Quel est l'avenir de la gouvernance urbaine ? Quelles seront les futures formes de démocratie pour une meilleure participation citoyenne ?
De nouveaux mouvements de gouvernance influencés par un arc humaniste : municipalisme et communalisme ont de l'avenir dans nos villes.
Néo-municipalisme et villes humanistes
Présentation de 3 thématiques :
La démocratie e(s)t la ville (1'00")
Feminization of Politics (25'10")
Les Invisibles de la ville (45'20")
Grenoble - 2 avril 2021
Murray Bookchin propose une nouvelle vision du rapport entre l’être humain et son environnement. Il a émis l’idée selon laquelle l’obligation faite à l’humain de dominer la nature découle directement de la domination de l’humain sur l’humain. De là découle la nécessité d’harmoniser les relations que les hommes entretiennent avec la nature, mais aussi entre eux. Ainsi selon Bookchin, les problèmes écologiques sont avant tout des problèmes sociaux (Durant-Foloc, Van Outryve, 2020), et aucun ne sera résolu sans un profond changement social ni une transformation radicale des institutions politiques et économiques.
Le municipalisme libertaire qu’il a théorisé est donc le pendant politique de l’écologie sociale. Cette théorie révolutionnaire est inspirée de principes anarchistes, et postule pour la création d’un espace à côté de l’Etat et des institutions existantes, via l’instauration d’une confédération démocratique de communes libres destinée à remplacer l’Etat et le capitalisme. Il appelle donc à une « nouvelle politique civique, comme un contre pouvoir à l’Etat, une décentralisation des décisions au niveau communal, pour créer une véritable démocratie directe ». Les structures de domination que sont l’Etat-nation et le capitalisme doivent être abolies afin de permettre la création d’une démocratie active, réelle et autogérée. Le municipalisme libertaire vise ainsi au développement de formes durables d’assemblées populaires et d’institutions radicalement démocratiques sur le long terme.
Il existe là une réalité que l’on préfère ignorer, à savoir la complexité de mobiliser efficacement les citoyens. Certes, aujourd'hui de plus en plus d’initiatives toujours plus innovantes sont mises en place, mais sont-elles suffisantes pour donner un réel pouvoir aux citoyens ? Il convient alors de se demander comment les pouvoirs publics peuvent-ils donner envie de s’impliquer à une population qui perd espoir en la démocratie. Comment prouver aux citoyens que leur parole compte et les inciter à faire entendre leur voix.
Selon l’observatoire de la participation citoyenne, celle-ci correspond au processus d’engagement de citoyens lambda, agissant seuls ou collectivement, afin d’influer sur leur vie communautaire. Elle se manifeste au travers des tentatives d’influence sur les prises de décision et d'initiatives citoyennes visant à renforcer le « bien-vivre ensemble ». Elle peut s'intégrer dans un cadre institutionnalisé et être organisée à l’initiative des membres de la société civile organisée ou des décideurs politiques ; au contraire elle peut émaner des citoyens eux-mêmes, dans une approche ascendante.
« La distinction entre municipalisme et communalisme passe par l’opposition entre la logique de la souveraineté municipale et celle du commun. [...] Un nouveau communalisme distinct du municipalisme doit au contraire destituer la logique de la souveraineté, des pouvoirs publics et de l’action publique, pour lui substituer celle de l’auto-gouvernement et de l’auto-organisation citoyenne, et faire ainsi affleurer un conflit entre la souveraineté de l’Etat-nation et l’alternative de l’auto-gouvernement des assemblées populaires communales » (Paula Cossart, 2020). « Dans un contexte historique marqué par l’explosion des inégalités sociales, la crise des gouvernements représentatifs, la montée des populismes autoritaires et l’urgence climatique, la construction d’une alternative globale n’a jamais été aussi nécessaire. […] La perspective du municipalisme représente une voie alternative pour construire un projet de transformation sociale par en bas » (Jonathan Durand-Folco, Sixtine van Outryve, 2020).
« Le municipalisme d’aujourd’hui appelle à se réapproprier la ville ». « Les villes apparaissent comme des espaces permettant de récupérer les institutions pour mieux défendre les conditions de vie et de subsistance de la majorité des citoyen.nes, et de mettre en place des processus et des dynamiques mutualistes, communautaires et de protection venues d’en bas ». (Joan Subirats, 2018).