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Articles / L'avant port / Lougres

Les lougres à culs carrés du Légué

Les lougres à l’échouage sur les bancs de vase de Sous la Tour 

À partir de 1865, la pêche au port du Légué se développe suite aux initiatives du Lieutenant de Vaisseau Cavelier de Cuverville en charge du contrôle des pêches de la baie de Saint Brieuc à bord du cotre de l’État Le Pluvier. Pour améliorer, les conditions de travail des pêcheurs et augmenter la productivité, il crée une société d’encouragement à la pêche côtière pouvant servir de modèle de fonctionnement aux pêcheurs locaux. Pour cette société, il impose aux chantiers un cahier des charges précis pour la réalisation d’un nouveau type de bateau ponté, de 9 m de quille sur la grève. Plusieurs chantiers de la région répondent à cet appel d’offres pour construire des bateaux modèles : Pilvin (dit Tanguy) à Paimpol, Frélicot au Légué, Tranchemer à la Richardais et Minier à Binic. Quatre bateaux sont construits dans ces chantiers fin 1865 : le Corsaire, l’Alerte, Le Feu Follet et le Progrès. Des constructions de sources différentes répondant à un même cahier des charges permettent de comparer la production des chantiers.  

Au premier plan, le lougre « Espérance » (SB739) construit à Roscoff en 1901 a mis ses filets à sécher. Le grand mât très long a une forte quête, le mât de misaine est nettement plus court et a une faible quête. Le bout dehors (appelé bâton de foc en 1865 par M. de Cuverville) fait les deux tiers de la longueur du bateau.

Le bateau doit être ponté, contrairement aux habitudes locales, et avoir un franc bord important, son arrière est à cul de poule et reste gréé en lougre. L’arrivée du chemin de fer, permettant un écoulement rapide de la pêche et une demande accrue d’amendement marin pour le développement de l’agriculture contribue largement à la croissance de l’armement local. 

Dès 1876, une quarantaine de ces bateaux utilisent le banc de sable de "Sous la Tour" comme lieu d'échouage et se retrouvent ainsi plus près de la haute mer. Cette petite flottille se compose essentiellement de forts bateaux d'échouage gréés de deux mâts. L'administration les classera sous l'appellation "lougre" sans que l'on puisse y retrouver véritablement le gréement typique, à savoir l'existence d'un grand étai et l'amurage de la grand voile en abord. 

Ici, on retrouve le lougre « Espérance » portant sa voilure complète par petit temps. Seule la grand-voile est surmonté d’un hunier de bonne surface, la grand-voile à bordure libre se borde avec deux palans situés de chaque bord du tableau. On notera le très long bout dehors non haubané. Une étoile sur le pavois, qui n'apparait pas sur la photo précédente,  personnalise le bateau. 

Dans cette flottille, deux types de constructions se distinguent : les plus petites, dont l'usage se limite à la pêche fraîche au chalut, sont à tableaux droits, bien souvent surmontés d'un banc de quart très caractéristique. Ces bateaux atypiques sont souvent de construction locale. Les bateaux de plus forts tonnages ont un arrière à petite voûte terminé par un tableau ; leur franc-bord important peut s'expliquer par l'activité sablière développée dans la région. Ces lougres, adoptant un arrière à voute, sont de construction externe. Jean le Bot, dans son livre « Bateaux des côtes de Bretagne nord », publie le plan de la Jeanne d’Arc, un lougre du Légué construit par le chantier Lemarchand à la Richardais sur les rives de la Rance en 1896. Le chantier Kérenfors de Roscoff construit également quelques unités neuves pour les pêcheurs du Légué avant la guerre de 1914. 

Ces lougres, qu'aucune dénomination locale ne permet de différencier, adopteront un gréement simplifié proche de celui des bisquines. Afin de faciliter les manœuvres, les vergues s'établiront de part et d'autre des mâts supprimant ainsi l'obligation de gambeyer au virement de bord. 

Sur cette magnifique photo de lougres à l’échouage faisant sécher leurs voiles, on y voit un équipage s’activer au nettoyage de la coque du « Chanard » de 1904 (SB 823). Les bateaux du Légué échouent à chaque marée sur le flanc et ne béquillent pas, une épaisse sous-drague ou bordé d’échouage supporte le bateau à l’échouage, le maitre couple est en V,  le bouchain est modéré, le franc bord est important et bien vertical ce qui donne un volume au-dessus de flottaison important. Le tableau, bien large, a une jolie forme en cœur. A gauche, le « Carnot » de 1903 (SB 809) est d’une production locale. 

Le plan de voilure se compose donc d'un foc envoyé au moyen d'un rocambeau, sur un très long bout-dehors (non haubané) maintenu à l'étrave par une ferrure à rouleau facilitant son déplacement. La drisse du foc est composée d'un petit palan frappé en tête de mât de misaine, le retour se faisant sur un fileux du pavois. Le mât de misaine, très court, ne peut recevoir de hunier : c'est une particularité locale. La misaine s'établit à tribord du mât et la grand voile à bâbord, permettant ainsi de présenter toujours une voile en position favorable. Parfois, pour les régates, un mât de tapecul était ajouté, ce qui donnait à l'ensemble de la voilure une inclinaison en éventail, la quête importante du grand mât facilitant le passage de la misaine d'un bord sur l'autre sans accrocher.

