Synthèses réalisées par Jérémy Feytout, Daniel Galy, Alexandre Sentucq du Groupe Mémoire Homosexuelle de Bordeaux (Girofard)
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Numéro 1 - Mai 1976
Une première liste des Groupes de Libération Homosexuels (GLH) est dressée :
Aix, Bordeaux, Lille, Marseille, Mulhouse, Rouen et Strasbourg, comme Toulouse et Poitier n’ont pas encore d’adresse, le GLH Bordeaux assure la liaison avec des groupes en construction dans d’autres villes.
Il est noté que les GLH de provinces sont tous en contact avec le GLH tendance Politique et Quotidien de Paris (GLH PQ).
Aussi ce bulletin est le fruit d’échanges entre les différents GLH établit lors d’une assemblée générale du GLH PQ à Paris qui se concrétisera par l’initiative du GLH Bordeaux d’adresser une circulaire le 30 mars 1976 à tous les GLH, pour que ses derniers présentent leurs situations, ainsi que leurs réflexions. L’objectif est de préparer une future rencontre nationale des GLH.
GLH Bordeaux :
Dans un contexte bordelais où existe un « ghetto homosexuel » florissant dans la ville : 4 boites, plusieurs bars/restaurants, une revue homosexuelle « Andros », et la suppression récente des « tasses », le GLH Bordeaux est composé d’une dizaine de militants, où les débats sont accès sur l’analyse du lien entre politique et sexualité, sur une ligne proche du GLH PQ Paris. Les réflexions sur le vécu et les perspectives d’intervention alimentent également des week-ends de rencontres.
Des débats ont lieu autour de la question de l’homosexualité au sein du mouvement des femmes et de la place des lesbiennes dans le GLH. Mais aussi sur le type de lien à entretenir avec les partis politiques.
Un premier meeting sur le campus est organisé le 15 avril 1976, attire 150 personnes et permet le développement d’autres interventions sur le campus.
Le GLH Bordeaux se définit comme étant anticapitaliste, contre la phallocratie, la sexualité réduite à la fonction procréative, contre les normes sociales aliénantes... Le GLH n’est pas un simple lieu d’accueil de tous les homosexuels, mais compte regrouper ceux qui veulent engager le combat contre la répression. Et pour structurer son ouverture sur l’extérieur le GLH prépare un local comme lieu d’accueil, d’animation, de débat permanent et d’information.
Un tract du GLH Bordeaux intitulé « L’homosexualité est-elle : une tare ? Un acte contre-nature ? Une déviation petite-bourgeoise ? »
Il n’existe pas les hétéros et les homos, mais une sexualité que l’éducation réduit à sa seule expression sociale autorisée, celle du couple hétérosexuel, marié si possible, destiné à la procréation. Toute déviance à l’ordre moral est subversive et donc réprimée…
GLH Marseille :
Organisation d’un groupe pour ne plus « raser les murs » et « rompre l’isolement » pour combattre la honte, l’oppression et la répression. Les homos doivent lutter pour vivre comme ils sont et réinventer leur vie. « Nous voulons : travailleurs, étudiants, lycéens, imposer notre existence, tels que nous sommes ».
Dans un premier temps le GLH Marseille est un lieu de rencontre qui mène ensuite à la réflexion et la lutte.
GLH Mulhouse :
« Oui l’homosexualité est anormale puisque contraire à la norme, mais elle est naturelle car elle a toujours existé et elle existera toujours, même si on l’ignore, sauf pour la réprimer ou l’exploiter commercialement. »
Le GLH Mulhouse est un lieu de discussions, réflexions et d’actions avec une permanence pour l’accueil.
GLH Alsace :
Le groupe entend lutter pour la libération de l’homosexualité et pour la disparition des distinctions hétéros-homos. Il s’engage aussi contre les répressions et pour la solidarité envers les victimes, et réclame le « droit au plaisir ». Son combat s’inscrit dans la lutte contre le système en tant que minorité opprimée, tout en marquant sa solidarité avec les luttes des femmes, et contre la répression sexuelle des enfants.
« Nous ne voulons ni ne pouvons nous confiner dans le ghetto faussement sécurisant ou les pouvoirs public relèguent les homosexuels.»
