Colloque 2025
les 4 et 5 juin 2025
à l'Hôtel Le Dauphin
de Drummondville
Colloque 2025
les 4 et 5 juin 2025
à l'Hôtel Le Dauphin
de Drummondville
Mot des présidentes
Lors de son passage à notre colloque en 2018, la poète et dramaturge Marjolaine Beauchamp nomme les œuvres d’Édouard Louis, précise à quel point les récits de l’écrivain français font écho à sa démarche, elle aussi teintée d’autofiction, de détresse et de rédemption d’une marginalité. Le germe même de notre colloque de 2025 est planté.
Regards rétrospectifs sur des milieux quittés qui hantent.
L’écho personnel et social provoqué par l’approche sans pudeur de Rue Duplessis a été retentissant cette année : ce roman (mettons), en abordant nommément l’idée de transfuge de classe, semblait avoir mis le doigt sur l’histoire du Québec : il reflète à la fois «mon» histoire et notre histoire. Impossible d’être littéraire, d’être professeur-e au collégial sans réfléchir à cette œuvre qui nous a invité-e-s à réfléchir à notre société et à nommer notre propre cheminement familial. Certes. Or, en nous éloignant un tantinet de la notion sociologique de transfuge de classe à proprement parler, nous avons constaté que toute œuvre littéraire se base sur un récit de transfuge, dans la mesure où nous constatons le fait qu’un récit implique de passer d’un état à un autre. Zola et ses Rougon-Macquart ne sont jamais loin! Toute quête d’un personnage suggère un état déserté, une volonté de changement, une aspiration vers un état jugé meilleur, avec tous les états et toutes les étapes que cette volonté et ce changement engendrent : de l’ambition à la honte à la fierté, de l’abandon au métissage à la renaissance.
C’est ainsi que nous vous invitons à réfléchir aux multiples acceptions contenues dans l’idée de transfuge dans le cadre du colloque Transfuge(s) : entre fuite et réinvention, de la désormais re-nommée et bien nommée Association des professionnel-les de l'enseignement de la littérature au collégial, l’APELC, qui se déroulera à Drummondville, le mercredi 4 et le jeudi 5 juin 2025.
Le premier tiers, Transfuge : fuite?, se concentrera sur l’aspect initial du sujet. L’approche sociologique de cette notion présuppose l’idée de désertion et d’ambition, mais cet abandon résulte-t-il d’une réelle volonté de fuite ou d’un aboutissement engendré par un sentiment premier de différence au sein même de son groupe d’appartenance initial ou par l’ouverture à l’autre, à soi? Manifestement, des noms comme ceux d’Annie Ernaux ou d’Édouard Louis viennent en tête, mais nous nous pencherons sur des variations québécoises.
Force est également de constater que changer de culture évoque de manière incontournable les défis que vivent les nouveaux arrivants, tiraillés eux aussi entre un milieu initial, régi par des règles qui lui sont propres, et un nouveau milieu culturel – parfois même social – régi par d’autres codes. Comment marier ces codes de différents univers? Comment se vivent ces cheminements, entre le déchirement personnel et l’invention d’un soi lui aussi métissé, sera l’élan de départ du deuxième tiers, Transfuge de culture : lutte et métissage.
Donc, il y a désormais l'idée d'un soi autre qu'on doit vivre : il y a le avant, ce qui est délaissé, le pendant qui apprivoise le métissage et le maintenant, un soi réinventé. Tous ces changements, de l’abandon à la renaissance, impliquent une réinvention de soi, un soi autre. Le derniers tiers, Transfuge : réinvention, se penchera donc sur comment les personnages se réinventent, comment vivre cette réinvention? Comment la création permet-elle cette réinvention de soi jusqu’à devenir autre? Notons au passage que Pleau a indiqué que son œuvre était un roman (mettons), indiquant donc que ce récit de soi est une réalité forcément réinventée par l’écriture. L’écrivain - voire le personnage écrivain - serait-il l’ultime transfuge? Entre l’autofiction et le mélange des genres, entre regards tournés vers le passé et réflexions présentes, nous explorerons donc les multiples [re]naissances que porte le transfuge.
Enfin, impossible de ne pas conclure cette réflexion en pensant à la lumineuse Caroline Dawson, dont le récit contient les germes des trois temps que nous explorerons ensemble :
« C’est dans le bus, au début du trajet qui me menait à ce Brébeuf qui n’était pas mon école que je me suis promis que j’écrirais. Que j’écrirais fort, violemment, sans fioritures, comme si mes ancêtres, les sacrifiées, les anonymes laissées derrière lisaient par-dessus mon épaule. Écrire comme si les femmes qui m’avaient précédée sortaient de terre pour m’observer. […]. Écrire comme une danse macabre ou un cri de révolte. Comme un souper échappé par terre par temps pauvre. Comme un cri primal devant une agression sexuelle. Comme la disparition d'un enfant après le coup d'État. Comme une décennie de dictature sur toute l’Amérique latine. Comme les larmes du silence durant les prières dans les sous-sols. Écrire mon histoire comme toutes ces femmes en moi à ressusciter. » Caroline Dawson [2021], Là où je me terre, remue-ménage, p.159.
Jeudi, 4 juin
8 h Accueil et viennoiseries
8 h 50 Mot des présidentes
Bloc 1
Transfuge de classe : fuite ?
Animation : Mathieu Bélisle
11 h Pause café
Bloc 2
Transfuge de culture : lutte (métissage)
Jeudi, 5 juin
Bloc 3
Transfuge : réinvention
9 h 50 Entretien
De la création et des [re] lectures
Animation : Mathieu Bélisle
11 h 30 Activité de clôture
Des personnages en quête
Entretien avec Michel Marc Bouchard
Animation : Mathieu Bélisle
12 h 30 Dîner et Assemblée générale