Pont de bois sur le Gouët (1731-1733)

Un pont de charpente bois, comprenant deux travées reposant sur une pile avec culées en maçonnerie, fut construit en aval du manoir de Favigo (plan ci-dessous). Le début des travaux commencent en 1731 pour se finir en 1733. Dès lors, le Port Favigo, du nom du propriétaire du manoir construit en 1556, situé en amont ne pouvait plus recevoir de bateaux. Durant cette période, le chemin de la vieille côte conduisant à St Brieuc fut amélioré et élargi, il fut à cette époque désigné sous le nom de Chemin Neuf. L’original de ce plan du pont dit « Pont de Gouët » se trouvait, dans les années 1960, aux archives du service des eaux de la ville de St Brieuc. De part sa conception, il ne faut pas s’étonner que ce pont fut détruit par une crue centennale. Son emplacement correspond au point le plus aval du bassin versant du Gouët. Il avait été créé pour enjamber le lit mineur de la rivière en cet endroit de l’estuaire maritime qui occupait le lit majeur entre les collines. Il joignait une levée construite de part et d’autre des rives et ceci constituait une sorte de barrage au travers duquel l’eau ne pouvait s’écouler que sous le pont  sur une largeur de 36 pieds (environ 10,80 mètres). Les marées, étant étalées dans la durée,  pouvaient remonter facilement vers le secteur du Moulin de Souzain, créant sous le pont un courant plus important, sorte d’auto curage du chenal. Mais la crue d’orage très importante de 1773 (appelé déluge de Chatelaudren),  venant de l’amont, butta sur le barrage et, ne pouvant s’écouler que sous le pont, déborda et emporta celui-ci. 

C'est ce pont qui est marqué « renversé » sur le plan de 1784. 

Si l’on admet, ainsi que des auteurs crédibles l’ont écrit1 que le nom du Légué viendrait d’un passage à gué pour traverser le Gouët, il n’y a pas de doute qu’il y a deux ou trois siècles ce passage se faisait déjà à marée basse sur un petit pont de pierres. En effet, ce passage est attesté par cette pétition des habitants du Légué en date du 13 juillet 1784 2 dont voici un extrait : 

Par cette pétition les habitants du Légué exigeaient de conserver leur propriété des pierres du «petit pont de pierres traversant la rivière à marée basse à l’extrémité du quai, réclamant contre cet enlèvement parce que ce pont en pierre existant de temps immémorial au même endroit, entretenu par eux et leurs pères, est une propriété qui leur appartient et qui leur étoit de la plus grande utilité pour communiquer de l’autre côté de la rivière ... »

Cette pétition est signée d’une quinzaine d’habitants dont plusieurs armateurs connus: Rouxel du Marais, Rouxel de Villeféron, Louis Denis…

Après la destruction du pont de bois, les piétons franchissaient la rivière, à marée basse, au moyen de grosses pierres plates dans le lit de la rivière, de distance en distance. Pour remédier à cet état de choses, on construisit vers 1780, vis à vis de la maison Favigo, une passerelle de bois de trente trois mètres de longueur et de un mètre quatre vingt de largeur. Elle était submersible et supportée par des chevalets qui formaient neuf travées d'inégale largeur. Elle était uniquement à usage des piétons et des cavaliers. Cet ouvrage, qui fut établi aux frais des habitants et qui fut, à diverses reprises, l'objet de réparations importantes, n'a été supprimé qu'en 1827. On le désignait sous le nom de pont provisoire de Favigo.

En 1815, soit quarante deux ans après la crue qui emporta le pont en 1773, on se préoccupa de reconstruire un pont dit définitif.

Le projet de l’ingénieur en chef Treton envisageait de construire un pont roulant qui aurait permis de réaliser les aménagements de cales de construction et gril de carénage dans l’espace Favigo telles que prévues sur le plan de 1796. Ce projet envisageait un tablier mobile avec une ouverture de treize mètres pour laisser passer les navires, et une portée fixe de six mètres cinquante de chaque côté reposant sur des piles maçonnées, donnant ainsi une largeur d’ouverture totale de vingt six mètres correspondant au lit de la rivière. Mais en réalité, on construisit un tablier fixe provisoire en charpente bois sur la totalité, installation qui perdura, condamnant ainsi la possibilité de navigation en amont du pont. Il présentait une voie charretière de deux mètres dix avec deux trottoirs de un mètre dix de largeur (réf: notice Pelaud). Sur le dessin ci-dessous, le pont est représenté en trois portées égales en bois reposant sur deux piles en pierre, l’ouvrage sera achevé en 1821.

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Sur ce document de 1857 3, on aperçoit une des deux piles supportant le tablier en bois. En arrière plan, le manoir de Favigo où son port d'échouage est définitivement coupé de son accès à la mer.

Paul OLLIVIER

1 Joachim Gaultier du Mottay 

Archives Municipales de St Brieuc

Collection BNF: Photographie Furne et Tournier



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