GLH Strasbourg :
Le groupe est créé en mai 1975 et compte 22 membres, mais à la suite de divergences politiques une scission donne naissance au GLH Mulhouse et le groupe Strasbourg actuel de 13 personne.
Le GLH Strasbourg refuse d’afficher une couleur politique car ils se considèrent « homo »avant tout, et s’inscrivent dans la défense de tous les homos. Leur lutte est celle des libertés pour que chaque individu puisse vivre sa sexualité.
Au-delà des articles dans les journaux locaux et la participation du GLH à des manifestations, le groupe envisage d’être plus visible lors de débats à la fac et souhaite renforcer des liens avec d’autres organisations. Des permanences permettent d’aider, conseiller et simplement discuter, en évitant de devenir un club homo. Des soirées, sorties en week end ont été organisées en complément des activités militantes.
GLH Lille :
Participation de lesbiennes au GLH Lille. Aux réunions il y a autant de filles que de garçons. Le groupe est crée depuis le 3 décembre 1975, avec des filles/garçons de différentes classes. Une seule ligne : la lutte homosexuelle, ne prenant pas en charge les autres combats.
Le GLH Lille se positionne à gauche mais n’a aucun lien avec les partis. Il ne s’investit pas dans la lutte des femmes lorsqu’il s’agit d’aménager l’hétérosexualité. Il n’y a pas de bisexuels dans le groupe, car ils/elles ni croient pas, et ne veulent pas prendre en charge l’hétérosexualité de la bisexualité.
Signé Gouines et Pédés de Lille.
GLH Lyon :
Libre propos émanant de militants lyonnais sur le thème : « Être homosexuel ». Revendication d’une forme de marginalité en refusant les modèles de la société hétérosexuelle sur le couple, le mariage, la famille. L’homosexuel est sensible aux injustices et à la répression et cela le rend solidaire des autres causes.
Détruire les barrières, revendiquer le droit au plaisir, se joindre à la lutte des travailleurs opprimés tels sont les orientations du GLH de Lyon exprimées lors d’une semaine ciné sur l’homosexualité et par la tenue de stands lors de quelques manifestations dont celle de Politique hebdo.
GLH Aix en Provence :
« A bas la normalité » qui exclue, marginalise et enferme tous ceux qui ne sont pas conformes à l’ordre dominant.
Le GLH d’Aix luttent au côté des femmes, contre l’ensemble du système oppressif, ses rôles féminins et masculins, contre les institutions qui les véhiculent et les renforcent. Il dénonce le conditionnement phallocratique dont sont victime les transsexuels.
« Nous dénonçons les réactions fascisantes qui veulent faire de nous les boucs émissaires d’un système en crise ».
GLH Rouen :
Le groupe est créé en octobre 1975, avec des rencontres et discussions autour du vécu qui amènent à débattre sur la question homosexuelle et les actions à mener, avec notamment l’envie de créer un lieu alternatif au ghetto des boites, bars et tasses. Un local permet de tenir deux permanences par semaines.
Des actions de communication s’engagent : Des tracts sont distribués dans les rues piétonnes, les marchés et les facs : « Pourquoi avez-vous peur des homosexuels, pourquoi avez-vous peur de votre homosexualité ? ». Des articles paraissent dans quelques journaux et le GLH de Rouen rédige un manifeste sur l’intolérable répression des homosexuels qui ne veulent plus exister comme une anomalie de l’éternelle nature. Appel à se battre pour vivre des rapports humains fondés sur le respect de l’autre, sur sa non appropriation, sur la tendresse… solidairement avec les femmes en lutte. Le manifeste demande l’abrogation des lois discriminatoires, et de la classification psychiatrique de l’homosexualité par l’OMS. Ces combats s’inscrivant dans la lutte contre la misère qu’engendre une société de classes fondées sur l’oppression et l’exploitation de l’homme par l’homme.
