en ce moment une visite virtuelle de l’ICT sur le site suivant, où tu peux d’ailleurs trouver toutes les informations dont tu as besoin : https://www.ict-toulouse.fr/
Et si tu en demandes encore, si ces informations et ces liens ne te suffisent pas, Benoît est prêt à organiser une réunion sur Zoom s’il y a assez d’élèves intéressés. Lui ou nous reviendrons vers vous si cette visio se met en place.