Les intervenants

Janaïne GOLONKA


Médiations immersives, dispositifs expérientiels, réalités virtuelles et scénographies émotionnelles : une approche infocommunicationnelle des reconstitutions des lieux de mémoire des conflits contemporains

Les dispositifs numériques immersifs autour des lieux de mémoire des conflits contemporains proposent des expériences à première vue diversifiées, portées par des acteurs aux intentions multiples mais qui ont un objectif commun, celui de faire revivre l’histoire, ou du moins, de se rapprocher de "ce qui a été vécu" pour tenter de mieux faire comprendre au public ces événements historiques si particuliers. Si chaque conflit est différent et repose sur une mémoire et une histoire spécifiques, avec des enjeux de médiation qui lui sont propres, il existe des similitudes dans la mise en œuvre des dispositifs immersifs et il est possible de les mettre en regard afin de mieux comprendre les enjeux qui les traversent et la façon dont ils évoluent au prisme des nouvelles technologies. Cette intervention questionnera plus spécifiquement les expériences pour casque de réalité virtuelle autour des tranchées de la Première Guerre mondiale et qui ré-actualisent des pratiques nées presque à l’aube du conflit. Elle présentera également un projet actuellement en cours de développement au Mémorial du Camp de Rivesaltes, bâti sur un lieu qui a traversé plusieurs des grands conflits contemporains, et qui vise à la conception d'un dispositif pour casques de réalité virtuelle à destination de publics de 11 à 15 ans, sur un mode participatif. A travers ces regards croisés, nous chercherons à mieux comprendre la nature de ces nouvelles expériences immersives, quels sont leurs enjeux et leurs limites, quelles sont les mises en scènes qu’elles proposent, quelle place donnent-elles à l’émotion et quelles sont les représentations qu'elles véhiculent.

Après un parcours universitaire spécialisé en médiation culturelle et communication, parallèlement à son activité de conseil gestion de projet en ingénierie culturelle, Janaïne Golonka mène actuellement un doctorat au sein du laboratoire Lerass à l’Université Toulouse III, sous la direction de Patrick Fraysse. Elle s’intéresse aux enjeux de la médiation culturelle numérique, en particulier aux médiations immersives autour des lieux de mémoire des conflits contemporains, avec pour terrain de recherche, les reconstitutions de tranchées de la Première Guerre mondiale.


Maryse RIZZA

"Faire l’expérience d’un lit virtuel : Quand le projet de médiation du patrimoine permet de reconstituer la trace". L'enquête du projet MÉDICIS.

Le projet « Medicis » est un projet de recherche universitaire pluridisciplinaire du territoire culturel Centre Val de Loire. Son développement fait appel à plusieurs acteurs de la culture, historiens et spécialistes du mobilier ainsi qu’à plusieurs laboratoires universitaires dans la perspective de scénariser la restitution du mobilier de Cour du château d’Amboise autour de 1500 dans un dispositif de médiation in situ.

Un travail d’enquête scientifique menés par des historiens spécialistes du mobilier de la Renaissance dans différentes localités patrimoniales (Lille, Gand, Londres, Italie, Centre Val de Loire) a permis de reconstituer la présence et les caractéristiques des éléments d’une chambre tel que le lit ou le coffre (iconographie, dimensions, emplacement). Ce travail de reconstitution, jusqu’alors qualifié de patrimoine sans traces, s’appuie sur la biographie de l’objet (Bonnot, 2020) et a pour particularité d’être le résultat d’un croisement de diverses sources de données (archives, inventaire, données comptables, etc.). L’outil de médiation développé doit scénariser cette reconstitution. Ce travail de recherche interdisciplinaire, intègre le laboratoire PRIM pour questionner les enjeux et les limites de la médiation. Notre travail vise à comprendre le rapport possible des publics du château à cet outil de médiation. La fonction médiatique d’un dispositif numérique immersif n’est en effet pas seulement de reproduire un patrimoine disparu le plus justement possible, mais également de le montrer à des visiteurs, comme support de connaissance du mobilier et de la vie royale sur ce site, et d’inviter ceux-ci à une expérience de visite (Schmidtt, Jarrier, 2019).

Maryse Rizza est maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Tours et membre de l’équipe du laboratoire PRIM (pratique et ressources de l'information et des médiations). Ses travaux de recherche questionnent la diffusion du patrimoine documentaire et plus particulièrement la place et le rôle du document dans l’organisation et la manière dont les liens entre différents acteurs impliqués dans un processus de travail s’inscrivent dans les objets documentaires.


