L’ÉDITO DU PRÉSIDENT
Et revoilà Fayaoué-Ouvéa 1988 ! Décidément...
Notre association s’honore à lutter contre l’oubli de ceux des nôtres qui ont payé de leur vie, dans l’archipel néo-calédonien, leur engagement au service de la Nation et de leurs concitoyens.
Et parmi ceux-là ceux qui périrent, furent blessés ou pris en otage dans des conditions épouvantables à l’occasion de l’attaque-surprise de la petite brigade de gendarmerie de Fayaoué-Ouvéa en avril 1988, menée avec une extrême sauvagerie meurtrière.
Cette affaire a ressurgi du néant, où une amnistie générale l’avait précipitée en 1989, par suite des découvertes publiées en 2020 par notre camarade le lieutenant- colonel Calhiol (co-fondateur de l’UNPRG-NC et de l’association CDM gendarmerie en Nouvelle-Calédonie) : un rouage de la chaîne hiérarchique n’avait pas fait parvenir à la petite brigade de Fayaoué isolée sur l’atoll éloigné d’Ouvéa, au paroxysme des troubles de 1988, un message capital en diffusion générale, appelant à la prise de mesures défensives de très haute intensité. Ce maillon devenu faible sera la cible du Comité de lutte local actionné par le FLNKS avec le bilan meurtrier et désastreux que l’on sait. On accusera alors les gendarmes de désobéissance aux ordres et de laxisme, ce qui ternira injustement leur honneur durant 30 ans ; mais on éludera le dysfonctionnement hiérarchique à la base de ce fiasco militaire. Un certain nombre de rescapés et de représentants de tués intenteront alors contre l’Etat-Gendarmerie un recours pour faute qui vient d’être examiné en appel devant la juridiction administrative à Lille.
En 2020, certains de ces rescapés de l’attaque sauvage de Fayaoué-Ouvéa (pensionnés militaires pour invalidité depuis) demandaient tout naturellement à bénéficier de l’attribution de la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme : le Ministère de la Justice la leur refusait. Un recours intenté devant le Tribunal de Montpellier connaissait la même fin de non-recevoir en 2023 avec la même motivation : action publique éteinte par suite d’amnistie générale et absence de qualification terroriste dans la procédure judiciaire (au demeurant interrompue par ladite amnistie)
Appel était alors interjeté et la Cour administrative d’appel de Toulouse, saisie, examinait récemment les faits de la cause en présence de plusieurs requérants et amis ainsi que de militants indépendantistes kanak. La télévision régionale et l’AFP relayaient l’évènement. La décision tombait le 1er juillet dernier et constituait une grande victoire pour les requérants défendus par Me Gros, du barreau de Lille : « En se limitant à opposer aux requérants les motifs ainsi énoncés, sans procéder à une appréciation des mérites de sa demande, l’administration a entaché sa décision d’une erreur de droit », a conclu la cour d’appel. Copie à revoir donc !
L’Essor de la gendarmerie a rapporté le jugement de Toulouse : https://lessor.org/vie-des-personnels/six-anciens-gendarmes-otages-a-ouvea-sur-la-voie-de-lobtention-de-la-medaille-de-reconnaissance-aux-victimes-du-terrorisme/
On attend impatiemment, à présent, le délibéré de la juridiction administrative de Lille concernant les recours pour faute de l’Etat-Gendarmerie dans la gravissime attaque de la brigade de Fayaoué-Ouvéa en 1988 (4 tués, 1 blessé grave et une vingtaine de gendarmes pris en otages).
Bernard GAUDEL, sous-lieutenant honoraire de gendarmerie.