Les glaciers, un troisième "pôle" en danger ?
Des glaciers alpins qui fondent à toute vitesse !
Nous vous présentons ici l'évolution récente de quelques glaciers alpins afin de prendre la mesure de l'ampleur de leur recul...
LE RECUL DE LA MER DE GLACE (Massif du Mont-Blanc)
Depuis 1864, les glaciers Alpes ont perdu plus de la moitié de leur superficie. La mer de glace, le plus célèbre des glaciers de Chamonix en Haute Savoie (40 km2 de superficie, 200 m d'épaisseur, altitude 1913 m) connaît depuis de nombreuses années une fonte dramatique (sa longueur diminue de 30 m par ans). D'après les études scientifiques menées à la mer de Glace, elle a perdu 2,5km de longueur et 200m d’épaisseur. En cas de fortes chaleurs, comme ce fut le cas avec la canicule qui a touché la France en juin 2020, il est estimé que la mer de Glace perd 10 centimètres d’épaisseur par jour ! Sous l'action de la température anormalement élevée, la glace fond inexorablement. En 1870, elle était encore directement observable depuis Chamonix. Aujourd'hui, il faut prendre le train du Montenvers et monter à plus de 1900m d'altitude pour la voir de près. Plusieurs mesures sur la mer de Glace ont été effectuées par des glaciologues comme Christian Vincent qui révèle une fonte sans précédent en 2022, accélérant la perte de volume et le recul du glacier. Déficit de neige, ensoleillement maximum et températures hors normes dès juin… Ces trois facteurs placent 2022 au sommet des années funestes. « C’est triste, constate Claude Jacot, guide de haute montagne et adjoint au maire de Chamonix en charge de la sécurité et de la montagne. Cette accélération n'est pas un phénomène naturel : elle résulte de l'activité humaine, qui réchauffe la surface de la Terre ». Evan A. et Evan B.
Nos sources en plus celles citées plus bas :
LE RECUL DU GLACIER DE SAINT-SORLIN (Massif des Gdes Rousses)
Le glacier de Saint-Sorlin fait partie de ceux suivis par le laboratoire Glacioclim avec Delphine Six à Saint-Martin-d’Hères et c’est sur lui que Marie Dumont a fait sa thèse. Les glaciologues ont déterminé que le glacier a perdu plus d’un km² en un siècle et 40 m d’épaisseur ! Il mesure actuellement 2,6 km de long et est situé entre 2600 et 3400 m, exposé au nord-nord est (ubac). Depuis 2003, ils constatent une accélération de la perte de masse, le glacier perd en moyenne 2 m sur toute sa surface par an ! Dans une interview au Dauphiné Libéré en 2022, Delphine Six fait le bilan d’un été canicule : « c’est vraiment l’année la plus déficitaire qu’on ait jamais mesurée sur ce glacier. Ces données sont fortes. La perte de masse (épaisseur moyenne ramenée à la surface du glacier) est de quatre mètres sur tout le glacier. La pire année, jusqu’à présent, était 2015 avec une perte de 3,40 m de glace, et c’était déjà catastrophique. La moyenne depuis 2003, années les plus négatives, était de l’ordre de deux mètres. Si on regarde depuis le milieu des années 1980, où ça a commencé à devenir négatif, on était à une lame de glace de perdue de 1,5 m en moyenne. » Le glacier de Saint-Sorlin est amené à disparaître en 2080. Elle ajoute : « La problématique d’un glacier qui disparaît, c’est un château d’eau qui apporte moins aux rivières dans les mois les plus secs, et on perd aussi une quantité d’eau, parce qu’il n’y aura peut-être plus que la neige de l’hiver à fondre. On diminue aussi le débit des rivières. » Loris, Adrien, Enes
Nos sources en plus celles citées plus bas :
LE RECUL DU GLACIER D'ARGENTIÈRE (Massif du Mont-Blanc)
