LA TABLE EST MISE, JE VOUS ATTENDS
Dans mon jardin d’hiver, sur ma table imaginaire
J’ai mis une nappe d’un immaculé blanc polaire.
Un service en porcelaine d’une pureté scintillante
Dressé de mets d’où s’élève une fumerolle vacillante,
Des couverts translucides pour vos doigts engourdis,
Pour avitailler et sublimer votre palais en incendie.
Des chandeliers en forme de sapins saupoudrés
Pour diffuser une lueur toute en teintes poudrées,
Des verres embués, gorgés de nectars suaves
Issus de beaux flacons hibernant dans ma cave.
Des coupes emplies de bulles givrées
Pour très délicatement vous enivrer,
Clandestinement dans vos yeux j’ai vu pétiller
Des cristaux empapillotés, je suis émerveillé.
LAC D’AUTOMNE
Est-ce le lac qui fume
Ou un reliquat de brume ?
Les montagnes, refroidies, ont gardé leur cache-col,
Seules quelques colchiques lilas parsèment les cols.
Même les mouettes ont déserté les pieux,
Préférant s’envoler vers d’autres cieux.
Au-dessus de ce lac de nuages, le soleil s’étale
Inondant une plage cotonneuse, horizontale
Sur cet édredon à la douceur paisible,
Se croyant à l’abri des regards, invisibles,
Quelques anges bronzent, mélancoliques
Ayant déserté leurs sombres basiliques.
Puis les brumailles s’étiolent doucement,
Découvrant un monde inerte, sans mouvements
Daignant offrir aux pâles humains
Un avant-goût de radieux lendemains,
Une beauté figée, éphémère
En une lueur douce-amère.