Articles / L'évolution du port / Plan de 1784
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Plan de 1784 dit plan Perroud*
Ce plan nous montre l'évolution du port. L’objet général de celui-ci était de demander au Roy la concession des sols remblayés ou à remblayer (A, B, C, D) faisant emprise sur le domaine maritime et qui ne faisaient donc pas partie des paroisses riveraines du Gouët. Sur ce plan signé, de l’ingénieur Perroud, le havre du Légué, côté Plérin, est devenu le port de St Brieuc, et la Communauté de Ville de St Brieuc est le demandeur de la concession. Il ne semble pas que cette concession ait abouti immédiatement.
On remarque tout de suite la mention "pont renversé" et les éboulis dessinés à l'emplacement du pont reliant les deux rives du Gouët. Ce détail fait référence au terrible orage du 19 août 1773, parfois appelé "déluge de Châtelaudren". C'est cette bourgade moyenâgeuse qui subira les plus gros dégâts. Par sa violence, ce phénomène climatique exceptionnel occasionnera des destructions tout au long de la vallée du Gouët, moulins, ponts, quais et cales de débarquement au Légué furent fortement endommagés. De fait, ce qui était dénommé "port Favigot" redevient un port dans la mesure où il retrouve son accès à la mer. Un projet de nouvelle cale de construction est prévue mais elle ne sera jamais réalisée. On distingue également le passage dit de "Pierre plate" en pointillé rouge en amont du manoir Favigot qui rejoint le chemin reliant le quai d’Aiguillon et St Brieuc par le pont de Gouët.
Un magasin et un four à chaux appartenant à Mr Le Nepvou est situé au Bas du Chemin de St Brieuc.
A la suite des dégâts occasionnés par cet orage aux cales de débarquement, un projet de 1777, toujours de l'ingénieur Perroud, en organisa la reconstruction. Ceci peut expliquer la différence de nature des matériaux que l'on remarque sur la photo ci-contre. Cette reconstruction en blocs de granit lités et smillés est très différente de la partie précédente avec chaine de liaison en blocs et remplissage en moellons de pierre brune locale. Les murs avaient été montés au mortier de chaux, la chaux tient très mal en milieu acide et humide. Le ciment n'existait pas à l'époque. En reconstruisant les cales on en profita pour les allonger.
En aval du pont renversé, le plan indique la "levée du Légué ", c’est le chemin qui a été aménagé par remblai sur la mer pour joindre le nouveau quai au pont disparu afin de prolonger le cheminement vers le pont de Gouët, de nos jours le quai Chanoine Guinard. Le canal du Gouët, entre le quai d’Aiguillon et l’ancien pont démoli, est déjà en partie ouvert. Sur la rive St Brieuc, le chenal du Gouët sous la butte de Rohannec'h "qui doit s'atterir aussitôt le nouveau canal ouvert". Les immeubles des armateurs avec façades vers le quai ne sont pas encore construits, et pour cause, il fallait d’abord obtenir la concession sur le domaine maritime. On y voit à la place des jardins.
Sur cet extrait agrandi, on distingue l'emplacement du quai d’Aiguillon, appelé "Quay du Légué" au bord du chenal avec ses deux bancs en demi-lune, éléments décoratifs qui étaient prévus sur les plans de 1756. À l'est du quai, la cale de construction en pente douce termine au pied du grenier à sel. Derrière celui-ci la rue des Écoles actuelle est marquée Chemin de Plérin, et la rue Jean Demoy est indiquée Chemin du Roselier.
Sur cette dernière partie du plan de 1784, l’on remarque :
*Jean Perroud : Ingénieur diocésain des États de Bretagne. En poste à Saint-Brieuc en 1761, son nom sera associé à tous les grands travaux publics de la fin du 18 ème siècle.
Paul OLLIVIER