GLH Rennes :
En mettant en question l’institution familiale patriarcale, l’homosexualité contient des germes subversifs. Aussi la solidarité du GLH Renne en faveur de la lutte des femmes est fondamentale. La société libérale emploi à l’égard de l’homosexualité à la fois le bâton du législateur et son intégration par la marginalisation dans les lieux de drague commerciaux. Un manifeste précise que l’oppression culpabilisante est due principalement aux divisions entre hétérosexuel et homosexuel, normal et anormal, rôle masculin et rôle féminin, vie privée et vie publique. Au même titre que toute minorité socialement opprimée, les homosexuels doivent combattre le système basé sur la répression et l’exploitation. Aussi le GLH Renne critique la récupération de l’homosexualité dans le ghetto de la « société marchande ».
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Bulletin des Groupes de Libération Homosexuels - printemps 77
17 avril 77
GLH INFOS / 1 fait suite aux 2 Bulletins des GLH de Province, il est consacré à la préparation de la Rencontre des GLH des 28-29-30 mai 77[1]. Il a été coordonné par le GLH Mulhouse et fabriqué par le GLH Strasbourg et le GLH Mulhouse. Le GLH Lille s’est proposé de prendre le relais pour le GLH INFOS / 2[2].
Sommaire :
P. 4 pour une rencontre nationale des lesbiennes.
P. 5-6 Bruxelles.
P. 7-10 Aix-en-Provence.
P. 11-14 Orléans.
P. 15 Lille.
P.16-20 Mulhouse.
P. 21-25 Bordeaux.
P. 26 Dans les dictionnaires Larousse.
P. 27-30 Strasbourg.
P. 31-32 Paris.
P. 33 Divers.
P. 34 Listes et adresses des GLH.
Pour une Rencontre Nationale des Lesbiennes des Groupes de Libération Homosexuels et des Groupes Femmes.
Faite par Colette et Nicole du GLH Orléans et Kathy du GLH Paris, cette annonce d’une rencontre les 21-22 mai 77 à St Ay (proche Orléans) prévoyait des sujets de débats tels que : Quelle mixité possible du mouvement homosexuel ? Quelle parole des femmes lesbiennes dans le mouvement des femmes ?
GLH Bruxelles 23.02.77
Né le 11 octobre 76 dans le local d’AIMER en opposition à Infor-Homosexualité trop intégrationniste. Ce groupe d’action a mené à ses débuts des campagnes d’affiches à la Fac (contre l'Analyse Actionnelle), des conférences dans les IUT, a eu quelques articles dans la presse (Faut-il brûler les pédés ? par la LCR), un projet d’une semaine du cinéma homo, d’une rencontre nationale à Bruxelles et d'un rassemblement festif dans un parc bruxellois. Collaboration avec HOMO-L, préexistant au GLH (ex-Biches Sauvages ou Lesbiennes Radicales). Ses réunions attirèrent une quarantaine de personnes, mais seule une quinzaine devinrent militantes les mardis lors des « réunions d'actions », les jeudis étaient plus « conviviaux ».
Ils avaient des éléments de réflexion tels que : accepte-t-on les bisexuels ? Et les hétéros refusant le rapport de domination ? Seule compte la Libération Sexuelle ! Ce qui revient à libérer les rapports humains. Libérer l'homosexualité d’une part et refuser de collaborer d’autre part (avec des mouvements féministes par exemple). Rapprochement théorique entre les GLH Strasbourg et GLH Mulhouse ? Leur rôle est d'être des groupes d’échanges, de solidarité et de lutte face au cloisonnement social amenant à la solitude des homosexuels. Inadaptation de l'individu à la société ou inadaptation de la société à l'individu ?
Rodolphe
GLH Aix-en-Provence mars 77
Le GLH d'Aix se définit comme intolérant, car ne souhaitant pas tolérer les rapports sociaux condescendants, ni tolérer le modèle hétéro ! La culture hétérosexuelle enferme l'homme dans un schéma comportemental qui lui interdit d'accepter ses tendances homosexuelles. Le GLH d'Aix explique que le rapprochement entre les luttes féministes et homosexuelles ne fait pas disparaître certaines incompatibilités nécessitant deux mouvements distincts. L'homosexuel se définirait au-delà de sa sexualité par une vision du monde particulière. Aussi le rôle du GLH serait de permettre de se faire plaisir et d’assumer ses aliénations pour se régénérer et non pas se contenter d'un activisme s'adressant aux hétéros sans rencontres vraies. Enfin le GLH d'Aix tient à se démarquer des autres GLH dont l'objectif serait de libérer l'hétérosexualité et d'attendre le PCR (Prince Charmant Révolutionnaire) en s'intitulant GLH-tendance homosexuelle !
