En quelques décennies, les technologies numériques ont pénétré la société toute entière et en particulier les domaines de l’enseignement et de l’apprentissage. Les pouvoirs publics consentent des efforts considérables en matière de formation et d’équipement et de nombreuses expériences (enseignement à distance, hybridation, ludification de l’enseignement, etc.) sont mises en œuvre dans tous les degrés d’enseignement, de l’école primaire à l’université en passant par la formation professionnelle. L'apprentissage toute la vie durant est à la fois rendu nécessaire et possible dans une société largement devenue numérique.
AUPTIC·éducation (Association pour l'Utilisation Pédagogique des Technologies de l'Information et de la Communication) s'adresse aux personnes intéressées par le soutien que ces technologies peuvent apporter à la pédagogie et aux apprentissages.
L’association cherche à favoriser l'échange entre les chercheurs et les praticiens de l'éducation et de la formation qui savent l'importance du terrain sur le regard à porter au numérique. Les activités proposées ont pour vocation de mettre en réseau les points de vue de divers horizons (formation primaire, secondaire, supérieure / tertiaire et continue) pour créer une réflexion métissée.
Les colloques annuels de l’association AUPTIC·éducation s’inscrivent dans ces différents questionnements en plaçant le point de vue pédagogique au cœur de ses réflexions. En ce sens, les contributions attendues dans cette septième édition seront issues à la fois du monde de la formation à tous niveaux et du monde de la recherche (qu’elle soit fondamentale ou orientée vers la recherche-développement). Les communications devront traiter d’enjeux actuels tournant autour des technologies dans l’enseignement et l’apprentissage et seront organisées principalement (mais pas exclusivement) autour des axes ou réseaux thématiques décrits ci-dessous.
Cette année, l’organisation du colloque a été confiée à l’équipe du CEMU, service d’appui à la pédagogie de l’Université de Caen Normandie. Composé de 60 agents, le CEMU accompagne les équipes pédagogiques, de la gestion de projet à l’expérimentation d’espaces et méthodes innovants (technologies immersives, ludopédagogie…), en passant par la production de ressources et la formation à la pédagogie. Reconnu pour son expertise, le CEMU participe à la réflexion et la structuration des nouveaux métiers de l’ingénierie pédagogique et de la formation de demain, aux niveaux national et international.
Transformations et numérique : quels défis à relever
et quelles responsabilités à prendre ?
Cadrage
Une responsabilité collective face aux défis de transformation
Les enjeux environnementaux ou sociaux de lutte contre les inégalités et les discriminations, l’évolution de la place de l’individu, le développement de nouvelles formes de travail et d’apprentissage sont autant d’éléments de contexte qui percutent aujourd’hui les lieux de formation et tous les acteurs. Cette édition du colloque se propose de questionner la manière dont les praticiens, les chercheurs et les praticiens-chercheurs intègrent cette nouvelle donne. Comment les enjeux éthiques, politiques, économiques et environnementaux, comme autant de défis, peuvent-ils trouver leur place dans leur activité ? À quelles conditions ?
Cela pose la question de la responsabilité de l’enseignant, qu’elle soit individuelle ou collective, mais aussi celle des acteurs de l’éducation-formation de manière élargie : décideurs, concepteurs de dispositifs, techno-pédagogues, chercheurs. En effet, en tant que praticiens, nous ne transformons pas uniquement notre agir professionnel par des injonctions ministérielles ou des effets de mode involontairement subis mais aussi, et peut-être surtout, par des évolutions de postures assumées au regard d’enjeux considérés comme essentiels.
Comment les praticiens font-ils face aux défis de la responsabilité sociale et environnementale dans leur pratique pédagogique ? Quelles sont les ressources pour l’évolution de l’agir professionnel ? Comment ces questions sont prises en charge par les chercheurs, traduites par les concepteurs ? Comment chacun d’eux peut aider les apprenants à comprendre leur responsabilité en tant que citoyens dans le monde numérique ?
Le colloque s'organise autour de quatre axes de réflexion
Axe I – Intelligence artificielle
Si les algorithmes basés sur l’intelligence artificielle (IA) ont déjà investi nos vies quotidiennes, l’ouverture récente au grand public de nouveaux outils tels que ChatGPT ou Midjourney a accéléré l’impact de ces technologies sur les pratiques éducatives et la posture de l’enseignant. Ces ruptures déstabilisent le monde enseignant et le poussent à aborder la question du devenir de l’apprentissage, de ses liens avec l’IA, de son éthique.