Deuxième plus grand glacier de France, le glacier d’Argentière est le plus instrumenté et suivi du monde car il est l’un des seuls à pouvoir être étudié en surface et par en-dessous. Le glacier d’Argentière prend sa source à 3400 m dans le massif du Mont-Blanc, à l’Est de Chamonix, encerclé et alimenté par de hauts sommets de plus de 4000m d’altitude. C'est un glacier de vallée orienté vers le nord-ouest (ubac), dominé par de petits glaciers qui sont désormais individualisés. Le front du glacier se localise actuellement à 1600 m d’altitude, bien loin des 1250m du siècle dernier ! En effet, le glacier a perdu 20 % de sa surface entre 1970 et 2015 d’après le GIEC (groupe d’expert de l’ONU). Sa superficie, en 1960, était de 14,27 km² et il s’étendait sur 8,9 km. Or à cause du réchauffement climatique, le glacier d’Argentière perd environ un mètre d’épaisseur chaque année depuis trente ans. Selon des glaciologues du CNRS, le taux d’amincissement du glacier a dépassé les 3,5 m d’épaisseur entre 2021/2022 au-dessus de 3000m. On notera que les diminutions d’épaisseur en dessous de 3000 m observées en 2022 s’expliquent plutôt par une fonte estivale excédentaire, due aux canicules. Malheureusement, le cercle est vicieux : plus le climat se réchauffe, plus les glaciers reculent ; dès lors plus de gris, donc moins de blanc pour renvoyer les rayons du soleil… En 2005, c’est la fracture : la langue terminale située à 1600 m s’est détachée du glacier : un événement historique qui ne s’est jamais produit depuis la période précédant le Petit Âge glaciaire (450 ans). Indéniablement, si rien ne se passe, le glacier d’Argentière perdra entre 80 % et la totalité de sa surface d’ici la fin du siècle. Anaïs, Félix et Ange
Nos sources en plus celles citées plus bas :
https://www.altitude.news/nature/2019
https://www.randos-montblanc.com
LE RECUL DU GLACIER DES BOSSONS (Massif du Mont-Blanc)
Le glacier des Bossons se situe dans la vallée de l’Arve et domine Chamonix. Il a fait parler de lui pendant période de refroidissement que les historiens appellent le Petit Âge Glaciaire. L’historien Emmanuel Le Roy Ladurie a travaillé sur le sujet. Il raconte qu’en 1644 les Chamoniards sont allés demander à l’évêque de venir bénir les glaciers qui menaçaient de destruction des hameaux de la vallée situés entre 1000 et 1200 m d'altitude. Des processions et des prières ont été organisés pour faire reculer les glaciers. La stabilisation n’a été que temporaire et en 1818, le glacier était au maximum de son avancée. C’est à partir du milieu du XIXe siècle que le glacier a commencé à reculer à cause du début du changement climatique provoqué par la révolution industrielle. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, c’est aussi à cause de l’autoroute de la vallée de l’Arve qui relie l’Italie à la France. Ainsi beaucoup de camions de transport y passent et en font la vallée la plus polluée d’Europe. La chercheuse Marie Dumont nous a expliqué que les poussières noires des gaz d’échappement se déposent sur les glaciers et accélèrent leur fonte. D’après une photographie aérienne prise par l’IGN en août 2023, le front du glacier se situait à 1735 m d'altitude. « Le glacier des Bossons a reculé de 1,1 kilomètre depuis 1984 », a expliqué au journaliste du média écologiste Reporterre le glaciologue Sylvain Coutterand, chercheur rattaché au laboratoire Environnement et dynamique des territoires de montagne du CNRS de l’université de Savoie. Pendant chacune des deux dernières canicules, le glacier a perdu 5 m d’épaisseur et l’eau ruisselait à sa surface. Elle a causé la formation d’un lac à l’avant du glacier. Marius et Jérôme
Nos sources en plus celles citées plus bas :
https://www.glaciers-climat.com/clg/petit-age-glaciaire/
http://glaciers-climat.fr/Bossons/Glacier_des_Bossons.html
https://reporterre.net/Au-dessus-de-Chamonix-le-glacier-devenu-lac-inquiete-la-vallee
Quelle forme le réchauffement climatique prend-il dans les Alpes ?
Voyons tout d'abord les mécanismes du réchauffement climatique actuel puis ses particularités dans les régions de montagne comme les Alpes...