GLH Orléans 13.03.77
En octobre 76 le GLH Orléans s'est scindé en deux « groupes de travail » appelés « tendances plate-forme » pour que chacun puisse mener le travail qui lui correspond et de la manière qui lui correspond : l'une est radicalisée politiquement, féministe, anti-phallocrate et préconise les débats approfondis sur l'homosexualité, l'autre est politiquement réformiste, antiféministe, phallocrate et axée sur la libération homosexuelle en action plus qu'en réflexion. Le GLH souhaite que ses tendances du mouvement de lutte des homosexuels se tiennent dans un souci de préservation de l'intégrité de toutes les positions des homosexuels en lutte. Cette restructuration est basée sur la coexistence mixte.
Le recrutement des femmes au GLH est difficile, faute aux hommes ? La reconnaissance mutuelle d'être des victimes de la phallocratie est la base de la lutte mixte, problèmes avec les hommes qui ne s'en reconnaissent pas victimes et dénoncent ces termes comme étant féministes. Les femmes veulent défendre au sein du GLH leur intégrité par la discussion avec des « mecs non-phallocratiques », travailler avec des groupes-femmes, être visible et actives pour les associations et manifestations nationales.
GLH Lille 23.03.77
Plus de réunions faute de nouveaux débats mais permanence le lundi soir à Schizo-Diffusion de 19 à 20h. Toujours volontaires pour faire le GLH / INFOS 4.
GLH Mulhouse
Qui compose le GLH Mulhouse ? Des militants politiques, pour qui aucun parti politique n’est satisfaisant sur les sujets traitant de la sexualité en général. Le Marxisme n'est pas une solution, le système de hiérarchie de valeurs (ou de dominance) contamine tout type de société, et c'est pourtant lui qu'il faut combattre. C'est pourquoi le GLH est un groupe de Libération, fait d'homosexuels en lutte contre ce système de hiérarchie de valeurs où certains ont trouvé une sécurité à l'encontre de leur plaisir.
Pour ce faire, quelques éléments stratégiques : se faire connaître, refuser une nouvelle norme et préconiser une sexualité plus ouverte que le cadre « hétéro ou homo », s’allier avec prudence aux partis politiques et aux mouvements féministes, création d'une plate-forme radicale nationale, lutte contre le Travail annihilateur de vie sociale / affective et sexuelle, vivre en communauté une vie sociale plus ouverte et accueillante pour essayer de vivre bien.
GLH Bordeaux mars 77
Créer un regroupement sur la sexualité plutôt qu'un groupe dédié aux seuls homosexuels afin de mieux aborder toutes les sexualités ? Elles ne sont abordables qu'entre personnes qui s’entendent et se comprennent. Les opprimés ne travailleront pas avec les oppresseurs. Les homosexuels doivent donc se regrouper entre eux et intégrer la lutte des classes dans la remise en cause des schémas habituels de la sexualité dans la société.
La non-mixité du GLH Bordeaux est un fait et non un choix. Le combat des lesbiennes est souvent peu soutenu pas les homosexuels. C'est pourquoi elles se dirigent vers des structures féministes, même si leur spécificité ne s'y trouve pas assez reconnue…Une volonté de travailler ensemble a permit de mettre en place des réunions mixtes deux fois par mois.
Le GLH Bordeaux accorde toujours beaucoup d'importance aux permanences, lieu de premier contact.
GLH Strasbourg
Brève description de la ville et des déboires du GLH Strasbourg à ses débuts en 75. Renaissance en 76 avec de nouveaux militants, actions : affichages en ville, articles parus dans un journal, distribution de tracts, prise de contact avec d’autre mouvements et associations militantes, candidature à la campagne électorale de la liste municipale Strasbourg-villages (extrait des propositions sur La Sexualité, son image limitée à la reproduction, la domination de l'homme, l'opposition des rôles, la sexualité des marginaux, le manque d'information…), sorties conviviales…Par ailleurs, quelques problèmes de communication, de motivation, d’entente, de non-mixité, apparaissent et entraînent un questionnement sur la création de groupes au GLH à l’instar du GLH Orléans.
