ATD Quart Monde, une histoire transnationale. La lutte contre la pauvreté, d'un bidonville à l'ONU, Paris, PUF, 2025
Que peuvent les associations de solidarité, souvent présentées comme des bonnes consciences citoyennes, des pis-aller, des sous-traitantes de l’impuissance publique ? Certaines sont pourtant très puissantes : elles sont un levier fondamental d’innovations, de sensibilisation et d’avancées sociales, et notre protection sociale serait sans elles peu de chose.
Cet ouvrage le démontre en suivant l’histoire d’ATD Quart Monde, créée en 1957 par scission d’Emmaüs dans un bidonville de la région parisienne et devenue internationale par des approches et des méthodes innovantes. Elle a joué un rôle clé dans l’édification de nombre de droits actuels, depuis le RMI/RSA jusqu’au logement opposable. Au niveau onusien, on lui doit la Journée mondiale de lutte contre la misère et l’approche de la grande pauvreté comme violation des droits de l’Homme.
Une histoire où l’on retrouve des figures majeures de l’engagement contre la pauvreté, comme Geneviève de Gaulle Anthonioz et le père Joseph Wresinski.
Notre part de solidarité, Paris, Belopolie, 2022
Qu'est-ce que la solidarité ? Comment en faire un remède à la "triple crise, écologique, sociale et démocratique" pointée par France Stratégie dans son rapport sur les Soutenabilités et qui se développe depuis les années 1980 ?
Un essai en opuscule, où la compréhension du passé et du présent peut aider à éclairer l'avenir.
Des sans-logis aux sans-domicile.
Le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri à Lyon depuis 1950, Saint-Etienne, Publications de l’université de Saint-Etienne, 2020
La France comptait en 2012, date de la dernière grande enquête INSEE, 140 000 personnes sans domicile. Leur nombre semble avoir nettement augmenté depuis. Phénomène omniprésent dans les médias, terrain de choix pour les sociologues et anthropologues, on ne sait pourtant quasiment rien de son histoire au XXe siècle.
A l'aune d’une association centrale dans l’espace lyonnais, Le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri, cet ouvrage permet de répondre à bien des questions. Qui sont les personnes à la rue en France et comment leurs profils ont-ils évolué ? Quels changements ont subi les hébergements sous l’impact des associations, des pouvoirs publics, des individus accueillis et de la conjoncture ? Quels sont les enjeux du problème ?
On croisera constamment ici l’histoire nationale, de la crise du logement d’après-guerre à l’appel de l’abbé Pierre, de la crise économique des années 1980 aux Enfants de Don Quichotte, des migrants d’hier à ceux d’aujourd’hui. Car l’errance a toujours été, avant tout, un « sismographe de la conjoncture ».
Perçue dès la fin du XIXe siècle comme secondaire, vouée à s’éteindre au profit des assurances naissantes puis de la Sécurité sociale, l’assistance aux plus démunis revient aujourd’hui en force. Sa place dans les politiques publiques a beaucoup évolué au fil des décennies.
D’abord monopole des œuvres caritatives au XIXe siècle, elle est prise en charge par les municipalités à la fin du siècle, sur fond de IIIe République sociale naissante ; ce n’est qu’ensuite, au tournant du XXe siècle, que l’État intervient par plusieurs lois sociales majeures.
Cette histoire de l’assistance en France conduit à mettre en avant un fait occulté, et pourtant fondamental : l’aide aux pauvres s’est aussi faite sous double condition de vulnérabilité sociale et sanitaire. Indigents malades, vieillards, handicapés physiques et mentaux, femmes en couche, ont été des publics prioritaires, considérés comme non responsable de leur situation. Sous des formes certes atténuées, le traditionnel clivage entre « bons » et « mauvais » pauvres a longtemps perduré dans la France contemporaine.
Cet ouvrage montre aussi que les pouvoirs publics, locaux et nationaux, se sont toujours appuyés sur les œuvres caritatives, devenues aujourd’hui associations de solidarité. Une collaboration rendue nécessaire pour faire face à un fléau à nouveau actuel.