Un réchauffement climatique d'origine humaine
Les températures ont largement augmenté depuis le XIXe siècle. Cette évolution est due en grande partie à la Révolution industrielle, une période à partir de laquelle les émissions de gaz à effet de serre se sont mises à augmenter drastiquement. Avec l'industrie, les hommes se sont mis à consommer de plus en plus de charbon, de pétrole. Ils ont développé l'élevage intensif producteur de méthane alors qu'ils ont massivement détruit les forêts qui piègent le gaz carbonique. L'effet de serre est pourtant essentiel à notre survie puisque sans lui il ferait -18° en moyenne sur notre planète ! Mais en augmentant la proportion de gaz carbonique et de méthane dans l'air, le rayonnement infrarouge est piégé de manière plus forte, ce qui explique le réchauffement climatique actuel. Félix
Pourtant grâce aux recherches du glaciologue Sylvain Coutterand, nous avons vu que depuis 35 millions d'années, la terre est plutôt dans une période froide marquée par des alternances de périodes glaciaires et interglaciaires. Depuis 12 000 ans nous sommes entrés dans une période interglaciaire et selon les travaux de l'astronome Milankovich, la prochaine glaciation devrait débuter dans 40 000 ans. Evan A.
Les Alpes en première ligne du réchauffement climatique
Nous avons pu échanger le 10 avril dernier avec Marie Dumont, la marraine scientifique de notre projet. Elle nous a expliqué que les températures augmentent plus vite sur les continents que sur les océans et que les montagnes se réchauffent encore plus vite parce qu'elles perdent la couverture neigeuse qui leur servait d'isolant et renvoyait le rayonnement solaire dans l'atmosphère (c'est l'albedo). Les températures ont augmenté environ de 1° depuis 1850 en moyenne sur la terre, de 1,5° pour la France et de 2° pour les Alpes ! Les précipitations n'ont pas trop changé mais comme il fait plus chaud l'hiver, la couverture neigeuse dure moins longtemps (on a perdu 4 à 8 jours de neige tous les 10 ans). De plus le sable du Sahara fait fondre la neige plus vite comme les algues rouges qui peuvent se développer sur elle à la fin de l'hiver. Ces dépôts réduisent l'albedo des glaciers.
Marie Dumont prévoit que les "petits" glaciers vont disparaître mais on a encore une chance de sauver les plus "gros" en faisant attention dès maintenant. Si tous les glaciers fondaient dans le monde, l'eau de la mer monterait de 40 cm, ce qui est énorme car le Pôle Nord et Sud ne sont pas comptés dans les estimations. Félix et Matéo
Quel est l'impact du réchauffement climatique dans les Alpes ?
Pour avoir une idée de l'ampleur des conséquences de la fonte des glaciers en montagne mais aussi dans les vallées, nous avons lu, visionné une visioconférence organisée par la mairie de Tignes en mars dernier puis échangé avec Sébastien Gonthier qui est chargé de mission auprès d'une station de moyenne montagne, les Saisies.
La fonte des glaciers, une menace pour les infrastructures humaines
La fonte des glaciers apporte de plus en plus de dangers en montagne. Ils menacent les infrastructures humaines. C'est un danger car il y a de plus en plus d'éboulements de roche ou de glace à haute altitude avec le dégel du permafrost (sol gelé en profondeur). Aujourd'hui le dégel peut toucher des parois à 3300 m d'altitude sur la face sud du Mont-Blanc. On peut citer l'éboulement dans un immense nuage de poussière du pilier Bonatti dans la face ouest des Drus qui avait ébranlé les Chamoniards en 2005. Ces éboulements peuvent être dangereux pour les hommes car ils peuvent atteindre jusqu'aux villages dans les vallées, mettant des personnes en danger. D'un autre côté, en bas des glaciers l'eau de fonte s'accumule et peut former des lacs qu'il faut surveiller, parfois vidanger. Adam
Dans les Alpes, un programme a recensé 47 structures humaines de haute montagne menacées par la fonte du permafrost : c'est par exemple le cas d'une gare de télésiège à Val Thorens qui a été déstabilisée. Et cela ne comprend pas tous les sentiers et chemins de randonnée qui peuvent devenir impraticables. Ange
La fonte des glaciers bouleverse la pratique de l'alpinisme
Un guide de haute montagne, André Dugit nous confie son expérience. Pour lui, le recul des glaciers est vraiment visible à échelle humaine et s'accélère. En 1980, il a passé l’examen d’aspirant guide sur la langue terminale du glacier de Taconnaz, au-dessus des Houches. Il fallait à peine une heure de marche pour le rejoindre. Maintenant il est beaucoup plus haut, impossible à atteindre, avec un gros risque d’effondrement de sa langue terminale . Dans les années 1970-80, il faisait beaucoup de voies glaciaires en été. Maintenant la saison de glace en hiver... Et puis le terrain a changé : en 1976, la face nord du col du Plan sous l'Aiguille du midi n'était qu'une pente lisse et en neige, une classique du ski de pente raide. Maintenant des séracs sont apparus au milieu du couloir et il faut un rappel pour passer ! Ou encore dans le secteur de l'Aiguille des glaciers, les crampons étaient chaussés vers 2800 m et la pente était douce pour débuter la montée. En 2010, le début du glacier était à 2900 m, avec une pente très raide et il fallait zigzaguer parmi de belles crevasses. Tout devient compliqué pour les alpinistes alors que certains voyagistes autorisent des touristes non expérimentés à monter avec un guide... Lilian
Remontons le temps
Adrien interroge Claude Goodchild qui revient sur sa pratique de l'alpinisme depuis les années 1950.
