Y a tout à comprendre !
Introduction à l'enseignement conceptuel et aux apprentissages transférables
Introduction à l'enseignement conceptuel et aux apprentissages transférables
Les années passées à enseigner durant la pandémie ont poussé plusieurs enseignants et élèves à se réinventer. Personne ne sait ce que l'avenir nous réserve, sauf qu'il sera rempli de défis complexes à relever.
Pandémies, conflits militaires et changements climatiques ne sont que quelques sujets qui façonnent le monde auquel nos élèves doivent faire face.
Aucun enseignant ne se lève le matin pour développer un sentiment d'impuissance et de passivité chez ses élèves. Au minimum, on veut tous que nos élèves soient capables, à leur juste mesure, d'agir dans leur monde à leur façon. Pour y arriver, on doit les aider à voir les défis à travers les lunettes des disciplines que nous enseignons.
Peu importe la situation de nos apprenants, ils devraient être en mesure de réinvestir leurs apprentissages pour se mettre en action. Mais, que peut bien faire un jeune contre une pandémie, une guerre ou des changements climatiques ? Comme on le voit dans ces exemples, il peut apprendre à communiquer sa solidarité et l'espoir dans ses cours de langues; en arts, il peut apprendre comment on les symbolise; en éthique, il peut apprendre comment les manifester sans se radicaliser; en histoire, il peut apprendre comment d'autres ont fait face à ces défis dans le temps, etc.
Bref, on doit donner à nos jeunes le pouvoir de voir et de comprendre le rôle qu'ils peuvent jouer dans le monde grâce à notre matière.
Voici donc les intentions de cette présentation.
On parle d’apprentissages transférables lorsque les élèves sont capables de réinvestir leurs connaissances pour agir dans des situations de plus en plus éloignées de ce qui a été vu en classe.
Par exemple, lorsqu'on enseigne à nos élèves à écrire, ce n'est pas seulement pour la production en classe. On veut qu’ils soient capables de le faire tout au long de leur vie dans différentes situations.
L'acquisition de certains concepts, de les définir, de les organiser et de les distinguer par rapport à d'autres concepts.
L'exploration et l'apprentissage des possibles relations, impacts et rapports entre les concepts.
Un enseignement qui aborde le transfert des apprentissages non pas pas juste comme une fin, mais aussi comme faisant partie du processus d'apprentissage.
Vous pouvez interagir avec la diapositive suivante pour explorer une piste axée sur le transfert. Les vidéos, les photos et les textes s'y rattachant (en français ou en anglais) peuvent vous donner une idée globale d'un parcours possible une unité donnée. Nous y reviendrons sous peu.
Prenez le temps de bien analyser la diapo qui accompagne ce texte.
On ne parle pas de remplacer ou de plus enseigner d'une certaine façon; on parle de donner davantage de sens à ce qui est appris en classe.
On veut miser sur la compréhension conceptuelle combinée à une culture de transfert dans des contextes authentiques pour préparer les élèves pour l'avenir.
Mais que veut-on dire par concept ou compréhension conceptuelle ?
Bien que les quatre définitions étaient bonnes, nous allons parler de concepts comme étant des idées qui nous aident à classer ce que l'on reçoit comme information.
Prenez un moment pour comparer les deux colonnes de concepts avec la colonne de faits ou d’exemples.
Que remarquez-vous ?
Vous remarquez peut-être que les concepts généraux sont larges et abstraits, tandis que les faits sont beaucoup plus spécifiques.
Les faits aident les élèves à identifier les caractéristiques principales d’un concept et sont donc toujours nécessaires à l’apprentissage.
Les concepts, contrairement aux faits, se transfèrent dans de multiples situations.
Aussi, pour les concepts, vous voyez qu’il y a une espèce de hiérarchie des idées. Certains sont très généraux et transdisciplinaires. Ils peuvent s’appliquer de différentes manières à de nombreux domaines ou contenus.
Ensuite, lorsque nous considérons nos disciplines spécifiques, nous avons des concepts plus étroits. Même s’ils sont plus précis, ils peuvent encore se transférer dans de multiples situations.
Les concepts nous aident à organiser l’information dans notre cerveau. Les faits sont comme la pile de papiers à gauche : Si nous nous concentrons uniquement sur la mémorisation de faits, il devient très difficile de s’en souvenir, car ils ne sont reliés à rien.
Par contre, si nous nous concentrons sur l’apprentissage et la compréhension des concepts, nous pouvons organiser ces mêmes faits dans des sortes de dossiers pour ainsi leur donner du sens et les récupérer plus facilement et à plus long terme.
La compréhension conceptuelle va au-delà du simple fait d’aider les élèves à acquérir des connaissances. Elle encourage à découvrir la façon dont les connaissances sont structurées et reliées entre elles.
Si nous voulons que les élèves puissent transférer leur compréhension, voir les relations entre les concepts est tout aussi important que de connaître les concepts.
Voici les trois phases d'apprentissage telles que définies par John Hattie, Doug Fisher et Nancy Frey.
Les élèves explorent de nouveaux concepts et posent les bases de leur compréhension initiale.
Les élèves commencent à établir des connexions entre les concepts et généralisent sur des idées plus larges basées sur les expériences en classe.
Les élèves appliquent ces connexions à de nouvelles situations.
Ces trois phases ainsi définies ont mené l'équipe de Learning That Transfers à développer le modèle cognitif des apprentissages transférables ACT.
C'est un modèle qui est aussi un outil de planification flexible aidant à visualiser chaque matière et son contenu avec ses concepts ainsi que la manière dont ils interagissent.
Bien que chaque phase se présente dans sa propre colonne, elle ne représente pas un silo. On doit se rappeler que les phases sont itératives.
