Etre bienveillant envers soi-même
Être bienveillant... envers soi-même
On accorde en général beaucoup plus de valeur au fait de prendre soin des autres plutôt qu’à prendre soin de Soi. Pire même : s’occuper de soi est encore souvent perçu comme une preuve d’égoïsme et d’individualisme…
Et pourtant, que se passe-t-il lorsque vous avez consacré tout votre temps et votre énergie à veiller au bien-être des personnes qui vous entourent, sans jamais prendre soin de vous ? Vous pouvez en ressortir complètement épuisé, à bout de souffle tant physiquement que moralement. Exercer votre bienveillance envers vous-même n’est pas un geste d’égoïsme. Il s’agit au contraire de prendre soin de soi pour pouvoir aussi prendre soin des autres.
Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d’autrui, mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux. (Alain)
Etre bienveillant, c’est quoi ?
Au dictionnaire, la bienveillance se définit comme Inclinaison de l’esprit à la compréhension et à l’indulgence (envers autrui). La bienveillance est donc une aptitude à accepter, accueillir et s’ouvrir au plus grand nombre possible de comportements et de réactions, tant vis-à-vis de soi-même que d’autrui. Dans les situations très difficiles comme dans les petits gestes quotidiens.
Illustration : Debout depuis l’aube, vous vous êtes occupé des enfants le matin avant de partir au travail. Après votre journée, vous avez récupéré votre progéniture, accompagné l’aîné à son entraînement sportif et le cadet de vos enfants chez le dentiste. Vous avez aussi aidé à faire les devoirs. Il vous reste à préparer le repas et à ranger quelque peu votre logement… Sans grande motivation et épuisé après cette journée, vous rêvez de sortir un plat tout fait. Pourtant, une petite voix vous répète qu’il faut prendre bien soin de sa famille en préparant des repas équilibrés chaque jour !
D’habitude, que faites-vous ? Ecoutez-vous cette petite voix exigeante et pleine de jugement qui vous agace terriblement, vous mettant de mauvaise humeur et sur les nerfs ? Ou écoutez-vous l’autre partie de vous, celle qui vous indique que vous avez déjà fait beaucoup aujourd’hui. Que vous pourriez prendre un peu de temps pour vous poser et passer ensuite un moment détendu en famille autour d’un plat vite préparé ?
Le défi consiste à vous considérer comme un être humain à part entière plutôt que de vous réduire aux étiquettes « Mère », « Père », « Collègue », « Chef », « Fils/fille »... avec leurs « il faut », « je dois » etc. Il s’agit en fait de vous autoriser à prendre soin de vous, en ayant conscience que c’est aussi au service du bien-être de vos proches.
Développer la bienveillance envers soi-même
Pour développer votre bienveillance envers vous-même, il importe de vous respecter. C’est-à-dire d’écouter les signaux que votre corps vous envoie (fatigue, tensions, etc.) et de laisser éclore vos émotions, en veillant à l’équilibre entre donner et recevoir. Sans cela, vous risquez de vous transformer en cocotte-minute et d’exploser, tôt ou tard, sur une personne (souvent proche) qui n’est pas responsable du problème. Pour intégrer cette bienveillance dans votre quotidien, vous pouvez :
vous regarder comme un être humain à part entière, plutôt que de vous réduire à un rôle ou une étiquette ;
vous écouter (votre corps, vos émotions et vos besoins) ;
vous autoriser à prendre soin de ce qui est vital pour vous ;
vous accepter comme vous êtes, avec vos limites ;
vous considérer comme une personne de valeur ;
vous traiter comme si vous étiez votre meilleur(e) ami(e) ;
dire non si vous n’avez pas envie de dire oui.
Etre bienveillant envers soi pour être bienveillant envers les autres
Comment pourriez-vous accueillir les comportements que vous n’aimez pas chez autrui si vous n’êtes pas à même d’accueillir pleinement et entièrement les vôtres ? Comment, par exemple, tolérer que votre compagnon/compagne sorte avec des amis si vous vous refusez tout moment de distraction ? Comment accepter l’échec de votre enfant dans une discipline si vous ne vous l’autorisez pas ? Comment accepter le refus d’un collègue sur une tâche alors que vous n’osez jamais dire « non » ? Si vous êtes capable de vous accepter pleinement et de respecter vos limites, alors vous pourrez beaucoup mieux vous ouvrir aux aspirations, aux valeurs et aux choix de vie des personnes qui vous entourent.
Sophie Grosjean Formatrice certifiée en Communication Non-violente, médiatrice, coach et auteure.