La fonte des glaciers amène-t-elle les stations d'altitude à changer de logiciel ?
C'est la deuxième année que la mairie de Tignes rencontre ses habitants. Cette commune de Savoie abrite la célèbre station réputée pour son ski d'été sur le glacier de la Grande Motte. Les élus partent de diagnostics demandés à deux équipes successives de glaciologues puis travaillent en collaboration avec les pisteurs, les citoyens et les techniciens du Parc national de la Vanoise pour permettre à la station de maintenir son activité. Le glacier a perdu 40 m d'épaisseur, 70% de son volume et 30% de sa surface depuis 1982. En 2033, il devrait être séparé en trois morceaux et sa disparition est envisagée pour 2060 ! Avec sa fonte, le travail des pisteurs est devenu beaucoup plus difficile car la surface plane et large du glacier a laissé place à un profil beaucoup plus pentu par endroit, difficile pour les skieurs débutants, rocailleux et irrégulier. Il faut de plus en plus de neige pour le sécuriser. Comment préserver les 800 emplois mobilisés par l'ouverture précoce de la station ? Des téleskis vont être démontés sur les versants où la fonte est plus rapide afin de négocier avec le Parc la possibilité d'installer des infrastructures pour préserver le plus longtemps possible le ski dans les secteurs en ubac (installation d'enneigeurs, de canalisations pour les alimener en eau, snowfarming en posant des bâches sur le glacier, terrassement pour adoucir le profil des pistes). Le projet Altitude Expérience encourage le tourisme d'été et fait de l'information auprès des touristes sur la fonte du glacier et le réchauffement climatique. Loïc, Lucas et Noah
Penser la transition vers une économie moins dépendante de la neige
Aujourd'hui, les stations de ski doivent diversifier leurs activités car la neige n'est plus une valeur sûre. Ces stations étaient construites autour du ski et maintenant une transition est nécessaire. Quelles possibilités s'offrent à elles ? C'est ce dont nous a parlé, le 14 mai, Sébastien Gonthier qui est chargé de missions d’urbanisme pour la station des Saisies dans le Beaufortain. Il pilote les projets du territoire. Pour pouvoir mieux anticiper, les stations peuvent faire appel aux projections d'enneigement de Climsnow, avec de la neige naturelle ou de culture. Les stations d'altitudes s'adaptent pour faire durer un maximum les sports d'hiver mais les stations de basse altitude sont contraintes de changer leurs pratiques et leurs infrastructures pour commencer une conversion dans des activités estivales afin de faire perdurer le plus possible l'attractivité qu'elles avaient acquise grâce à leur ancienne activité. C'est pour cela que de plus en plus de stations utilisent leurs remontées mécaniques pour développer la pratique du VTT, balisent de plus en plus de sentiers pour la randonnée, le trail, organisent des compétitions sportives dans ces domaines ou créent une offre culturelle. La station des Saisies en est un bon exemple : elle possède un flocon vert qui récompense les stations qui ont une démarche engagée dans le développement durable, une réserve naturelle autour d’une tourbière avec un animateur pour la présenter aux touristes, une luge d’été et acquière en même temps des dameuses équipée d'un GPS qui mesure la hauteur de la neige pour mieux la gérer. Mais il y a des freins car il faut mettre d'accord des acteurs multiples, dans des territoires emboîtés, les démarches administratives sont lourdes et les projets sont coûteux. Evan A. Ange, Matéo
Quelle Savoie imaginons-nous pour 2100 ?