Voyez comment l'exemple du modèle ACT utilisé précédemment intègre les trois niveaux d'apprentissage dans la planification globale d'une unité. Évidemment, dans une planification plus précise, on y retrouverait plusieurs exemples ou textes différents glissant graduellement vers des contextes de plus en plus différents.
Voyons ce que chaque phase implique ainsi que des stratégies pour les mettre en place.
L'acquisition d'une compréhension commune des concepts d'ancrage pour l'unité est essentielle. Les élèves doivent être en mesure de reconnaître les concepts qui seront étudiés. Vu que le modèle est itératif, on évite d'enseigner tous les concepts de l'unité d'un seul coup, on pourra en ajouter quelques uns devenus essentiels au fil des cours.
Voici quatre stratégies utiles durant la phase d'acquisition. Les deux premières stratégies: les 4 coins et la réalisation des concepts permettent aux élèves de tirer profit de leurs connaissances antérieures et d’acquérir une compréhension simple du concept.
La stratégie CEDI (Copier Elaborer Donner des exemples Illustrer) et le modèle Frayer permettent de consolider et renforcer la compréhension des concepts individuels.
On peut se servir de CEDI pour aider nos élèves à acquérir un nouveau concept et suivre l’évolution de leur compréhension.
Après avoir donné une définition du concept à l'étude, les élèves tentent de la reformuler dans leurs propres mots ou de la préciser davantage.
Ensuite, les élèves doivent donner des exemples et des contre-exemples.
Finalement, les élèves doivent tenter de représenter le concept de façon non verbale. Ils peuvent créer un symbole, dessiner ou trouver une image qui représente le concept.
Toutes ces actions poussent l'apprenant à traiter l'information, la comprendre et se l'approprier.
En trouvant des images libres de droits.
Grâce à la multimodalité, comme ici avec de la pâte à modeller.
La phase connecter sert à faire ressortir les liens entre les concepts. Si certains sont explicitement enseignés, d’autres liens se font dans le schéma interne de l’élève et fournissent aux élèves des occasions de s’exprimer sur ce qu’ils ont découvert, observé ou compris.
Il existe plusieurs stratégies pour amener les élèves à relier les concepts ou à parler de leurs interactions. Regardons les questions conceptuelles plus en détail.
L'idée à retenir, c'est qu'on veut voir l'interaction ou la relation entre les concepts étudiés. Voici des exemples de diverses matières scolaires:
• Quel sont les liens entre les ressources d’un territoire et son économie?
• Comment le destinataire influence-t-il le contenu de nos textes?
• Quels effets ont la mesure et le poids sur une structure?
• Comment les mécanismes de défense interagissent-ils contre une attaque?
• Quel est le rôle de la ligne de fuite dans la perspective?
• Quelle est la différence entre l’amitié et l’amour?
• Que se passe-t-il lorsqu’un système interagit avec un stimulant?
En créant ces questions, on peut remarquer la richesse même des concepts car chaque question nous amène à faire différents liens.
C’est donc important de privilégier ce que l’on veut vraiment faire comprendre à nos élèves et ce qui se combinera le mieux aux contenus et compétences enseignés.
Remarquez comment la majorité de ces questions peuvent perdurer dans la vie et comment leurs réponses peuvent évoluer en fonction des contextes, du temps et du lieu. N'est-ce pas ce qui nous rend apprenant à vie?
On arrive à la phase du transfert. Vu que toute la séquence est itérative, on peut voir le transfert des apprentissages non seulement comme un but d’apprentissage, mais aussi comme un moyen d’apprendre (d’où les flèches sur l’image).
Si vous continuez d’en apprendre sur le transfert des apprentissages, vous verrez qu’on planifie que le transfert se fasse de façon intentionnelle.
En effet, on doit intentionnellement amener nos élèves à faire des liens, par eux-mêmes, entre ce qu’ils voient dans les différentes matières à l'école et différentes situations de la vie réelle. Transférer, c'est appliquer sa compréhension conceptuelle dans une nouvelle situation pour tenter de résoudre des problèmes.
En français ou en anglais, par exemple, on veut graduellement amener les élèves à reconnaître les concepts liés à la langue et à la communication dans des contextes qui s’éloignent de la façon dont on les voit habituellement en classe. On parle alors de transfert similaire à dissimilaire.
La notion de ce qui est similaire, la proximité ou la nouveauté d'une situation est très subjective. En langues, ca pourrait vouloir dire de passer d’un texte à un autre, d’un médium à un autre, ou un sujet donné à un autre. Par contre, changer tous ces aspects en même temps pourrait créer une situation très complexe pour les élèves.
Voici un exemple de planification très globale avec le modèle ACT. Vous pouvez le parcourir en vous attardant aux concepts à l'étude, aux vidéos et aux questions proposées. Voyez comment les élèves peuvent mettre en action leur compréhension conceptuelle et leurs compétences dans une tâche authentique et pertinente suggérée à la fin de cette séquence. Évidemment, toutes les séquences d'enseignement, les textes additionnels, les exercices des différentes phases se trouveraient à l'intérieur de chaque phase. Cet exemple sert juste à donner un survol du chemin qui sera emprunté.
La compréhension des concepts et le transfert des apprentissages tels que vus ici donnent un véritable sens à ce que nos élèves apprennent.
Il y a vraiment tout à comprendre !
Learning That Transfers Designing Curriculum for a Changing World
Site en anglais de Learning that Transfers
Images et symboles bleus tirés des présentations et livre de l’équipe LTT avec leur permission
Présentation basée sur un webinaire de Nathalie Lauriault et Martin Tremblay pour 4 Generations 4 Education 2021
Toutes les autres photos et images sont libres de droits (Pexels & Pixabay).