Combattre la pauvreté. Vulnérabilités sociales et sanitaires de 1880 à nos jours, Paris, CNRS Editions, 2013
Emmaüs et l'abbé Pierre, Paris, Presses de SciencesPo, 2009
Version anglaise : Emmaüs and the Abbé Pierre. An Alternative Model of Enterprise, Charity and Society, Paris, Presses de SciencesPo, 2013
Prophète des temps modernes, l'abbé Pierre incarne la révolte devant l'injustice et la précarité, alliant un savant mélange de religieux et de critique envers l’Église, et une constante oscillation entre le caritatif classique et le politique offensif. Quels furent son rôle et sa place au sein d’Emmaüs ? Comment la petite organisation de chiffonniers, née après-guerre dans les décharges de la région parisienne, est-elle devenue l’une des plus grandes ONG françaises ?
Ce livre ouvre au lecteur les portes d’Emmaüs, encore confinée dans l’ombre de son fondateur et largement méconnue. Par son approche originale des pauvres, sa médiatisation précoce ou son expérience unique de la récupération, Emmaüs a renouvelé les pratiques de lutte contre la grande pauvreté, le mal-logement, le chômage, la rupture sociale ou encore l’endettement. Mais sait-on qu’Emmaüs est aussi depuis 1954 un mouvement international mobilisé sur la question de la faim dans le monde et porteur, par son ancrage religieux, d’une parole engagée ?
C’est l’extraordinaire développement de l’humanitaire contemporain et une page importante de l’histoire sociale française qu’Axelle Brodiez-Dolino nous permet de (re)lire à travers deux histoires indissociables, celles d’Emmaüs et de l’abbé Pierre. C’est enfin un regard nouveau sur les recompositions et la vivacité des engagements militants.
Existe aussi en version électronique, téléchargeable et imprimable intégralement ou par chapitre : https://www.cairn.info/emmaus-et-l-abbe-pierre--9782724610949.htm.
Alors que le Secours populaire fête ses soixante ans d’existence, cette première étude historique a le mérite d’explorer simultanément trois champs historiques convergents : l’histoire du conglomérat communiste, l’histoire contemporaine des associations humanitaires et de solidarité, l’histoire de l’engagement. À partir des archives du PCF et de nombreux entretiens, Axelle Brodiez analyse les liens entre le parti, ses organisations “satellites” et les dirigeants du Secours populaire. Elle cherche à comprendre à partir de l’implosion du PCF dès les années 1960, les causes de réussite ou d’échec des différentes organisations qui lui sont liées. Avec l’histoire du Secours populaire se dessine celle des organisations humanitaires et de solidarité, notamment dans leur rapport au politique. Plus généralement, elle pose la question de la “crise du militantisme” au profit d’un “phénomène bénévole”.
Le Secours populaire français, 1945-2000 : du communisme à l'humanitaire, Paris, Presses de SciencesPo, 2006
ET EN CO-DIRECTION :
Vulnérabilités sanitaires et sociales. De l'histoire à la sociologie
Codirigé avec Isabelle von Bueltzingsloewen, Benoît Eyraud, Christian Laval et Bertrand Ravon,
Rennes, PUR, 2014
Stigmatisé par certains sociologues comme «mot-valise» ou pour son emprunt aux politiques publiques, regardé avec méfiance par les historiens qui réfutent par principe l'anachronisme, le terme vulnérabilité mérite pourtant d'être pris au sérieux. Les termes sont des analyseurs des temps et celui-ci recèle d'importantes potentialités. Réunissant principalement des historiens et sociologues, cet ouvrage invite donc à réfléchir au terme en articulant questions sanitaires et sociales.
La protection sociale en Europe au XXe siècle
Codirigé avec Bruno Dumons, Rennes, PUR, 2014
Cet ouvrage, qui réunit neuf historiens européens, invite à repenser l’écriture de l’important chantier de l’histoire de la protection sociale en proposant tant des états des lieux sectoriels que des pistes de renouvellements problématiques, via des approches transnationales ou thématiques.