J’imagine des montagnes sans glace.
Dans un monde où la neige n’est plus pure
J’imagine des montagnes perdant leurs faces
Dans un monde où seule la souffrance existe dans la nature
J’imagine des montagnes n’étant plus des As
Dans un monde où les glaciers ne sont plus que verdure.
Lucas
J’imagine un futur avec des glaciers verdoyants.
J’avance, mais tout est toujours vert,
Je recule vers un été éternel et bruyant.
Je me place sur la montagne mais je ne vois que des vers,
Suite au déchaînement je ne suis plus croyant.
Sur cette montagne les glaciers ne sont plus que dans mon verre…
Loïc
J’imagine nos montagnes toutes affolées
Où désormais règne la chaleur.
Ceci est le résultat de nos péchés.
Ces sommets qui ont bercé nos cœurs,
Qui nous ont émerveillés…
Mais ces sommets sans verdure nous font-ils peur ?
Jordan
J’imagine une Savoie
Pure et enneigée
Où la poudre blanche nous noie.
Là où le chant des marmottes sonne la tranquillité,
Où les glaciers sont d’un blanc étoilé
Et leur avancement relancé.
Loris
J’imagine une Savoie défraîchie
Où soleil et chaleur règnent.
Une Savoie démolie
Où le fruit de l’homme se dessine
Par des glaciers maigris
Et des montagnes qui saignent.
Nolann
J’imagine un futur sans froid, un futur sans neige,
Un futur sans joie, un futur de peine.
J’imagine un futur de vert, de jaune mais surtout de beige.
Une couleur neutre, triste, dont la seule signification est d’être certaine,
Certaine d’un avenir qui peu à peu se désagrège,
Nous laissant, nous, dans un monde de haine.
Iliann
J’imagine la terre plus présente que la neige,
C’est une vision qui me brise l’ârma (=âme)
Un sol recouvert de beige
Qui détruit ce climat.
Moins de neige que de pleige,
Comment faire face à ce diaporama ?
Anaïs
J’imagine une Savoie
Où la neige disparue
Aurait emporté tout un savoir.
Toutes ces vastes étendues
Nous disent au revoir.
Ainsi cette douceur fût…
Marius
J’imagine ces glaciers dans soixante-dix années,
Quand tous ces beaux paysages aurons disparu.
Assis dans un rockingchair, je repenserai à ces activités,
Je n’imaginais pas cela, même dans mes rêves les plus farfelus,
Ne plus voir ces skieurs créer leur tracé
Et j’en viens à me demander ce que réserve le futur…
Jérôme
J’imagine la neige rouge comme le sang
Se dégradant comme les canis lupus.
L’impact est tel que son manteau blanc
Se dégrade de plus en plus.
J’entends les pleurs, ces larmes de sang
Mourant comme un fœtus.
Noah
J’imagine ma Savoie sans glaciers.
Notre Savoie si belle et romantique,
Celle qui ne nous a jamais abandonnés.
Elle est tellement unique !
C’est à nous de la sauver…
Immense Savoie, ressors ton côté artistique !
Matéo
J’imagine un hiver être comme un été,
Voir son charme partir en miettes.
Entendre les montagnes pleurer
Sous le chant nouveau des mouettes,
Nos montagnes tant adorées
Malgré leurs voix muettes.
Adam
J’imagine l’espace d’un instant
Mon doux pays en ruine.
L’envol d’un temps,
Ma chute à travers la bruine,
Les glaciers à travers le temps à différents moments.
Le dessin d’une réalité sagouine.
Félix
J’imagine mon pays d’en haut
Un pays qui m’a adopté
Depuis les yeux d’un oiseau
Un regard envoûté
Sur tous les petits nouveaux
Découvrant nos illustres glaciers.
Ange
J’imagine les cimes de Savoie :
Finis les pins, les névés, j’arrête d’espérer.