GLH-PQ Paris semaine homosexuelle 20-26 avril cinéma Olympic
Programmation de la semaine homosexuelle. Sujets de débats : Pourquoi les travestis sont-ils objets de « scandale » ? Pourquoi nous mettent-ils mal à l’aise ? Quelles interrogations soulèvent-ils en nous ? Les homosexuels et les femmes peuvent-ils mener un combat en commun pour leur libération ? L’homosexualité serait-elle uniquement le problème des homosexuels ?…
De tout…un peu !
De nouveaux GLH à Caen, Poitiers, Tours et Nice. Peu de nouvelles des GLH de Brest, Grenoble, Le Havre, Lyon, Marseille, Montpellier, Pau, Toulouse…Les GLH de Strasbourg et Mulhouse sont actifs le 1er mai pour tracter contre le Travail supprimant le Temps pour vivre et aimer.
Invitation à prendre contact avec l'Association Populaire pour l'Education et la Libération Sexuelle (APPELS) pour donner et avoir des infos sur les GLH dans leur bulletin bimensuel « Agence-Tasse », et auprès de l'Association pour la Liberté et l'Egalité des Pédérastes et Homos (ALEPH) qui est un centre d'information et de documentation sur l'homosexualité basé sur une riche bibliographie.
[1] Cette rencontre échouera par une trop faible représentation des GLH existants.
[2] Le projet n’aboutira pas.
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BULLETIN DU GLH BORDEAUX - 1978
Etre Homosexuel…
Comment vit-on sa sexualité à Bordeaux ? Il y a les établissements communautaires - comme le Vert Galant - et les lieux de drague - tels que les tasses. Sinon la solitude et la misère sexuelle.
Les licenciements, les agressions physiques, les humiliations, les injures, sont des freins à la vie des homosexuels réprimés par l’amendement Mirguet. Mais les stéréotypes de genre inculqués dès l’enfance en sont tout autant. « La sexualité ne se limite pas au seul acte de reproduction. »
Le GLH veut lutter contre cette oppression.
Historiette du Mouvement Homosexuel en France
Présentation du club Arcadie favorables aux « homophiles » et non aux « pédés », du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) et de son combat contre la société patriarcale et la famille procréatrice auprès du Mouvement de la Libération des Femmes, du journal Antinorm qui traitait des questions sexuelles des opprimés sexuels, et du GLH (Groupe de Libération Homosexuel) en juin 1974 fondé par des anciens d’Arcadie et du FHAR avec pour principes : « droit au plaisir, refus de la normalité, soutien au MLF ». Fin 1975 il se scinda en : GLH groupe de base contre la politisation des groupe homos refondée par la suite en APPELS (Association Populaire pour l’Education et la Libération Sexuelle) éditant la brochure Agence Tasse, GLH 14 décembre refusant toute structure il a vite disparu, GLH Politique et Quotidien qui refusait la « coupure hétéro-homo » et remettait en cause les rôles de chacun dans cette société phallocratique. « Le GLH PQ a tenté d’établir un lien avec le combat du mouvement ouvrier et celui des féministes. » Il s’est fait connaître par son standard téléphonique, ses semaines de cinéma homo, ses manifestations avec des groupes politiques de gauche, mais a fini par éclater en Comités Homosexuels d’Arrondissements (CHA) présentés aux élections législatives de 1978.
Homosexuels en réunion à Bordeaux : « Pour sortir du ghetto »
Article de presse paru dans Sud-Ouest le 18 juin 1978 suite à la soirée de la veille à la « Pergola » de Caudéran organisée par le GLH Bordeaux avec une réunion-débat et la présentation du film « Le Sexe des Anges ». L’événement officiel montrant que le GLH Bordeaux change sa façon de militer et ne fait plus que de la distribution de tracts.
