Articles / L'évolution du port / Le bassin à flot
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Le bassin à flot (1847-1885)
Ainsi qu’il a été expliqué précédemment, le chemin de halage était à peine achevé sur la rive droite du Gouët que la nécessité se fit sentir de disposer d’un bassin à flot afin de pouvoir accueillir des bateaux plus grands et plus lourds qu’il n’était cependant pas possible de faire échouer. Le seul site possible dans cette vallée étroite était les bancs d’alluvions ainsi que le lit de l’ancienne rivière de Gouët qui se trouvaient endigués par le récent chemin de halage et formaient ainsi une surface humide appelée Marais de Rohanet. Mais cet espace était traversé par l’écoulement du ruisseau de Gouédic qui passait sous un pont, le Pont Douard ou Pont de Rohanet. Si le bassin à flot avait été creusé sur cet emplacement, il aurait reçu les alluvions apportées par ce ruisseau de Gouédic et se serait envasé. Pour remédier à cet inconvénient, on pratiqua une tranchée profonde au travers de la butte de Rohanet afin de conduire le Gouédic directement dans le Gouët, qui lui, bénéficiait d’un auto-curage du fait des marées. Le projet de bassin à flot comprenait un bassin latéral à la rivière Le Gouët, prolongé par un canal vers une écluse à sas. Les travaux débutèrent en 1847. Mais, faute de crédit, il fallut trente années pour rendre le bassin opérationnel.
Sur cet extrait du plan cadastral de St Brieuc figure, au crayon, ajouté sur le plan cadastral d’origine:
Sur cette partie de la feuille 3 de la section B du cadastre de 1847 avaient été porté au crayon à papier l’ensemble du projet de création du bassin à flot , de son canal de sortie ainsi que de son écluse. Cet extrait, bien qu’il représente la totalité de l’opération, ne permet pas de se rendre compte de l’emprise des travaux effectués tant sur le domaine maritime en utilisant les marais endigués par le chemin de halage, que les surfaces prises sur la colline notamment sur la saillie que constituait la butte de la corderie de Cesson. Aussi, pour plus de détails, reportons nous à des agrandissements par portions de la courbe du Gouët .
Sur cet extrait agrandi l’on remarque:
Afin de permettre la réalisation de ces éléments portuaires, il fallut empiéter fortement sur la butte de la corderie de Cesson car il y avait un manque d’espace évident dans ce secteur qui nécessitait en parallèle: un sas d’écluse, une route pour y accéder et rejoindre le chemin de halage à l’aval, et le passage d’une ligne de chemin de fer en rampe descendante vers le futur bassin. C’est ainsi que le sas d’écluse fut réalisé pour la moitié environ dans la roche de base de la colline de la Corderie.
Cette carte postale montre bien le front de carrière qui fut rendu nécessaire pour aménager la sortie du bassin à flot et son écluse à l’aval. Ceci explique aussi la durée des travaux échelonnés sur une trentaine d’années et les besoins de crédits pour cette mise en œuvre.
Sur l'extrait de l’Atlas des ports de France ci-dessous (1878) la vue montre l’état d’avancement des travaux:
Le Bassin à flot est marqué en "construction", on distingue la dérivation du Gouédic; les anciens écoulements à l’aval du moulin Robert ne sont pas remblayés. L’Ile aux Lapins sépare le bassin à flot de la vallée de l’ancien Gouédic. Les cotes d’altitude notées sur les rives ou dans le chenal sont celles au dessus du zéro des cartes marines.
Ainsi, après une longue attente de presque quarante ans et un budget qui aura plus que doublé par rapport au prévisionnel, passant de 870 000 francs de l'époque à un million et demi de francs, le bassin de commerce sera inauguré le 06 Septembre 1885. Voici le témoignage de la presse:
Paul OLLIVIER