Natalia WAWRZYNIAK

Expérimenter le jeu théâtral en immersion dans des infrastructures théâtrales anciennes virtuellement reconstituées : le projet ARCHAS (Université de Lausanne)


La communication vise d’abord à présenter le projet ARCHAS conçu par E. Doudet à l’UNIL depuis 2018. Le dispositif de RV propose aujourd’hui deux espaces théâtraux, l’un évoquant les conditions de jeu sur tréteaux entre le XIIIe et XVIIIe s., l’autre le jeu en amphithéâtre (Antiquité-période contemporaine). Ces environnements sont exploités dans le cadre de l’Atelier de recherche créative en histoire des arts de la scène pour tester des hypothèses de représentation. L’atelier proposé aux étudiants l’année dernière a été consacré à la première tragédie en français ; le deuxième atelier en cours expérimente avec le corpus de farces composées autour de 1500. Ainsi, il s’agira dans un deuxième temps de proposer un retour d’expériences sur ces deux éditions d’ARCHAS, accompagné d’une réflexion sur les défis pédagogiques du jeu théâtral en immersion guidée.

Natalia Wawrzyniak, docteure ès lettres, est Chercheuse FNS senior au sein d’une équipe du projet Médialittérature. Poétiques et pratiques de la communication publique en français (XVe-XVIe s.), dirigée par Estelle Doudet (UNIL), et prépare une base de données sur les premiers théâtres romands.


Roland BILLEN

Terra Mosana : retour d'expérience et perspectives (sites patrimoniaux, musées et universités de l'Euregio Meuse-Rhin (EMR)


Le projet Terra Mosana est une collaboration entre municipalités, sites patrimoniaux, musées et universités de l'Euregio Meuse-Rhin (EMR) visant à renforcer l'attractivité touristique de cette région transfrontalière et le sentiment d'appartenance à une identité commune à travers l'exploitation digitale de son patrimoine culturel.

La communication portera sur le processus de création des expériences digitales, de l’idéation à l’implémentation. Au travers la présentation des premières réalisations et des premiers retours d’expériences, un premier bilan du projet sera dressé ainsi que les perspectives de développements futurs.

Roland Billen est Professeur au département de Géographie de l’Université de Liège (Unité de Géomatique) depuis 2005. Son doctorat en Sciences à l’Université de Liège en 2002 porte sur les relations spatiales 3D et les structures de données 3D.

Il est actif dans divers domaines des sciences de l’information géographique, comme les modes d’acquisition de données (Topométrie, GNSS, lasergrammétrie…), les SIG et la conception de base de données spatiales ainsi qu’en raisonnement spatial qualitatif. Il est plus particulièrement spécialisé en modélisation 3D et base de données à grandes échelles et en raisonnement spatio-temporel. Plus récemment, il a développé des recherches originales dans le domaine de la gestion de l’information archéologique. Il a dirigé et pris part à de nombreux projets de recherche et d’expertise dans le domaine des Infrastructure de données spatiales. Il a dirigé l’action COST TU0801 sur l’enrichissement sémantique des modèles 3D urbains et dirige actuellement le projet Interreg EMR « Terra Mosana ».


Mathias BLANC , Guilaine LEGEAY Nicolas BREMARD et Julien WYLLEMAN

Visiteurs, sculptures et réalité augmentée : l’expérience Ikonikat 3D au Louvre-Lens


Cette conférence rend compte d'un travail de terrain, mené au musée du Louvre-Lens, auprès de visiteurs découvrant une sculpture du Louvre, le Discophore. Pour étudier la réception et l’engagement des visiteurs face à cette statue, nous avons développé une méthodologie mixte basée sur des enregistrements vidéo et sur des « tracés d'annotation en réalité augmentée ». Notre présentation expose les résultats saillants de plusieurs semaines de travail sur le terrain avec et sans le dispositif numérique « Ikonikat 3D ». Notre étude corrobore la forte influence du cartel sur la façon dont les visiteurs regardent les sculptures. Mais elle montre aussi que l'interaction homme-machine induite par le dispositif numérique crée un espace de visionnage (view space) et un espace d'action (action space) qui ont des conséquences en termes de distance et de point de vue sur la sculpture. Enfin, nous pouvons observer différents registres de significations qui se déploient dans cette situation muséale.

Mathias Blanc est sociologue de la réception des œuvres d'art par les publics de musée. Il conçoit des méthodologies de recherche qui valorisent la plasticité de l’image, les techniques de collage et de tracé à l’aide de dispositifs numériques. Porteur du projet Ikonikat 3D s’inscrivant dans cette perspective, sa démarche a bénéficié des soutiens de l’ANR, de la Fondation I-Site de l’université de Lille, de la SATT Nord et du CNRS.


Guilaine Legeay est, depuis 2011, responsable de la conception, de la réalisation et du suivi de production des projets de médiation numérique au musée du Louvre-Lens.



