Lundi 5 janvier 2026 | 9:30-10:30
Jean-François Van de Poël (Université de Lausanne) animera cette session inaugurale articulant deux interventions de 20 minutes suivies d’une table ronde. Dr. Richard Emmanuel Eastes (HES-SO) interrogera la responsabilité collective des universités face aux IA génératives, entre intégrité académique, mission sociale et gouvernance. Dre Lucie Jacquet-Malo proposera une réflexion sur les enjeux de la socialisation et la fracture numérique dans le monde de l'éducation en lien avec l'IA. Ces regards croisés ouvriront le colloque sur une question centrale : comment peser collectivement sur l’écosystème numérique tout en outillant nos étudiant·es et nos institutions.
Dr. Richard-Emmanuel Eastes
Le déploiement de l’intelligence artificielle générative interroge les modalités d’enseignement et d’évaluation des institutions d’enseignement supérieur, mais également leurs objectifs pédagogiques et le sens de leur mission. Si des réponses efficaces ont émergé pour traiter des questions de responsabilité sur les plans de l’intégrité académique et des modalités d’enseignement, les universités et hautes écoles semblent encore éprouver des difficultés à poser les principes d'une véritable responsabilité sociétale à l’ère de l’IA, tant envers leurs employé·es qu’en termes de compétences à développer chez leurs futur·es diplômé·es, ou encore de cohérence institutionnelle. Or une responsabilité véritablement collective ne saurait se limiter à une série d’ajustements locaux ou à des chartes isolées : elle suppose une alliance entre institutions d’enseignement supérieur, capables de mutualiser leurs réflexions, leurs ressources et leurs positions pour peser face aux géants du numérique. C’est dans leur capacité à créer des fronts académiques communs que réside sans doute la condition d’une gouvernance éthique et souveraine de l’IA. Car si l’intelligence est artificielle, la responsabilité, elle, reste profondément politique et humaine.
Dre Lucie Jacquet-Malo
Les technologies numériques au service de l’éducation usent de plus en plus de cet argument imparable : les IA vont pouvoir individualiser les apprentissages, à tel point que chaque apprenant se verra avoir un plan unique de travail, adapté à ses besoins, et à sa réussite. Néanmoins, Philippe Meirieu alerte dans une Tribune publiée au Monde, sur l’impact dramatique sur la socialisation à l’école, réduisant drastiquement les interactions entre pairs.
Ainsi, comment user des IA, et notamment des IA génératives en garantissant les échanges, au service de la réussite individuelle et collective, et en tentant de réduire la fracture IA ? Sans répondre complètement à la question, nous donnerons quelques indications permettant de ne pas tomber dans l’utilisation néfaste des IA en classe.
Mardi 6 janvier 2026 | 15:30-16:30
Prof. Zoe Moody (Unil)
L’omniprésence des technologies dans les expériences quotidiennes des jeunes invite à interroger leurs effets sur le développement et l’éducation à partir d’un cadre analytique centré sur les droits de l’enfant. Cette conférence s’inscrit dans une perspective post-digitale, considérant que les environnements numériques ne constituent plus un domaine distinct mais un élément structurant des trajectoires développementales, des relations éducatives et des conditions d’exercice des droits. À travers cette approche, il s’agira de mettre en lumière les tensions entre les promesses du numérique – en matière de participation, d’expression, d’accès à la culture ou d’apprentissage – et les vulnérabilités qu’il engendre, notamment en termes de protection, de vie privée, de bien-être ou d’inégalités d’accès.
L’intervention proposera une analyse théorique située au croisement de la psychologie du développement, des sciences de l’éducation et du champ des droits de l’enfant, en soulignant comment les environnements sociotechniques reconfigurent les espaces éducatifs et les modalités d’accompagnement des jeunes. Ces apports conceptuels seront articulés à des données empiriques documentant les usages réels des enfants et des adolescents, afin de saisir comment le numérique s’inscrit concrètement dans leurs trajectoires. L’objectif est d’esquisser un cadre éducatif permettant de soutenir le développement global des enfants tout en garantissant la réalisation effective de leurs droits dans un monde où le digital constitue désormais un élément fondamental du contexte éducatif et social.