Ancien S du lycée Victor Duruy, Anthony est en train d’achever sa première année de DUT* génie civil à l’IUT Paul Sabatier de Toulouse. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur sa formation.

Tout d’abord, qu’est-ce que le génie civil ?

Le génie civil désigne les métiers en lien avec la construction de bâtiments civils, de routes, de ponts… On peut travailler dans ce domaine de deux manières différentes. Soit on est architecte ou ingénieur dans un bureau d’étude : on effectue plutôt un travail de recherche. Soit on évolue en extérieur, sur les chantiers, et on sert en quelque sorte de manager : on dirige une équipe d’ouvriers.

Qu’est-ce qu’on t’enseigne dans ton DUT ?

Par rapport aux deux spécialités que je viens d’expliquer, on nous apprend à gérer un groupe, à parler aux ouvriers. En parallèle, il faut aussi maîtriser et aimer le dessin technique. C’était d’ailleurs une source de stress avant que je rentre dans l’IUT, mais en travaillant correctement, j’arrive à me débrouiller. On a aussi des cours d’anglais et de communication (des cours de français axés sur le vocabulaire professionnel). Le cours « structure et stabilité » nous permet d’étudier la résistance des matériaux et leur choix, savoir si on utilise une poutre ou un poteau suivant les situations par exemple. J’ai aussi des cours de physique : c’est un peu plus dur qu’en terminale S, mais la régularité des contrôles (tous les vendredis) nous oblige à travailler… et progresser.

Des contrôles tous les vendredis…

Oui, durant un DUT, on est évalué en contrôle continu. C’est comme si on avait des partiels chaque semaine. On est aussi évalué avec des TD (travaux dirigés) et des TP (travaux pratiques). J’ai environ 180 heures de TP dans l’année. Mais on ne fait l’impasse sur aucune matière : elles ont quasiment toutes le même coefficient.

Dans ta promo, vous êtes tous issus de la filière S ?

Non, il y a aussi des STI2D (filière technologique) parmi lesquels j’ai retrouvé d’anciens Bagnérais. De manière générale, ils sont plus avantagés car ils connaissent déjà certaines matières, pratiquent le dessin technique… Mais les généraux comme moi sont plus motivés car on n’est pas là par hasard.

Et toi, pourquoi es-tu là ?

Au lycée, je ne savais pas quoi faire. J’étais déterminé mais selon moi pas assez bon en maths pour suivre une classe prépa. Dans mes vœux, j’ai quand même mis des prépas en vu de rentrer dans une école d’ingénieur. Et puis on m’a suggéré de demander un IUT. C’est là où j’ai été pris. Je préfère ça qu’aller directement en école d’ingé vu le niveau, ou en licence professionnelle où les professeurs ne sont pas forcément à l’écoute. J’avais besoin de structure, et la crise sanitaire a donné raison à mon choix : nous avons été bien plus en présentiel que les étudiants en licence.

Comment cela s’explique ?

On est 180 dans ma promo (avec seulement 10 % de filles), plus que 150 aujourd’hui. On suit nos cours magistraux en distanciel, et le reste en demi-groupe, en présentiel.

Après tes deux ans d’études, que comptes-tu faire ? Ou que peux-tu faire ?

Dans la promo, il y a au moins deux types d’étudiants : ceux qui veulent juste réussir leur année (environ 10 de moyenne) et ceux qui souhaitent rentrer dans une école d’ingénieurs comme moi (à partir de 13 de moyenne). Le diplôme d’ingé dure 3 ans, c’est pour ça que je ne sais pas comment cela se passera avec le BUT*. Je serais donc en principe diplômé à bac+5 avant de pouvoir rentrer dans la vie active. Autre possibilité : on peut soutenir une thèse et travailler dans la recherche, voire devenir professeur à l’IUT.

Tu vas pouvoir partir à l’étranger ou faire un stage durant tes études ?

Alors oui, on fait des stages. D’ailleurs, je conseille aux futurs étudiants de s’y prendre un peu plus à l’avance que moi, car j’en commence un dans deux semaines et je viens à peine de le trouver. Il va me permettre de suivre des ouvriers pour comprendre le milieu du chantier, voir ce qui se passe au sein d’une équipe que je pourrais peut-être dirigé plus tard. Par ailleurs, l’année prochaine, j’aurais le choix entre suivre un semestre de cours à l’étranger (en anglais ou en espagnol) ou faire un stage de 8 semaines. Actuellement, je compte faire le semestre à l’étranger afin d’améliorer mon niveau en anglais, car avoir le TOEIC est obligatoire pour être ingénieur. En plus, je me trouve assez nul, et je n’avais pas pris la section européenne au lycée.

Où peux-tu partir ?

Avec le Brexit, c’est compliqué d’aller au Royaume-Uni désormais. Mais je peux partir en Irlande, en Lettonie, en Norvège, en Suisse… bien sûr, les gens qui ont des pistons peuvent aller dans d’autres pays.

As-tu des conseils à donner aux lycéens qui vont lire ton témoignage ?

S’il y a une chose que je regrette, c’est de ne pas avoir commencer à travailler sérieusement dès la 1ère. J’aurais pu rentrer en école d’ingé directement si je m’étais mis au travail plus tôt. Je ne dis pas qu’il n’y a plus d’espoir en Terminale mais bon...Il faut aussi penser à se renseigner sur les études post-bac sans tarder. Cela permet d’être plus rassuré, mais surtout de se fixer un objectif pour se mettre au travail plus facilement. D’ailleurs, je recommande le site Study Advisor. C’est un site où tu peux prendre rendez-vous avec des étudiants pour discuter avec eux de leur formation, un peu sur le même principe que les interviews du Média du Lycée.

A.R

20/05/21

*

IUT = Institut universitaire de technologie

DUT = Diplôme universitaire de technologie (Bac+2)

BUT = Bachelor universitaire de technologie (Bac+3)

N.B. : dès la rentrée 2021, le DUT est remplacé par le BUT. Anthony nous a donc expliqué en quoi consiste son DUT et non le BUT à venir, formation qui s’étendra sur une année supplémentaire.