Histoire du Ciné-Club
Le Centre Culturel Cinématographique est fondé le 21 février 1967. Les membres fondateurs veulent, à travers cette association (de type loi 1901) «promouvoir la culture populaire et l'éducation permanente en s'inspirant de l'idéal laïc» : la plupart venant de l'enseignement, on peut comprendre un tel postulat. D'ailleurs, au départ, l'association est affiliée à l'OROLEIS (et cela jusqu'en 1975).
Le tout jeune CCC s'installe au 3, rue de Strasbourg à Grenoble dans des locaux appartenant à la Fédération des Œuvres Laïques. La première séance a lieu le 21 février 1967 avec Un homme à brûler de Paolo et Vittorio Taviani, dans la salle occupée par le cinéma Le Méliès jusqu'en juin 2012.
En 1973, l'association déménage au 4 rue Hector Berlioz (adresse actuelle) et les projections se font à la Salle des Concerts, devenue ensuite la Salle Juliet Berto.
Les années 70 ont vu se développer nombre d'associations dans l'agglomération grenobloise. La période, portée par les événements de mai 68, est propice au foisonnement culturel et le CCC, comme beaucoup d'associations, est en plein essor. Les cinémas de quartier ne sont pas alors des multiplexes et la télévision n'est pas encore une concurrente. De plus, les films sont loués aux Ciné-Clubs à des prix raisonnables, ce qui permet au CCC de projeter deux films différents chaque semaine, le mardi et mercredi soir. Le «Cinéma Enseignement» propose aux lycéens un film en version originale sous-titrée en français chaque mardi et, une fois par mois, un film est projeté pour le «Cinéma Retraités» le jeudi après-midi. De plus, l'association «Cinéma Enfants», issue du CCC, propose des séances tous les mercredis après-midi. En 1976, la municipalité octroie une subvention pour un poste permanent d'animateur (à plein temps) au sein de l'association qui recense plus de 2000 adhérents l'année suivante.
A partir de 1980, le nombre d'adhérents commence à chuter. Les multi-salles se développent et les prix de location des films augmentent fortement. A la rentrée 1981 les projections ont lieu les mardis et mercredis toutes les deux semaines.
En 1983, l'association traverse une crise importante et frôle la dissolution mais une équipe de cinéphiles motivés décide de la reprendre en main. Le poste d'animateur est supprimé et remplacé par un poste de secrétaire-comptable. Le «Cinéma Enseignement» devient «Ciné-Langues» en étroite collaboration avec le CRDP. Les 20 ans du CCC, en 1987, sont l'occasion de faire un bilan. Celui-ci est positif puisque malgré des difficultés diverses, le ciné-club est encore là et toujours animé par des bénévoles passionnés.
En 1991, «Ciné Bamboche» (ex «Cinéma Enfants») met la clé sous la porte. Le CCC reprend cette activité et projette une fois par mois un film pour enfants dans le cadre de son «Ciné-Mercredi» (en collaboration avec les MJC et les Maisons de l’enfance). En 1992, la subvention de la municipalité baisse de 40,6% : le poste de secrétaire-comptable devient un poste à mi-temps.
En 1998, la Salle Juliet Berto est rénovée et un hommage est rendu à Juliet Berto, actrice et réalisatrice grenobloise, en collaboration avec la Cinémathèque de Grenoble. A cette occasion l'intégralité des films qu'elle a réalisé est projetée : Neige (1981), Cap Canaille (1983) et Havre (1986). La même année la subvention baisse de nouveau de 40% entraînant la perte du demi-poste de secrétaire-comptable. Le poste de permanent n'est plus assuré qu'avec des emplois aidés (CES, CEC, CAE...).
Les années 2000 semblent à première vue de mauvaise augure pour l'association : ouvertures de multiplexes, prolifération du DVD, développement des chaînes thématiques et d'internet d’une part, augmentation du coût des films et des transports d’autre part…
En 2001, «Ciné Langues» s’arrête : les enseignants rencontrent de plus en plus de difficultés à faire venir leur élèves et le CCC ne peut assumer le déficit de ces séances. En 2003, la subvention municipale est de nouveau diminuée, ce qui sonne le glas de «Ciné-Mercredi».
L’équipe en place redouble d’effort sur la politique de programmation et la communication. En 2005, les séances redeviennent hebdomadaires et le Ciné-Club est de plus en plus sollicité par les différents acteurs culturels locaux pour des séances en partenariat.
L’année 2006 est un vrai paradoxe pour le CCC qui s’apprête à fêter ses 40 ans d’existence l’année suivante : alors que l’affluence des spectateurs (et adhérents) augmente, la plupart des demandes de subvention sont refusées. L’association doit vivre avec une subvention municipale de 3000 €. Cette somme est insuffisante. L’embauche d’un permanent en «contrat aidé» est annulée, l’association n’a plus d’employé. En octobre, toute l’équipe se mobilise et lance un appel au secours sous la bannière «Sauve qui peut (le CCC)» : sans soutien, les portes se fermeront définitivement à la fin de l’année. Les premiers à défendre le CCC sont ses adhérents : plus de 2000 € de dons seront collectés. La Ville de Grenoble alloue une aide exceptionnelle qui sera pérennisée et, pour la première fois, le Conseil Général accepte d’accorder à l’association une subvention qui sera renouvelée les années suivantes.
En janvier 2009, le Festival des Maudits Films est mis en place, proposant pendant 5 jours des films du «cinéma bis».
Le CCC prend en charge les interventions de l'option facultative «cinéma» du lycée Sainte Cécile à La Côte Saint-André.
En 2015, le Centre Culturel Cinématographique change de nom et devient Le Ciné-Club de Grenoble mais conserve ses objectifs et ses activités.
En 2016, le Festival des Maudits Films prend son autonomie tout en continuant de projeter au Cinéma Juliet Berto.
Ainsi, Le Ciné-Club de Grenoble, bien que toujours en situation financière précaire, continue sa mission : attirer de nouveaux adhérents de tous horizons, diffuser des films du patrimoine souvent invisibles sur grand écran, défendre un cinéma différent et pérenniser une tradition culturelle de débats avec les spectateurs.
Décembre 2016