Entretien accordé par le président Danièl Brillet à la Dépêche du Midi

Publié le 18/03/2018 à 03:53, Mis à jour le 18/03/2018 à 09:17

Daniel Brillet: «Un président n'est pas le propriétaire de son association»

Il y a eu le déménagement de quelques dizaines de mètres. Du musée à la maison des sociétés. Puis l'envie constante de faire bouger les lignes au service de l'histoire locale a fait le reste. L'arrivée de Daniel Brillet, guide-conférencier et historien, aux commandes de la Société des amis de Villefranche et du Bas Rouergue, s'inscrit dans ce mouvement. «Nous devons peser, explique-t-il, de tout notre poids dans la sauvegarde du patrimoine et aussi des ouvrages ; c'est ce que nous avons déjà fait au niveau de la chartreuse, comme du retable des Pénitents, et c'est ce vers quoi nous continuerons d'agir avec un aspect d'expertise qui perdurera.» Pour lui, l'accès à la présidence de la société savante s'inscrit dans le prolongement de son activité. «Je succède à de grands noms, apprécie Daniel Brillet, notant : «D'autant que les historiens n'ont pas été aussi nombreux que cela à la présidence de la société». Les compétences humaines sont là. Les projets aussi. Bien installés dans son nouvel espace - «même si cela entraîne une rupture dans la tradition de la présence des Amis de Villefranche au musée Urbain-Cabrol où se trouvent nos collections, dont il n'est jamais simple de s'éloigner», l'entité reste plus que jamais à l'écoute des chercheurs auxquels, chaque mercredi, une pièce est dévolue. Daniel Brillet n'étant pas homme à enfermer ses convictions dans un quelconque carcan, il s'empresse de préciser : «Je tiens à rappeler que les archives et les collections sont notre propriété, même si le musée est géré par convention, par une commission paritaire composée d'élus municipaux et de membres de la société, se réunissant, en principe, deux fois par an.» Et donc pas question pour le nouveau président de laisser les collections à la collectivité en échange d'un quelconque hébergement.

«Ces ouvrages et ces archives rares sont notre capital, et c'est ce qui fait notre notoriété», tranche le président.

Il rappelle aussi que si «le président est le mandataire de l'association, il n'en est en rien le propriétaire». D'où sa propension à penser que «les missions que nous allons définir ensemble ne pourront être menées à bien qu'avec l'aide de tous pour aborder cette nouvelle période, sans oublier nos fondamentaux». Daniel Brillet compte bien que les assemblées générales à venir servent aussi de forum d'échanges qui «seront l'occasion pour tous d'«exprimer leurs avis et leurs critiques». Dans cet état d'esprit, il appuie : «J'ai pris pleinement conscience des enjeux économiques et patrimoniaux dans lesquels notre société a su se rendre indispensable pour son expertise, et je ferai mon possible pour incarner les projets de notre association.»

Jean-Paul Couffin

28 avril : Inauguration. La Société des amis de Villefranche et du bas Rouergue inaugurera ses nouveaux locaux samedi 28 avril prochain, à la maison des sociétés, place Bernard-Lhez.

"On possède dans nos archives des documents d'une incroyable rareté…"

« On possède dans nos archives des documents d'une incroyable rareté», assure Daniel Brillet en mentionnant cette «fameuse» lettre patente de la fin du XVe siècle remontant à la création de la bastide et qui attise bien des convoitises…"

Et l'historien qu'il est de rappeler : «Quand un roi arrivait au pouvoir, il confirmait par lettre patente tous les privilèges d'une cité. En l'occurrence cette missive était rédigée en trois exemplaires. Un destiné au parlement de Toulouse, un autre aux services royaux et la troisième aux utilisateurs de la ville de Villefranche.» Dans ses annales, Cabrol évoque même une armoire en fer destinée à conserver ces documents, installée dans la sacristie de la collégiale. «Elle n'existe plus aujourd'hui», regrette Daniel Brillet. Il reconnaît cependant qu'il s'agit là «d'un document prépondérant portant sur l'histoire de la commune». Et selon ses dires, ce ne serait pas le seul. Autant d'éléments que les bénévoles de la Société, tels des gardiens du temple, entendent bien préserver.

Dans cette optique, il rappelle que la Société des amis de Villefranche entend bien poursuivre la mission d'édition qui est la sienne, en sortant un numéro de mémoire annuel (comme celui paru en ce début d'année intitulé «Pages d'Histoire du Bas Rouergue»*). Il ne se prive pas d'ailleurs, à l'heure d'intercommunalités élargies, pour mettre en exergue le Bas Rouergue : «Notre désir est bien de rattacher cette notion de manière plus forte dans nos recherches, nos écrits et nos actions.»

Pages d’Histoire du bas Rouergue » (2017) avec au sommaire « La Véritable Histoire de la reine Marguerite de Valois », « Du courage et du pinard, l’alcool dans les tranchées 1914-1918 », « La Vie extraordinaire de Châteauvieux, écrivain villefranchois inconnu, 1770-1817-1833 », « Notice historique de la paroisse de Sainte-Croix ».

 Vendu 24 €.

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