Oppression quotidienne
Vie quotidienne d’un ouvrier homosexuel, ballotée par les insultes « plus bêtes que méchantes » des collègues hétérosexuels « lourds » et empreint d’idées phallocratiques. La situation des féministes semble plus proche que jamais de celle des homosexuels, qui pour ces hommes ne sont que « des dingues, des folles, des mal baisées, moi, je les attrape, je me les fais, tu vas voir qu’après elles ne diront plus pareil, tout ça, moi je te les « fous » dans le même panier, allez, hop ! »
Sexualité et politique
L’oppression des homosexuels est encore plus visible dans la société judéo-chrétienne patriarcale depuis l’ère industrielle, la frustration sexuelle rendant plus apte à travail assidument. « Le plaisir est incompatible avec le travail rentable » dans le monde capitaliste. La masturbation est un plaisir, un gaspillage. La société établie alors « Travail, Famille, Patrie » pour contrer tout ce qui n’entre pas dans le cadre de la morale traditionnelle. La famille patriarcale, où seul le père a le pouvoir et le droit au plaisir, sert à « élever correctement » les enfants, à les « maintenir dans l’idéologie en place, à perpétuer le système ».
Même si les combats féministes tendent à faire avancer les choses en faveur des minorités, les homosexuels continuent à être des éléments nuisibles contestant le système. C’est pourquoi ils demandent la libération de la sexualité, la libre disposition de leurs corps et le droit à manifester leur différence.
Homosexuel et Psychanalyse
Rappel des idées du Dr Freud sur l’homosexualité, ce stade non-aboutit de la sexualité, auquel il prête des traumatisme de l’enfance. Résultats au début libérateurs / disculpant pour les homosexuels, mais désormais étouffant et insuffisant. Il ne faut pas chercher d’où vient l’homosexualité, mais plutôt d’où vient l’homophobie. « Les anti-homosexuels sont les vrais malades de notre société ».
Article de presse « La sexualité sous le bistouri » pour preuve à l’appui des mauvais traitements, des tortures chirurgicales et inhumaines (électrochoc, lobotomie, castration chimique…) menées par les psycho-chirurgiens pour « guérir » les homosexuels de leur perversion.
Et nous ?
Histoire (création, apparition notable), Vie (permanence, édition de bulletin d’information, soirée, débats…) et Objectifs (rompre l’isolement, établir des relations humaines via le groupe…) du GLH Bordeaux. Des permanences sont organisées tous les samedis de 16 à 18h à la Librairie « Lib 33 » au 26 rue St James. Mais le point commun et fédérateur des personnes s’y rencontrant est celui de la lutte contre le système oppresseur. A l’occasion des actions sont menées avec des groupes de lesbiennes et de féministes de Bordeaux.
Ghetto…
Bien que la plupart des partisans du GLH Bordeaux ne côtoyaient pas assidument les établissements communautaires bordelais et les tasses, ils en reconnaissaient l’utilité en tant que seuls moyens de rencontres humaines et sexuelles possibles et efficaces pour rompre l’isolement. Mais empreint de frustrations et de risques. Alors, faut-il vivre deux vies ? L’une effacée au travail en semaine et l’autre étouffée dans le ghetto le week-end ? Il vaudrait sans doute mieux « faire reconnaitre dans la société toute entière le droit à la différence, dans toutes les classes sociales, sur nos lieux de travail notamment ».
La défense du ghetto est la défense des lieux de vie, de rencontres qui renforcent les homosexuels et leur permet de combattre ceux qui les oppriment. Mais en se libérant totalement, ils finiront pas rendre inutiles ces lieux de vie.
En guise de conclusion
Le GLH Bordeaux désire : œuvrer pour une société où les rapports humains ne seraient plus basés sur la propriété et le profit, que chacun soit libre de disposer de son corps, que les homosexuels ne soient plus considérés comme inégaux et clandestins. Pour cela le GLH Bordeaux veut : que l’homosexualité soit considérée comme une conduite humaine parmi d’autres, casser le stéréotype des rôles masculin-féminin, instaurer de nouveaux rapports de tendresse. Le GLH Bordeaux travaille pour que les lois discriminatoires sur l’homosexualité, le travestisme et la pédérastie soient supprimées, pour que disparaissent les interdictions professionnelles, que l’Organisation Mondiale de la Santé retire l’homosexualité des maladies mentales, contre tout pénalisation du célibat, pour que les fichages et arrestations de police soient supprimés, pour que la sexualité des enfants soient reconnue, et organise ou participe à des débats sur ces sujets.