J’imagine un terrain d’effroi :
Fini l’écrin, en neige, paysage effronté.
J’ai sûrement perdu la foi
De croire en cette humanité.
Adrien
J’imagine une montagne de pierres
Dans un avenir sombre gris,
Un ciel d’immenses bannières
Sans une seule petite éclaircie.
Un paysage pire qu’hier
Avec rien d’autre que de la pluie
Tristan
J'imagine les glaciers en 2100
Comme un endroit ou la neige fond.
Un espace très verdoyant
Où la glace a disparu au plus profond.
Un endroit très différent
Où la verdure se balade comme les poissons.
Evan
La marraine scientifique de notre projet :
Marie Dumont
Marie Dumont est une chercheuse, directrice du Centre d’Études de la Neige dépendant de Météo-France et du CNRS. Sa passion pour la neige et la montagne remonte à ses 13 ans quand son père l’emmène marcher sur des glaciers et elle finira par faire une thèse sur le glacier de Saint-Sorlin sous le Pic de l’Étendard en Maurienne. Elle étudie l’évolution des hauteurs de neige au fil du temps notamment sur le site du Col de Porte en Chartreuse. Elle s’intéresse également à l’impact du sable venu du Sahara, des poussières noires de pollution et des algues rouges sur la neige. Pour cela elle suit actuellement des glaciers en Antarctique, dans la chaîne de l’Himalaya et en France avec le glacier de l’Argentière. Elle aime beaucoup travailler en équipe parce qu’on a besoin de l’apport de nombreuses sciences pour comprendre l’environnement. Elle aime beaucoup aller sur le terrain, ce qui peut comporter des risques lorsqu’elle va sur un glacier, dans le froid, exposée aux avalanches mais elle est formée pour les prévenir. C'est par visioconférence qu'elle a pu nous expliquer l'ampleur du réchauffement climatique dans les Alpes puis échanger avec nous. Adrien
Les rédacteurs : élèves de la 1ère STI2D 2 du Lycée René Perrin - 73400 UGINE
Photo diffusée avec leur autorisation.
Nos sources principales d'information :
Guillem Carcanade, Mathieu Crétet, Clément Valla, A l'ombre des glaciers alpins, 2023, https://www.youtube.com/watch?v=yl6BAMEnGp4
Sylvain Coutterand, Atlas des glaciers disparus, Guérin, nouvelle édition 2023.
Sylvain Coutterand, Site Glaciers-climat, https://www.glaciers-climat.com
Marie Dumont, (CNRM - UMR CNRS & Météo-France), Nouvelles d’en haut, chroniques d’une montagne en surchauffe, contribution au collogue "L'urgence climatique, un tournant décisif" de l'Académie des Sciences, 8 & 9 mars 2024, https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=8odn_lPsqSo
Bernard Francou, Christian Vincent, Les glaciers à l'épreuve du climat, IRD Editions, 2010.
Laurie Henry, De la glace à la vie : la fonte des glaciers dévoile d’immenses écosystèmes à protéger d’urgence, Science et Vie, 22 août 2023, https://www.science-et-vie.com/nature-et-environnement/recul-glaciaire-nouveaux-ecosystemes-protection-111602.html
IGN, Site remonter le temps (permet d'observer l'évolution des territoires), https://remonterletemps.ign.fr/
IGN, Géoportail (avec l'outil qui permet d'établir un profil altimétrique), https://www.geoportail.gouv.fr/carte
Emmanuel Le Roy Ladurie, Le climat, une profonde rupture, Vie Publique, 2019, https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/277001-le-climat-une-profonde-rupture-par-emmanuel-le-roy-ladurie , consulté le 19 mars 2024.
Mairie de Tignes, visioconférence de la réunion du 24 mars 2024, visible sur https://www.youtube.com/watch?v=C9kXPOiFyeU
Martin Ménégoz (Institut des Géosciences de l'Environnement de Grenoble), Le réchauffement climatique s'est intensifié depuis trois décennies dans les Alpes, interviewé par Mathias Virilli pour Montagnes magazine, 24 novembre 2022, https://www.montagnes-magazine.com/actus-martin-menegoz-rechauffement-climatique-est-intensifie-depuis-trois-decennies-les-alpes, consulté le 7/04/2024.
