Articles / L'évolution du port / Chemin de halage-rive gauche

Chemin de halage du port du Légué PLERIN, rive gauche du Gouët.

Un document daté du 1er décembre 1774 1 nous renseigne sur les origines de la rue du Port actuelle en Plérin qui a été conquise pour partie sur le domaine maritime en empiétant en pied de falaise pour y prendre les matériaux dans tout le secteur des Côtes Senan et Côte Jaspa.

Une supplique adressée à messieurs les juges de l’Amirauté de St Brieuc par les particuliers, habitants et commerçants de cette ville, tendait à faire confirmer par ces juges la légalité des travaux entrepris par la communauté de ville pour y aménager un chemin de halage des navires partant de l’extrémité du quai d’ Aiguillon, qui était à l’époque à peine en service, pour joindre le Pré au Doré, c'est-à-dire le ruisseau de la Ville Gilette.

Le litige venait que dans le secteur du Merdrain - Four à Chaux, un propriétaire riverain s’opposait aux travaux. Aussi le mémoire tend d’une part à démontrer l’utilité des travaux en cours, et d’autre part, cite la partie règlementaire qui serait applicable : ordonnance de 1415, article 2, et ordonnance de la Marine de 1691, titre 7, article 1er.

Finalement, l’ Amirauté de St Brieuc ordonna que le chemin de halage pour le service de la navigation soit prolongé depuis le Four à Chaux le long de la "Coste" de Plérin, jusqu’au Pré au Doré sur une largeur de 24 pieds « s’il est nécessaire ».

Le secteur du Pré au Doré a été dans les temps anciens un point important du rivage maritime. Si l'on fait un agrandissement du plan de 1756, on remarque le tracé d'un mur qui existait donc avant l'aménagement du chemin de halage vers 1774. Sur la carte postale ci-dessous qui date d'environ 1900, le mur existe encore. Sur le cadastre ancien, le secteur est appelé "le carrefour du Pré au Doré". Une très ancienne voie dite romaine y arrivait descendant du Petit Couvran et se dirigeant vers la site de l'oppidum de Cesson. Il n'y a pas, pour l'instant, de publication confirmant cette route, donc supposée, mais un certain nombre d'éléments déjà rassemblés permettent de renforcer une forte présomption.

Côté rivière, il existait dans la grève un éperon rocheux. Ce qui restait de cet éperon rocheux devaient être les rochers dits "Kinklins" signalés par Gaultier du Mottay. Situés à la sortie du coude formé par le Gouët où le courant est fort, devant le Pré au Doré, ils représentaient un certain danger pour la navigation.

Sur un plan plus récent (1878), il est intéressant de noter un détail sur le chemin de halage situé aux alentours de la fontaine Senan, il s'agit de la marque de mi-marée établie par le service maritime des ponts et chaussées. Faute de roche sur la rive du chenal, le repère était matérialisé par un peuplier, aujourd'hui disparu, dans la courbe appelée parfois "la vieille rivière". On y trouve une sonde de six mètres au-dessus du zéro des cartes. Autrement dit, on pouvait déterminer le moment de la mi-marée à l'arrivée du premier flot au pied de cet arbre. Position approximative (48°31.710 N - 2°44.259' W).

Paul OLLIVIER

1 archives municipales de Saint-Brieuc. réf : DD 27