Actuellement, une loi est à l'étude en France pour permettre la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté. La question est complexe, et le débat trop souvent absent, malgré l'importance de la question.
La page ci-dessous regroupe quelques éléments pour éclairer les consciences et aider chacun à prendre connaissance des enjeux de ce qui se joue actuellement au parlement.
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Choisis la vie (Dt 30, 19)
A l’heure où je vous écris ces lignes, le parlement français commence son travail pour une loi sur « la fin de vie ». Nous pouvons prier pour que chaque député puisse légiférer en écoutant non pas les lobbies, mais la voix de sa conscience.
Mais nous ne pouvons-nous contenter de la prière ni laisser le parlement réfléchir seul à ces questions. Nous avons tous autour de nous des voisins, des amis, des membres de notre famille chez qui le commandement divin : « Tu ne tueras pas » n’est plus une parole de vie et d’espérance, mais rien de plus qu’un interdit dont le fondement ne semble plus d’actualité. Ceci est un fait, et nous en lamenter ne sert à rien. En revanche, il est de notre responsabilité de retrouver des mots pour savoir dire aujourd’hui la beauté de la vie : celle de l’enfant à naîtîre, celle des personnes en fin de vie, celle des personnes handicapées, des personnes loin de leur pays ou de leur famille. Savoir dire et témoigner que toute vie est une histoire sacrée. Peut-être ce Lumière sur la ville ne vous donnera pas ces mots, et cela est heureux, car nous n’avons pas besoin de formule toute faite, ou de raisonnements qui ne convaincraient que ceux qui le sont déjà. Nous avons besoin que toute personne à la fois rentre en elle-même et sorte de l’omerta de la mort pour oser discuter sans crainte de ces questions essentielles.
Puis-je témoigner combien il est beau de voir un homme, se remettre librement dans les mains du Père au moment où ses forces le lâchent ? Puis-je dire la paix et la confiance que peut donner le sacrement des malades à celui qui le reçoit avec foi ? Puis-je dire que pour m’émerveiller de toute vie, et de la mienne également, il me suffit de penser que personne ne s’est jamais donné la vie à lui-même, mais que nous avons reçu notre vie, notre sexe, notre époque, notre type d’intelligence et de sensibilité, comme don de Dieu, un partage gratuit de la vie propre de Dieu dont les potentialités sont infinies. Il me suffit aussi de réaliser que toute vie est unique, tout visage unique, que chacun étant unique, sa valeur est infinie.
Alors oui, merci de faire sortir le débat sur la vie et l’accompagnement de la fin de vie, du parlement. Il est capital de ne pas se laisser surprendre par la fin de vie. C’est une lumière pour vivre de ne pas éluder le mystère de notre mort, ne serait-ce qu’en se posant la question devant un dilemme : de quelle décision serai-je le plus fier sur mon lit de mort ? Et pour nous aider dans ce questionnement, je vous laisse ce petit livre de François Cheng, l’académicien, « Cinq méditations sur la mort »… dont j’aime surtout le sous-titre : « autrement dit sur la vie » ! Bonne réflexion à chacun, bonne discussion à tous. Choisissons la Vie !
Chaque 8 mai nous faisons mémoire de la folie meurtrière des hommes. Mais nous nous souvenons aussi que le 8 mai 1945 a marqué le début d’un formidable effort collectif de reconstruction et de réunification. Grâce en particulier à des responsables politiques audacieux, l’Europe est remontée de l’abime.
80 ans après, les parlementaires vont débattre sur la fin de vie. Le contexte a changé, nous assistons en effet au lent déclin d’une société dans laquelle les réels efforts de solidarité ont du mal à résister à l’individualisme consumériste destructeur des écosystèmes et de la cohésion sociale ; une société où de nombreuses personnes, pourtant en quête de sens, sont séduites par les mirages d’une vie hédoniste et se laissent entrainer dans l’engrenage de la surconsommation, des addictions, de la violence, des antidépresseurs ou de la dénatalité.
Dans ce contexte, nous avons besoin de responsables politiques qui aient le courage d’aller à contre-courant ! Comme l’histoire nous l’a maintes fois montré, ouvrir des brèches dans l’interdit de tuer ou banaliser la mort provoquée favorise l’expansion de la violence et encourage une culture de l’indifférence. Ne nous y trompons pas, ce n’est pas simplement une question de libertés individuelles qui est en jeu, c’est un choix de société.
Nous comptons sur vous, Mesdames et Messieurs les parlementaires, pour donner le signe d’une société qui veut désormais faire le choix de la vie et de la cohésion !