Gilles Ramstein, Sylvestre Huet, Le climat en 100 questions, Tallandier, 2020.
Delphine Six et al., Site de l'observatoire Glacioclim (CNRS-UGA-IRD), https://glacioclim.osug.fr
Pierre Thomas, Les variations climatiques pour les nuls, https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/variations-climatiques-bases.xml , consulté le 19 mars 2024.
Les sources de nos illustrations :
Glacier des Bossons, une photo de Patrick Nouhailler prise en 2008, visible sur https://www.flickr.com/photos/patrick_nouhailler/5837667866 en licence Creative Commons.
La Mer de Glace atteint le hameau des Bois dans la vallée de Chamonix en 1822, une lithographie de Dubois extraite du site de Sylvain Coutterand avec son aimable autorisation, visible sur https://www.glaciers-climat.com/gp/mer-de-glace/.
Le glacier de Saint-Sorlin en 2015, une photo extraite du site Glacioclim (CNRS-UGA-IRD) avec l'aimable autorisation de Delphine Six, responsable du site, visible sur https://glacioclim.osug.fr/Glacier-de-Saint-Sorlin
Le glacier d'Argentière se sépare de sa langue terminale en 2005, une photographie extraite du site de Sylvain Coutterand avec son aimable autorisation, visible sur http://glaciers-climat.fr/Glacier_d_Argentiere/Glacier_d_Argentiere.html
Le glacier des Bossons en 2022, une photo de Florian Pépellin, visible sur https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Glacier_des_Bossons_depuis_le_Parc_de_Merlet_%28juin_2022%29.JPG
Paysage industriel anglais en 1895, reproduction d'une peinture à l'huile d'Edmund Kregczy, disponible sur le site de la World History Encyclopedia, en licence CC.
Le site du col de Porte en Chartreuse qui sert de base de donnée à l'équipe de Marie Dumont, une photo extraite du site Glacioclim (CNRS-UGA-IRD) avec l'aimable autorisation de Delphine Six, responsable du site, visible sur https://glacioclim.osug.fr/Site-du-Col-de-Porte-Chartreuse
Eboulement aux Drus dans le Massif du Mont-Blanc en 2011, une photo de Martin Rousselot, visible sur https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Eboulement_aux_Drus_en_septembre_2011.JPG
Le recul du glacier sous l'Aiguille des Glaciers, massif du Mont-Blanc avec la position de son front et de sa moraine latérale en 1973, une photo d'André Dugit prise en 2014, avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Adrien interroge les souvenirs de Claude Goodchild, une vidéo tournée en mars 2024, diffusée avec leur aimable autorisation.
Le glacier de la Grande Motte en été, une photo de Florian Pépellin prise en juillet 2018, visible sur https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Glacier_de_la_Grande_Motte_en_été_%282018%29.JPG
Le Grand Mont depuis Hauteluce, une photo prise par ViveLaMontagne67 en 2016, visible sur https://www.flickr.com/photos/141376321@N03/48217044347/in/photolist-2gsLXqP-2eq8AfH-2g5Kjcy-Kv72hX-2dYTLTp-2gJwrux-2i2ftqt-2fMJ9eX-2hFkQae-2efrzJq-2cxGHPA-2k7GiN9-T5mFt5-2gxfu6C-2e5yzKe-2g5ato4-2iT2Wyz-2fcJFgG-2nPw89m-2hxuNie-2goiT9e-2ewgkAB-2iT9SSW-RYVe1o-2nDGnDw-2naMSMB-WSPAWJ-2dJyAsx-24R36Lr-FfNjKG-28JaY6S-L4JZC8-RsG8uD-oEpGws-28ugx7X-2p1Gcru-S8QDDs-WHiDF1-Eijv8W-gZV4Dt-28iC9VS-6GRo71-2omFaaf-3GRfdA-28QCRHG-VYgg2h-VR5FCV-VUm6Cw-XdqABw-g4pBaG en licence CC.
Montagne dans la brume, une photo de Daniel Torobekov, visible sur https://www.pexels.com/fr-fr/photo/paysage-nature-brouillard-brume-10471895/ en licence CC.
Marie Dumont, photo diffusée avec son aimable autorisation.