En bousculant un certain ordre établi, l’IA s’installe dans le processus d’apprentissage et modifie l’expérience des étudiants comme leur évaluation. Comment s’appuyer efficacement sur ce nouvel outil pour faire évoluer sa pratique pédagogique ? Quels critères éthiques doivent être pris en compte lors de l'utilisation de l'IA à des fins de recommandation d'activités pédagogiques ?
La relation éducative est également affectée, que l’on parle d’accompagnement ou d’individualisation des parcours d’apprentissage. Comment, en responsabilité, s’appuyer sur l’IA pour déléguer certaines tâches, tout en conservant les nécessaires interactions humaines ?
La mise en ligne, fin 2022, de ChatGPT3, suivie quelques mois plus tard de la version 4, a fait faire un bond considérable aux applications concrètes de l’intelligence artificielle. D’un sujet d’experts, l’IA a fait son entrée dans le domaine grand public. Comment la penser comme un objet d’apprentissage ? Quelles compétences critiques sont à mobiliser pour un usage éthique de l’IA, dans une période d’incertitude sur les capacités d’évolution de cet outil ?
Axe II – Genre
La période actuelle est lourde d’enjeux et d’événements dramatiques qui touchent au cœur des institutions d’enseignement. Ces situations questionnent l’exercice quotidien du métier dans toutes ses dimensions. Des dispositifs, des chartes sont mis en place pour faire avancer l’égalité, l’équité, contre les discriminations, les violences sexistes et sexuelles. Mais où en est-on ?
Dans quelle mesure les technologies sont un levier pour la prise en compte de ces questions mais aussi un vecteur de représentations et de pratiques contre lesquelles lutter ? Dans quelle mesure les représentations sur les technologies sont à questionner ?
La prise en compte de ce sujet demande aussi d’examiner la portée des dispositifs mis en œuvre pour l’ensemble des acteurs. Comment favoriser une approche inclusive dans les environnements éducatifs ? Quel enjeu pour la réussite étudiante ?
Concernant l’éducation-formation à l’égalité et la lutte contre les discriminations, quels dispositifs sont mis en place dans la diversité des établissements ? Pour quels effets ?
On sait à présent l’impact de la représentation pour favoriser l’égalité et lutter contre les discriminations. Comment promouvoir une représentation égalitaire des femmes et des hommes dans les contenus éducatifs, les référentiels de compétences et les différents contextes d’exercice ainsi que dans les outils et les objets eux-mêmes ?
Axe III – Immersivité
L'enseignement s’adapte en continu aux nombreuses transformations en lien avec l'évolution de la société et des outils à disposition. Aujourd'hui, les technologies immersives interrogent la forme scolaire traditionnelle.
L’immersivité ne se restreint pas aux technologies immersives, il s’agit bien d’un environnement d’apprentissage centré sur l’expérience. Cela englobe le jeu et la ludification, l’immersion dans une narration et la mise en situation de l’étudiant dans un environnement fictif. Quelle diversité des formes et des acceptions ?
Cette approche soulève des enjeux de posture et d’adaptation des enseignements ainsi qu’une réflexion sur la conception de ces environnements. Comment définir des critères et une approche responsable pour légitimer l’utilisation de l’immersivité dans un contexte d’apprentissage donné ? Quelles sont les modalités d’intégration de celle-ci dans les dispositifs d’enseignement-apprentissage ?
Comment l'immersivité peut devenir une opportunité dans la réussite étudiante ?
Axe IV – Vers une responsabilité partagée de l'accompagnement
Si réagir aux défis de la responsabilité sociale et environnementale est bien une opportunité pour transformer nos pratiques d'accompagnement, comment éviter de se satisfaire d'une transformation individuelle et se projeter dans une dynamique collective intégrant l'apprenant ? Ce dernier ne doit pas être simplement au cœur du dispositif de formation mais en être un des agents.
S'il s'agit de former des citoyens responsables, autonomes, réflexifs, engagés, n'est-il pas pertinent de leur confier une mission d'accompagnement ? Cela soulève la place réelle de l'apprenant : quelle place peut-il endosser dans le parcours de formation de ses pairs ? Pour acquérir quelles compétences ?
Mais comment soutenir la construction d'une posture d’accompagnement chez l’apprenant ? À partir de quelles traces d’activités ?
Comment mettre en place des approches pairagogiques adaptées aux besoins et capacités des apprenants ?
Quels sont les effets sur la posture d’enseignant ? En quoi cela contribue aussi à son développement professionnel ?