Edito:  Quel rôle pour les universités dans la réalisation de l’agenda 2030 des Nations Unies?

A mi-chemin de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) définis dans l’agenda 2030 des Nations Unies, la communauté mondiale se trouve à un moment décisif. Les chiffres présentés dans les récents rapports nationaux et internationaux publiés sont préoccupants et témoignent d’une lente progression.

Au cours de cette décennie de l’action, toutes les organisations sont interpellées et invitées par les Nations Unies à puiser activement dans le cadre puissant et fédérateur des 17 ODD pour une durabilité économique, sociale, culturelle et environnementale de tous à l’horizon 2030.

Jouant un rôle fondamental dans la formation des responsables et décideurs de demain, les universités sont particulièrement appelées à instaurer les bases nécessaires pour la promotion du développement durable en leur sein dans une démarche de RSU (Responsabilité sociétale des Universités). Le  rôle positif des institutions universitaires dans la formation des décideurs et des dirigeants de demain est largement reconnu. Celui de leur RSU l’est moins. Il est même prouvé qu’elles ont été lentes à répondre aux défis mondiaux de durabilité et, dans une certaine mesure, peuvent même contribuer à les aggraver par conservatisme en se concentrant sur des modèles de développement non durables.

Mais les universités ont-elles un rôle à jouer pour faire progresser l’atteinte des 17 ODD et renforcer leur contribution au progrès et au bien public? et si leur rôle est avéré, que doit faire la communauté scientifique pour le remplir? comment les dirigeants convaincus doivent-ils opérer face à la troisième mission du « service à la collectivité » qui vient s’ajouter à celles plus classiques de la formation académique et la recherche scientifique de leurs universités? Et qu’en est-il des dirigeants non-convaincus ? auront-ils encore le choix d’ignorer cette dimension dans le futur ?

Les rankings internationaux, à l’instar de ceux du THE Impact, The UI-Green metrics ou QS sustainability commencent à imposer des normes qui accéléreront l’institutionnalisation du champ de la Responsabilité Sociétale des Universités (RSU) autour de « mythes rationalisés » adoptés par les universités pour acquérir la légitimité nécessaire et les moyens adéquats à leur actions.

Plusieurs initiatives, prenant le cadre de l’agenda 2030 comme référence, se sont développées pour accompagner les universités qui souhaitent intégrer les concepts et principes du développement durable dans toutes ses dimensions (économique, sociale et environnementale) dans leur gouvernance autant que dans leurs activités de recherche et d’enseignement. A travers le conseil, la mise en réseau et la mobilisation, l’Association Internationale des Universités (AIU) créée sous l’égide de l’UNESCO en 1950 a, ainsi, réussi à développer des outils et à animer des clusters mondiaux dédiés à chacun des 17 ODD.

Ces initiatives nous apprennent que pour être efficace et pérenne, la démarche de responsabilité sociétale doit être globale, impliquer les différentes parties prenantes internes et externes des universités et engager le leadership au plus haut niveau. L’expérience que vit l’étudiant au cours de son cursus universitaire est une clé pour la construction de sa citoyenneté et sa formation à la rigueur critique, l’esprit pratique et le sens du partage façonnera son rôle sociétal. Détenteur des connaissances, l’enseignant-chercheur joue, dans ce sens, un rôle irremplaçable par la production, le croisement, le partage et la diffusion des savoirs théoriques et pratiques de toute nature au profit des futurs décideurs. Le rôle du monde socio-économique dans l'insertion professionnelle des étudiants, dans l’optimisation de la visibilité et de l'impact sociétal de la recherche est également primordial.

A l’UMA nous avons toujours cru que les universités ont un rôle primordial à jouer pour faire progresser l’atteinte des 17 ODD pour une durabilité économique, sociale, culturelle et environnementale de tous à l’horizon 2030. Nous avons fait, depuis des années, le pari que la RSU sera le paradigme dominant dans les années à venir.

La route est encore longue, mais le bon bout de chemin que nous avons déjà fait nous permet d’être fiers et optimiste. Avec la nomination de la présidente de l’UMA en tant que vice-présidente de l’IAU pour l’Afrique et lead du groupe de travail sur « l’enseignement supérieur et le développement durable » il est dorénavant permis d’être encore plus ambitieux.


Pr. Jouhaina Ghérib