L'Arnica, kézako ?

Cette page n’a pas vocation a être encyclopédique : bien des informations existent sur le net et nous invitons le lecteur à parcourir ces sites pour en savoir plus.

Par ailleurs, la bibliographie scientifique relative à l’Arnica est très fournie : cette plante est très étudiée car c’est une incontournable de la pharmacopée occidentale et de plus elle est à la croisée d’enjeux environnementaux, économiques et sociaux.

Descriptif de l'Arnica

Nom latin

Arnica montana L., 1753

Nom français

Arnica des montagnes, Arnique des montagnes

Noms communs

Plantain des Alpes : allusion au fait que les feuilles de l’arnica ressemblent à celle du plantain et au fait que l’espèce est fréquente dans les Alpes.

Tabac des Vosges, Tabac des Alpes : allusion au fait que les feuilles étaient autrefois fumées par les bergers des montagnes des Alpes ou Vosges.

Herbe aux chutes : allusion au fait que cette espèce soigne les bleus, ecchymoses, dus au chutes ou aux coups.

Etymologie

le nom « arnica » est féminin. Il proviendrait peut-être d’une altération latine du grec ancien « ptarmique » (plante dont les fleurs font éternuer).
Le n a pu se substituer au m. La disparition de pt s’explique probablement par une atténuation par le fait que le latin ne connaît pas ce groupe de consonnes à l’initiale. Ainsi, cette origine du nom arnica ferait allusion à ses propriétés sternutatoires (qui provoque des éternuements).

L’épithète montana fait allusion au fait que cette espèce est de répartition plutôt montagnarde. Elle provient du latin mons.

Description botanique

Plante herbacée vivace, de la famille des Astéracées, présentant une rosette de feuilles à la base de 20 à 30 cm de diamètre et une tige florifère de 30-40 cm de hauteur, sur laquelle se développent souvent 3-4 (jusqu’à 10) capitules de fleurs jaune orangé de 6-8 cm de diamètre.


Le saviez-vous ?

Ce que vous croyez être la fleur de l'Arnica, est en fait une inflorescence, soit un regroupement de fleurs, nommé « capitule ».
Chaque pétale est en réalité une fleur ! Chaque tube au centre est également une fleur !
Une stratégie pour être facilement et rapidement pollinisée par un insecte.
La preuve en images :
Sur les photos suivantes, on voit bien les étamines et le pistil au centre.

En hiver, les feuilles disparaissent, seul persiste alors le bourgeon central.
La plante se multiplie par graines, mais aussi de manière végétative, de proche en proche.
Les fleurs dégagent une odeur caractéristique. 

Source : Par Franz Eugen Köhler, Köhlers Medizinal-Pflanzen — List of Koehler Images The Internet Archive, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=255279

Période de floraison

Plaine : mai-juin ; Montagne : juin-juillet-août, floraison possible dès la deuxième année de culture.

Milieu de vie

Principalement pelouses et landes montagnardes sur sols acides et pauvres en éléments nutritifs (ajouter à la base pleine lumière mais maintenant demi ombre). L’Arnica a besoin de froid (périodes de gel prolongées) et d’humidité (précipitations annuelles minimum de 800 mm), sous la forme de pluie ou de neige.
Elle peut supporter une humidité du sol assez importante mais pas toute l’année. 

Crédit photo : Christophe Grèze

Distribution géographique

Essentiellement présente dans les régions montagneuses de l’Europe et du sud de la Russie. Elle est désormais exceptionnelle à l’étage dit collinéen (< 1000 m d'altitude).               
En France, on retrouve la sous-espèce montana au niveau des principaux massifs montagneux : Vosges, Alpes, Massif central, Pyrénées et dans de rares stations en plaine (sous-espèce atlantica) .

Source :  Par own product Abalgsuggest by : fr:Arnica montana — Own work with fr:Image:Europe topography map fr.png by San Jose as GNU Free Documentation License, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3117530

Menaces et impacts humains

Autrefois commune en Europe, cette plante a progressivement décliné au sein de son aire de distribution et semble se cantonner aux stations des plus hautes altitudes ou en situations confinées au niveau microclimatique.           
Elle est menacée pour plusieurs raisons :

En premier lieu, à cause de l’intensification des pratiques agricoles (fertilisation azotée, retournement de prairies, surpâturage),

La déprise agricole, avec la fermeture des milieux, qui ne deviennent plus propices à son développement.

La sur-cueillette, avec le cumul des cueillettes familiales et professionnelles : le métier de cueilleur s’est démocratisé ces dernières années, entraînant une pression de récolte sur cette plante.