Nicolas Bremard est ingénieur de recherche au CNRS, au Centre de Recherche en Informatique, Signal et Automatique de Lille (CRIStAL). Il est spécialisé en développement d'applications de réalité virtuelle et augmentée.

Julien Wylleman est ingénieur de recherche à l'Université de Lille, au Centre de Recherche en Informatique, Signal et Automatique de Lille (CRIStAL). Il est spécialisé en développement d'applications de réalité virtuelle et augmentée.




Pascal BUE


HistoPad : les médiations créatives, enjeux de pouvoir et propriétarisation


Mon intervention portera sur un certain nombre d’enjeux sous-tendus par le développement du premier dispositif HistoPad expérimenté au château de Falaise et qui est depuis implanté dans de nombreux espaces museaux et patrimoniaux. Plus largement, ces enjeux intéressent d’autres dispositifs dédiés à ces espaces dont les médiations sont essentiellement numériques et visuelles. Je m’intéresserai spécifiquement aux médiations créatives (Gentès, A. 2008) du dispositif HistoPad en montrant ce que révèle l’analyse des scénarios d’usage (Gentès, A. 2008). Il m’a d’abord fallu considérer la constitution des ressources créées et organisées par le comité scientifique qui a présidé au choix de la société Histovery. Si certains documents annotés et commentés sont la marque des échanges entre le comité et la conception logicielle, l’examen de l’arborescence de l’application montre que certains « scripts » ne peuvent exister sans une médiation technique et humaine. Les médiations créatives retracées montrent des jeux de pouvoir et une prise de pouvoir du design d’interface, donc de l’ingénierie logicielle, sur le projet initial de médiation patrimoniale. Ces enjeux sont tels qu’on peut se demander dans quelle mesure ils ne participent pas d’un processus de propriétarisation de la part de l’ingénierie logicielle.

Pascal Bué est docteur en sciences de l’information et de la communication du Celsa-Sorbonne Université et chercheur au Gripic. Ses recherches portent sur les médiations numériques de l’espace urbain, architectural et patrimonial. Il s’intéresse particulièrement aux dispositifs de modélisation et simulation de l’espace, à leur énonciation éditoriale, à leur esthétique algorithmique et à l’économie politique des écritures documentaires produit pour ces dispositifs.

Genéviève VIDAL et FLorent LAROCHE

Médiation numérique et enjeux de la 3D pour le patrimoine

L’analyse des usages des médiations numériques muséales des publics permet d’identifier les prescriptions qui s’inscrivent dans des politiques de diffusion en renouvellement et de médiation en prise avec le numérique. Les dispositifs de plus en plus sophistiqués à distance et in situ sont rejoints par des échanges numériques généralisés. En ce qui concerne les technologies 3D, celles-ci font actuellement l’objet de développements significatifs, mais il convient de penser les limites de l’utilisation du numérique pour la conservation et la valorisation du patrimoine. Seront abordés dans cette communication à double voix interdisciplinaire : les questions liées au double numérique, les problématiques inhérentes à la numérisation 3D de masse en précisant les barrières technologiques actuelles, à la gestion des connaissances hétérogènes pour garantir authenticité et intégrité de l’objet patrimonial considéré. Ainsi nous dessinerons les contours du patrimoine numérique du futur au regard des enjeux pour les générations à venir.


Geneviève Vidal : Enseignante-chercheure habilitée à diriger des recherches en sciences de l’information et de la communication, ses activités de recherche portent sur les usages de technologies d’information et de communication numériques, notamment dans le secteur muséal. Elle est membre du comité éditorial de la revue Tic & Société. En 2018, elle a publié aux Presses Universitaires de Bordeaux, collection Labyrinthes, La médiation numérique muséale. Un renouvellement de la diffusion culturelle.


Florent Laroche : D’abord ingénieur puis docteur, il utilise son expérience en ingénierie au profit du patrimoine culturel en utilisant les outils du numérique pour préserver et valoriser les connaissances du passé. Ses travaux de recherches portent sur la Gestion du Cycle de Vie des Connaissances Patrimoniales - « KLM for Heritage ».

Florent Laroche participe, gère et a géré plus de 16 projets européens et nationaux. Il est actif dans 21 réseaux scientifiques internationaux et expert pour le consortium numérique de Notre Dame de Paris, de nombreux musées français et est membre du conseil ICOMOS de l'UNESCO. Il est membre associé du CIRP (www.cirp.net) visant à définir l’environnement industriel de demain.

Il est auteur, co-auteur ou conférencier invité dans plus de 230 communications scientifiques citées plus de 700 fois ; directeur de 12 doctorats, 26 masters.