Ayez le courage de dire non à une pseudo-solidarité qui reviendrait à dire aux personnes âgées qu’on peut les aider à disparaitre. Dites oui à une société qui se reconstruit et se réunifie autour d’un idéal commun qui ne soit pas à géométrie variable : protéger toute vie humaine. Donnez-nous les moyens de soulager et d’entourer de notre affection les personnes en fin de vie. Permettez-nous de les assurer qu’elles ne seront jamais de trop.
La Conférence des responsables de culte en France (CRCF) – catholique, protestant, orthodoxe, juif, musulman et bouddhiste – alerte solennellement sur les graves dérives qu’implique la proposition de loi introduisant dans la législation française un « droit à l’aide à mourir ». Derrière une apparente volonté de compassion et d’encadrement, ce texte opère un basculement radical : il introduit légalement la possibilité d’administrer la mort – par suicide assisté ou euthanasie – en bouleversant profondément les fondements de l’éthique médicale et sociale.
1. Un langage qui travestit la réalité
La terminologie choisie – « aide à mourir » – masque la nature véritable de l’acte : l’administration volontaire d’un produit létal. Ce vocabulaire euphémisant, que la Haute Autorité de Santé elle-même qualifie de source de confusion éthique, dénature les mots pour désamorcer la gravité morale de l’acte. Qualifier une mort administrée de « naturelle » est une contrevérité qui vise à anesthésier les consciences et affaiblir le débat public.
2. Une rupture avec l’essence du soin
L’intégration de l’aide à mourir dans le Code de la santé publique constitue un dévoiement de la médecine. Elle heurte frontalement le serment d’Hippocrate et le principe fondamental du soin, qui vise à soulager, sans jamais tuer. De nombreux soignants expriment leur désarroi : être chargés de provoquer la mort d’un patient constitue une transgression radicale de leur mission, et risque d’instaurer une culture de la mort là où la médecine s’est toujours construite comme un service de soin à la vie.
3. Des garanties éthiques et procédurales gravement insuffisantes
Le texte actuel permet à un seul médecin d’autoriser un acte létal, sans procédure collégiale, ni évaluation psychiatrique. La Haute Autorité de Santé, dans ses avis successifs, insiste pourtant sur la nécessité absolue d’un discernement partagé, pluridisciplinaire, long et encadré. Le délai d’instruction de 15 jours suivi, le cas échéant, d’un délai de réflexion de seulement 48 heures – voire moins – va à l’encontre de tous les standards internationaux. Cette précipitation est indigne d’une décision irréversible et de la gravité de l’enjeu.
4. Une menace directe pour les plus vulnérables
L’instauration de ce « droit » risque d’exercer une pression sourde mais réelle sur les personnes âgées, malades ou en situation de handicap. La seule existence d’une telle option peut induire chez des patients une culpabilité toxique – celle d’« être un fardeau ». Dans les pays où l’euthanasie a été légalisée, les demandes ne cessent d’augmenter, et on observe une baisse inquiétante de l’investissement dans les soins palliatifs. Ainsi la promesse d’un accompagnement digne tend à s’effacer derrière une option terminale présentée comme solution.
5. Une atteinte à l’équilibre entre autonomie et solidarité
La loi proposée consacre l’autonomie individuelle au détriment des liens familiaux et sociaux. Elle érige l’autodétermination individuelle en absolu en écartant toute information ou consultation de proches, de l’équipe soignante, et tout accompagnement spirituel ou psychologique. Ce faisant, elle ne tient aucun compte de la dimension relationnelle et interdépendante de l’existence humaine. Ce choix solitaire risque fort d’occasionner des traumatismes et de blessures durables, notamment dans le cas d’une découverte a posteriori du décès d’un proche aidé au suicide ou euthanasié.
Un appel à la responsabilité politique et humaine
Devant cette possible rupture anthropologique, la CRCF appelle les parlementaires à faire preuve de discernement. Légaliser la mort administrée ne sera pas un progrès, mais une régression éthique, sociale et médicale. Il faut choisir l’investissement dans les soins palliatifs, la formation à l’écoute, l’accompagnement global des personnes jusqu’à la fin de leur vie. Ce choix est celui de l’humanité contre l’abandon, de la relation contre la solitude, du soin contre la résignation.
Antony Boussemart, Co-président de l’Union bouddhiste de France
Mgr Dimitrios, Président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France
Chems-Eddine Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris
Haïm Korsia, Grand Rabbin de France
Pasteur Christian Krieger, Président de la Fédération protestante de France
Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France