Et depuis quelques années, le changement climatique est la goutte d’eau qui fait déborder le vase : l’augmentation des températures, le soleil brûlant et les sécheresses estivales voire hivernales (ainsi que la diminution des précipitations neigeuses) entraînent une régression accélérée de l’espèce.

A noter, mais c’est encore anecdotique, qu’avec l’enjeu de culture qui devient fort, que la menace de pollution génétique par la variété commerciale ‘Arbo’ dans les foyers de présence de l’espèce, est à prendre aussi en considération.

Protection

Contrairement aux idées reçues, l’arnica n’est pour l’instant pas protégée partout en France (mais ça ne saurait probablement tarder !).
Elle est par contre protégée dans certaines régions : Centre, Bourgogne et Aquitaine. Certains départements l’ont protégé également ou réglementé sa cueillette.

Elle est inscrite comme « espèce végétale d'intérêt communautaire dont le prélèvement dans la nature et l'exploitation est susceptible de faire l'objet de mesures de gestion », en Annexe V de la Directive Habitat/Faune/Flore : cela n’entraîne aucune protection stricte si les états membres ne prennent pas de mesure de réglementation de cueillette localement par arrêté préfectoral.

Parasitisme

L’Arnica a un parasite qui lui est spécifique : il s’agit d’une petite mouche nommée Tephritis arnicae, qui pond ses œufs dans les inflorescences. La larve se nourrit du capitule et des graines. Dans des populations de montagne, les fleurs peuvent être fortement infestées par ce parasite. 

Elle présente un risque en conditions de culture.

D’autres espèces peuvent s’avérer problématiques pour l’arnica notamment au sein des mollusques : les limaces peuvent ainsi exercer une pression d’herbivorie importante sur ces feuilles très appétentes, qui pourrait expliquer son absence aux plus faibles altitudes.

Propriétés médicinales et utilisation

L’ensemble de la plante a de multiples propriétés médicinales, connues depuis l’Antiquité : elle est antalgique, anti-inflammatoire, circulatoire, cicatrisante, immunostimulante, stimulateur cardiaque et respiratoire, antispasmodique.  Certaines parties de la plante sont même considérées comme anti-bactériennes.

En phytothérapie et donc en usage classique, elle est principalement utilisée pour soulager les ecchymoses, hématomes, oedèmes, contusions, douleurs articulaires, tensions musculaires, piqûres d’insectes, coups de soleil… 

Elle est fortement conseillée dans le cadre de la préparation et récupération sportive. 

Son utilisation est destinée aux humains mais également aux animaux domestiques (produits vétérinaires) : équins, bovins, ovins…

Plusieurs utilisations sont possibles en fonction des maux à traiter.
En pharmacopée occidentale traditionnelle, l’homéopathie est fréquente.                                   
Elle peut être utilisée sous forme de macérats huileux, baumes, gels, crèmes, infusions de fleurs (consommation non orale) ou encore teintures mères. Les préparations en base huileuse sont plutôt utilisées à des fins internes tandis que celles en base alcoolique (teinture mère) sont appliquées pour des maux superficiels.

Conseils de culture

Semis


Période de semis : (février) mars à avril pour une plantation au printemps ou fin août pour une plantation à l'automne.
Semer dans un substrat fin, en godets ou plaques de semis sous abri. Maintenir le substrat toujours humide.


Germination :  En moyenne, au bout de 14 jours. La germination d'un lot de graines est assez étalée dans le temps.

Repiquage : au bout de 2-3 mois, au stade 4-6 vraies feuilles (diamètre de la rosette d'environ 3 cm).

Plantation


Ce végétal local est adapté à notre territoire, ce qui lui confère une bonne reprise si les conditions suivantes sont respectées : plantation préférentiellement en demi-ombre (on veillera à ce qu’elle soit à l’ombre au moins une partie de la journée pour compenser la baisse d’altitude) ; arrosage copieux pendant les deux mois qui suivent la plantation et lors des journées très sèches d’été. 

Type de massif : plantes de terre de bruyère de préférence ; se mariera à merveille avec rhododendrons, bruyères, callunes, camélias, hortensias. 

Sol : sol acide, frais et drainé (!! éviter les sols calcaires et trop argileux !!) et/ou terre de bruyère. 

Exposition : soleil (en montagne) à demi-ombre (recommandé en plaine). 

Densité de plantation : environ 9 plants au m², soit un espacement d’environ 30 à 40 cm entre les plants. 

Période de plantation : printemps (avril-mai) ou automne (septembre-octobre).

Arrosage : maintenir un sol toujours frais. 

Températures supportées : -20 à 25C°, supporte très bien le gel. 

Protection : paillage naturel (broyat, feuilles mortes) recommandé. 

Entretien : taille des tiges florales après floraison. 

Multiplication : par division des touffes, à l'automne.