L’ « Eugénie » (SB 881) découvre de bien belles formes. Un tirant d’eau important et une belle coulée de l’arrière se terminant par un tableau en une forme de cœur surmonté de cette petite voute carrée donne à l’ensemble beaucoup d’élégance. L’étambot est sur l’arrière du tableau, le gouvernail est complétement à l’extérieur. L’extension sur le tableau arrière est ici bien visible, d’une dimension d’environ trente centimètres, elle forme une sorte de banc de quart. Les cadènes de bastaque sont à l’intérieur du pavois pour ne pas accrocher le chalut. La lisse de plat-bord est bien usée par le travail du chalut. Les voiles, tannées et réparées avec de la toile neuve, sont transfilées assez lâche sur leur vergue.

Ce document nous permet de bien voir sur le bateau de droite, le plan de pont original de ces lougres. À l’arrière cette voute carrée renforcée aux angles par deux fortes courbes. Le plan de pont ressemble plus à un bateau creux recouvert d’un pont qu’à un bateau ponté. En arrière du mât, le bateau est intermédiaire entre bateau creux et bateau ponté. Un espace assez grand forme une « chambre » occupé au centre par un banc transversal, l’étambrai de grand mât est certainement dans un fort banc transversal. En avant du grand mât, le lougre est ponté avec un petit panneau d’accès à la cale. Le bateau de gauche, sans cul carré, nous permet d’apprécier les formes générales avec son étrave et son étambot verticaux. Les trois lougres au second plan ont tous un cul carré.

Malgré des formes assez lourdes, le lougre « Albert » construit à Binic pour Ollivier Redon possède un tableau  bien dégagé au-dessus de la flottaison ce qui lui donne une belle coulée arrière et des fonds bien en V. Sur son cul carré ou voûte carrée est peint à bâbord le nom et à tribord en toutes lettres le quartier maritime Saint Brieuc. Faute de description contemporaine de ces bateaux, nous leur donnerons arbitrairement le nom  de « cul carré » pour désigner cette extension du tableau. On peut se poser la question sur l’intérêt de cette extension, il est peu probable que cela serve à augmenter le volume de flottabilité de l’arrière pour un meilleur comportement par fortes vagues ni à augmenter la longueur en flottaison. Ce prolongement du tableau servait probablement à reculer le palan d’écoute de grand-voile avec pour conséquence d’augmenter la surface de la grand-voile sans ajouter un gui.

Sur cette photo de Du Cleuziou vers 1900 (AD22) on voit bien, sur ces deux lougres désarmés, le plan de pont précédemment décrit. La chambre arrière ne semble pas entourée d’un hiloire important, on est loin du cahier des charges de Cavelier de Cuverville demandant des panneaux fermant hermétiquement. Au pied du grand-mât à bâbord une pompe de type ancien, traversant la lisse deux bittes de chaque bord à l’arrière et une à l’avant, l’étambrai du mât de misaine est au niveau du plat bord et forme un petit pontage, aucun guindeau, ni tourniquet (ou ouinche comme sur les bisquines) ne sont visibles, alors que sur les bateaux modèles il y en avait un de construction granvillaise. Le lougre au second plan à gauche est ponté avec un petit roof à l’arrière bien qu’ayant lui aussi un cul carré. 

Deux lougres du Légué construits à Roscoff chez Kérenfors, l’ « Aventure » (SB717) construit en 1899 pour Clairel François, Pulluard Pierre, Philippe Mathurin, Quémard François et Méheust Olivier. Il sera dépecé en mars 1916. La peinture à volutes entre l’écubier et le numéro fait penser aux caboteurs anglais, les ronds blancs sur le pavois sont plus curieux.

Et au second plan, le « Chanard » (SB 823) construit en 1904 à Roscoff pour Jean Marie Rouault et Corvaisier. Le chalut est hissé aux deux mâts pour sécher. (voir carte postale au début de l’article) 

Malheureusement, très tôt, les lougres du Légué vont disparaître du paysage de " Sous la Tour " et finiront abandonnés sur l’ « ercro », la grève de galets. Au lendemain de la première guerre mondiale, plus aucun bateau n'adoptera ce gréement, seule la voile aurique aura la faveur des patrons pêcheurs. 

Magnifique photo d’un bateau à l’abandon mât cassé, cette photo est mise en scène avec des personnages comme pour un naufrage avec un mousse grimpé au mât de misaine pour appeler des secours. Le lougre SB683 est le « Marie-Aline » construit à Roscoff chez Kerenfors en 1897 pour Louis Panneau et François Quémard du Légué. Le bateau sera démoli en juin 1912. Il jauge 19,72 tx. La peinture à faux sabords blancs est originale, ainsi que le graphisme du lettrage de l’immatriculation.

On peut remarquer de nombreux détails intéressants. Un fort banc, fixé dessus la lisse de plat bord, forme l’étambrai du mât de misaine qui est placé sur l’avant de ce banc. Sur le dessus de ce banc est boulonnée une ferrure pour le bout dehors. Le pavois est entièrement vaigré. Sur ce vaigrage sont cloués des filoirs en bois pour les écoutes de foc et de misaine et sur l’arrière, des taquets pour tourner ces écoutes. À l’arrière, quatre bittes dépassent de la lisse, elles servent certainement pour amarrer le bout formant chien pour la fune de chalut. L’arrière carré forme un coffre. Au niveau du pont à l’arrière, une chambre, traversée par un banc est ceinturée d’un petit hiloire avec une cloison formant placard. Au pied du grand-mât sur bâbord se trouve la pompe à levier de type ancienne, le levier est absent. 

Pierre-Yves Decosse*

* cet article de Pierre-Yves Decosse, paru sur le site https://www.histoiremaritimebretagnenord.fr a été complété et agrémenté de nouvelles illustrations.

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