Pourquoi ?

Exploité en maternelle et au primaire, le “jeu” est devenu une activité incontournable dans les écoles. Outre l’aspect social qu’il développe chez les enfants, celui-ci a un réel impact pédagogique sur la découverte de nouvelles notions et leur pérennisation dans le temps. Néanmoins, le “jeu” est encore vu pour beaucoup comme une activité “frivole”, synonyme de perte de temps en classe. De ce fait, son utilisation est abandonnée peu à peu au secondaire et devient inexistante dans le supérieur. 

Notre but, dans cette synthèse, est de comprendre quels intérêts pédagogiques peuvent avoir la pratique des jeux dans l’apprentissage des mathématiques. Autrement dit, en quoi le jeu peut améliorer les pratiques d’enseignement d’un professeur de mathématiques ? . 

I - Les bénéfices du "jeu" 

D’après la définition du dictionnaire Le Petit Robert, le “jeu” est une “activité physique ou mentale dont le but essentiel est le plaisir qu'elle procure”. Initialement, le “jeu” ne servirait donc qu'à divertir, en créant une parenthèse “spatio-temporelle” qui implique de nouvelles règles. 

Néanmoins, lors du jeu, les joueurs deviennent acteur de leur destin à travers leurs choix, tout en laissant place à une part de légèreté et de mystère, pendant le jeu. Ces dernières années,  plusieurs recherches scientifiques notamment celle d’Eduscol, ont démontré que “jouer en classe” apportait de nombreux bénéfices aux enfants en plus de l’aspect ludique.   

D’une part, en étant acteur de son destin dans le jeu, l’enfant doit prendre des décisions. Dans le but de gagner, il est incité à mettre en place des démarches scientifiques en se posant des questions, en formulant des hypothèses et en établissant des stratégies. L’enfant développe donc différentes compétences de réflexion et de logique

D’autre part, “jouer” développe en classe un climat de légèreté autour de l’univers choisi. En plus de simplifier la compréhension des notions abordées, le “jeu” permet de dédramatiser l’erreur de l’enfant pour lutter, à plus long terme, contre la peur de l’échec. En effet, il est plus facile de perdre à un jeu que de rester bloqué devant un exercice. Ce contexte bienveillant et novateur facilite l’entraide, surtout lors des jeux collectifs, et redistribue les cartes quant à l’implication des élèves en classe, notamment pour les plus timides. 

En parallèle, il mémorise également de nouveaux concepts  En alliant le plaisir de jouer à la découverte de concepts scientifiques, le “jeu” suscite la curiosité des enfants, nécessaire à leur développement personnel. 

Dans le contexte de notre recherche, nous nous intéressons principalement aux jeux dit “pédagogiques”. Ce sont des jeux centrés sur des savoirs et des apprentissages précis. Le but est de faciliter la compréhension des notions abordées en classe et de consolider ces connaissances sur le long terme. En donnant un intérêt ludique aux mathématiques vu en classe, certains concepts scientifiques prennent sens, sont illustrés et manipulés. 

II - Apprentissage & Mémorisation 

Ainsi, le “jeu” peut-être un support précieux pour aider les élèves dans l’apprentissage des maths. Encore faut-il bien l’exploiter. Pour cela, il est nécessaire de s'intéresser à la façon dont fonctionne l’apprentissage chez l’enfant. L’apprentissage est définie comme l’ensemble des processus de mémorisation menant à l'acquisition de savoir-faire, de savoirs ou de connaissances. 

La mémorisation en tant que tel est le processus par lequel l’homme synthétise et stocke des informations et des connaissances dans sa mémoire afin de pouvoir les récupérer par la suite. 

Afin de d’être mémoriser, l’information va passer plusieurs étapes : elle est d’abord transformée en messages sensoriels (encodage) puis conservée en mémoire à court ou long terme (stockage) pour finalement être restituée (récupération) quand cela est nécessaire. 

La plus utilisée est la mémoire de travail définie comme une mémoire à court terme : elle permet de stocker l’information un bref instant et réaliser plusieurs tâches à la fois comme prendre en note, écouter le professeur et regarder le tableau. La mémoire à long terme se distingue en deux branches : les mémoires explicites et les mémoires implicites. Liées aux souvenirs, les mémoires explicites se développent autour d'événements vécus (mémoire épisodique) et de connaissances générales, voire familières (mémoire sémantique). Relevant de l'inconscient, les mémoires implicites se consolident autour d’automatismes, de savoir-faire (mémoire procédurale) et à travers nos 5 sens (mémoire sensorielle / perceptive).

Afin de pérenniser les apprentissages, l’important est d’inscrire les connaissances dans la mémoire à long terme. Cette consolidation passe par un excellent encodage et une récupération rapide de ces informations. 

Bien connue de la culture populaire, l’encodage est facilité par la mémoire sensorielle : les 5 sens simplifient la décomposition de l'information (couleur, positionnement sur le cours, bruit externe, exemple type associé ..). Certaines informations peuvent même être stockées dans la mémoire épisodique si elles sont associées à un souvenir marquant. Toutes ces liaisons facilitent la récupération d’informations lors de la restitution de connaissances. 

Outre cette méthode, c’est en pratiquant fréquemment la récupération d’informations dans la mémoire à long terme que sa mémorisation se pérennise. L’utilisation de la répétition dans le temps permet de fixer un ensemble de connaissances, de plus en plus définies, dans la mémoire procédurale et sémantique. Ainsi, en classe, pour faciliter l’acquisition d’une connaissance ou d’une compétence, il faut par exemple la demander régulièrement ou l’associer à une anecdote historique, drôle et surtout unique. Grâce à la mémoire épisodique, "jouer" facilite l’apprentissage en associant des instants vécus à des connaissances.

Le choix des jeux est donc important et doit reposer sur la répétition des méthodes et des concepts travaillés en classe. Pour renforcer l’encodage des enfants, il est recommandé de se concentrer sur la stimulation intellectuelle des enfants pendant le jeu, que ce soit les intéractions sociales, les supports visuels, les réflexions et manipulations proposés en classe.

Finalement, tout en travaillant sur les apprentissages à long terme, le “jeu” reste un excellent outil, ludique et pédagogique, qui gagne le cœur des enfants en classe.  

Sources disponibles dans l'onglet Sources

Article rédigé en août 2023